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annonce aujourd'hui, Monfieur, a pour objets, 19. les expériences de M. Migneron fur le bois bouilli; celles de M. Telles d'Acofta pour connoître la force de dix-huit efpèces de bois, foit dans leur état naturel, foit amé liorés fuivant le procédé inventé par M. Migneron, 2°. de nouveaux moyens propofés par l'Auteur, pour l'approvifionnement de bois & de charbon pour le chauffage de Paris; 3°. les peupliers, leur culture, les qualités qui rendent ces arbres recommandables dans un temps où la progreffion alarmante de la confommation des combuftibles, doit porter à la recherche de tout ce qui eft de nature à y pourvoir promptement.

Ces vues patriotiques de M. Telles Acofta méritent trop l'attention des Administrateurs; elles intéreffent trop les propriétaires, les armateurs, les artiftes, la marine, l'état en général & la précieufe claffe des confommąteurs qui retranchent de leur pain, ce qu'ils dépenfent en bois ou en charbon, pour que le journaliste citoyen ne concoure avec plaisir à les faire connoître

connoître. Cent pages de faits, d'expérience, de réflexions fimples & claires, ne valent-elles pas mieux que les volumineufes & foporifiques differtations de prétendus philofophes qui n'écrivent fi prolixement fur tout, que, parce qu'ils ne favent tien? La chaudière de l'ingénieux M Migneron fera peut-être un jour d'un grand poids dans la balance du commerce, peut-être même dans la balance politique, en diminuant de beaucoup l'exportation du numéraire national en augmentant la force réelle de notre marine, en temps en temps de guerre, de plufieurs milliers de matelots employés à l'importation des bois de l'étranger, 8: de vaiffeaux qui ferviront à combattre au lieu de former ou de protéger des convois.

Voici, Monfieur, le résultat des expériences que cet Artifte laborieux a faires avec un zèle, une conftance, des frais, une invention de procédés, qui ferolent honneur à un Phyficien, quand même le iuccès ne les auroit pas Couronnées.

1°. Que les bois d'orme, de chêne, N°. 52. 25 Décembre 1787, R

de hêtre, de frêne & de noyer acquièrent divers degrés d'amélioration, de force & de dureté, lorsqu'ils font, pour user de l'expreffion de l'Auteur, ébullis à l'eau préparée, suivant la méthode de M. Migneron. M M. les Commiffaires de l'Académie des Sciences ont reconnu que ces bois acquéroient depuis 150, jufqu'à 1800 livres de force. Dans le tableau d'une feconde expérience faite fous leurs yeux, le trois juillet 1781, tels de ces bois, de pareille efpèce, d'égales dimenfions, ont caffé, l'un fous le poids de 650 livres, il n'étoit pas ébulli; & l'autre, ébulli, fous le poids de 2571 livres ; différence fi confidé: able que, fi elle n'étoit affirmée plus d'une fois, on feroit tenté de croire que c'eft une faute d'impreffion.

2°. Que l'orme & le chêne, ébullis à l'eau pure, comme cela fe pratique en Angleterre, perdent de leur force & de leur qualité; qu'ainfi on auroit tort de continuer à courber & amollir ces bois par la chaleur des étuves & des bains de fable, les bois ainfi préparés perdant un quart de leur force,

3°. Qu'il y auroit un très-grand avantage à tirer des bois durcis & courbés fuivant la méthode de M, Migneron, pour la conftruction des arches d'une grande ouverture, ou des voûtes & dômes, & pour les vaiffeaux; que la folidité est à peu-près doublée par ces deux moyens combinés, ce qui réduit d'autant la confommation & la dépense.

4°. Que les bois durcis par ce procédé, font auffi plus durables, l'eau préparée faifant fortir des pores des bois verts, la fève qui dans l'arbre coupé devient l'aliment des vers, ou du moins amollit les dernières couches, & y cause une fermentation qui développe les germes de ces infectes, principe d'une deftruction prompte & ruineuse, ainfi que l'ont prouvé les poutres de l'école militaire &, en dernier lieu, celles du garde meuble du Roi. Je tranfcris ici l'obfervation de M. Telèls d'Acofta.

Les Ruffes laiffent, dit-on, le bois dans l'eau pendant quelques jours, & l'expofent enfuite à la gelée, & ils penfent que cette forte de trempe le

durcit & le fortifie. Les Anglois qui n'épargnent rien pour faire des découveres utiles, ont conftruit un vaisseau de 74 canons, & une frégate avec des bois imprégnés d'une liqueur falée, Ils ont cru que le goudron trouvé dans le charbon de terre par le Docteur Dondouald, préferveroit le bois de la vermoulure. Ces moyens n'ayant pas répondu à ce qu'on en efpéroit, on a enduit le bois de quelques vaiffeaux d'un ingrédient appellé Chinam; on en a conftruit d'autres avec un bois tiré des Indes Orientales. Ces tentatives prouvent l'extrême importance de ce qu'on cherche, & l'eau préparée de M. Migneron promet des avantages plus sûrs & moins difpendieux.

Il n'eft point de confommation que les mœurs actuelles aient plus augmentée, aient rendue plus onéreufe & plus indifpenfable, que celle du bois de chauffage. Nos penfeurs feront fort furpris de me voir citer les mœurs à propos de bois. Tout le tient, & les vices & les malheurs ont entr'eux les rapports de caules & d'effets. Les fages

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