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injufte le tort refte à celui qui l'a. (Sentence). Hélas! ta pauvre mère m'avoit tant promis que tu lui reffemblerois. (Infinuation). Que diroit-elle ? que dit-elle? car elle voit ce qui fe paffe. (Evocation.) Oui, j'espère qu'elle m'écoute, & je l'entends qui te reproche de me rendre fi malheureux. Ah! mon pauvre gendre, dit-, elle, tu méritois un meilleur fort. (Profopopée) ».

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Telle eft la Rhétorique du Savetier; & Démofthenes ni Ciceron dit M. Marmontel, n'en fçavoient pas davantage: c'èft par cette réflexion que finit la Comédie. A Moliere; à Moliere. Je n'ai pas le courage d'aller plus loin. Il faut cependant que je vous faffe part d'une crainte que j'ai éprouvée en trouvant çà & là, dans ces Elémens, des citations de Racine, J'ai peur que M. Marmontel qui s'eft déjà effayé à corriger Quinaut, n'ait eu aufli la tentation de nous donner une nouvelle édition de Racine, avec des corrections & des changemens de fa façon. Voyez de quelle manière il cite ces vers tirés des reproches d'Hermione à Pyrrhus : Ον

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Pour plaire à votre époufe, il vous faudroit peut-être

Prodiguer les doux noms de parjure & de traître.

Votre grand caur fans doute attend après mes pleurs,

Pour aller dans fes bras jouir de mes douleurs, Chargé de tant d'honneur, il veut qu'on le

renvoie,

en un jour, ce feroit

Mais, Seigneur, en un jour

trop de joie.

"Affurément Defpréaux n'auroit pas fouffert que fon ami láifsât d'auffi mauvais vers dans fon Andromaque; & nous ignorons pourquoi M. Marmontel, qui donne des leçons de goût à Defpréaux, s'eft avifé d'altérer fi maufladement le texte de Racine. Voici comment ces vers fe lifent dans toutes les bonnes éditions :

Vous veniez de mon front obferver la pâleur,

Pour aller dans fes bras rire de ma douleur? Pleurante après fon char vous voulez qu'on me voie ;

Mais, Seigneur, &c.

Je vous ai fait voir, quoique d'une manière très-fuccincte & très-abrégée, relativement au grand nombre d'erreurs & de bizarreries accumulées dans ce dictionnaire de littérature; Vous avez vu dis-je, comment M. Marmontel raisonne fauffement fur des matières qu'il n'a pas approfondies, & qu'il envifage fous un faux jour; comme il juge defpotiquement les grands maîtres, & leurs principes & leurs chef-d'œuvres; comme il plaifante ridiculement, & sème fes leçons académiques de quolibets, de facéties & de petits contes bourgeois; comment enfin il fe met comiquement en colère, & dit de groffes injures à ceux qui ne font pas de fon avis. On peut conclure de tout cela que le mauvais goût, le mauvais raisonnement, la mauvaise plaifanterie & la mauvaise humeur font les quatre principaux Elémens qui ont fervi à la compofition de cet ouvrage,'

Je fuis, &c.

SPECTACLES.

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ES Étourdis

pofé,

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ou le Mort fup Comédie en 3 Actes & en vers, représentée sur le Théâtre Italien, Vendredi 14 de ce mois.

t

Deux jeunes gens, fort étourdis il eft vrai, fe trouvent noyés de dettes, & après avoir épuisé tous les moyens poffibles de fe procurer de Fargent, l'un d'eux, Folleville ima gine un expédient bizarre, un peu lefte, mais que vous pardonnerez, Monfieur, en faveur des fituations & des détails piquans qu'il amène. If fuppofe que fon ami, Daiglemont, est mort; il annonce cette trifte nouvelle à l'Intendant de fon oncle, & joint à fa lettre, la note des frais de médecin, d'enterrement, &c. L'Intendant, crédule, envoye à Folleville mille écus, lui fait mille remercimens, & promet de venir bientôt lui-même à Paris, pour fatisfaire les créanciers du défunt: tout cela, Monfieur, est

prefque dans la première fcène : feu lement elle eft coupée par la réception de la lettre & du billet de mille écus, ce qui rend l'expofition plus vive & plus piquante. Folleville fort & va toucher les mille écus. Daiglemont s'ac cupe du foin de vérifier fes papiers, & d'écrire à fes créanciers : il menace fur-tout l'un d'eux, Jourdain, de revenir lui tordre le cou, s'il ne fe contente de la moitié mais quel contre-temps !l'oncle lui-même arrive, accompagné de fa fille, amante chérie de Daiglemont, destinée depuis longtemps à être fon épouse. Le neveu fe cache. Notez qu'il eft dans l'hôtel, fous le nom de Derbin, & connu comme ami de Folleville. L'hôteffe, eurieufe affez plaifante, queftionne beaucoup l'oncle, effaye mais en vain, de confoler l'inconfolable Julie, puis fourit aux fleurettes que lui conte Def champs, valet des jeunes gens; cette dernière fcène fur-tout eft piquante : c'eft un mélange tout-à-fait plaifant de douceurs & de queftions intéreffées : quel bonheur, dit-il, nous allons goûter!.....

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