leurs richeffes, ils feront les plus malheureux de tous les hommes. » Je conviens qu'un fanglier, un gâteau font de fort bonnes chofes, « & font grand plaifir au moment » où on les mange; mais quand ils » font dans l'eftomac, cela est tout » différent. Il ne faut pas oublier que » vous autres pauvres, n'êtes point exposés à vous relever le lendemain » matin avec le mal de tête de l'ivreffe, » avec les rapports défagréables d'une » mauvaise digeftion. En fortant de table avec ces fruits certains des grands repas, les riches paffent » encore la plus grande partie des » nuits entre les bras des femmes, ou >> ils fe vautrent dans mille autres » débauches que leur fuggère leur » lubricité, & qui amènent à leur » fuite les fièvres lentes, la pulmo» nie & l'hydropifie. En voyez-vous » un feul d'entr'eux qui ne foit pâle » comme la mort, & qu'on ne puiffe appeller un cadavre ambulant? Si » par hafard quelqu'un d'eux parvient à la vieilleffe, lui eft -il poffible de fe foutenir fur fes jambes, & lui » faut-il moins de quatre efclaves » pour le porter fur leurs épaules? » C'est un perfonnage tout d'or en » apparence, mais qui n'eft intérieu »rement compofé que de vieux lambeaux, de pièces & de futures, » comme les habits de théâtre. D כל Ajoutez que l'habitude de fe gorger tous les jours de mets ex» quis, fait qu'on n'y trouve plus le » même plaifir. Auffi verrez-vous quelquefois les riches auffi avides » de poireaux & d'autres légumes, » que vous l'êtes vous-mêmes de leurs lièvres & de leurs fangliers. » Je ne vous parlerai point des autres tourmens de leur vie; c'eft leur fils qui donne dans le libertinage, » c'eft leur femme qui aime un efclave, »c'eft une Maîtreffe qui leur eft plus » attachée par intérêt que par amour. » En un mot, il eft une infinité de >> chofes que vous ne voyez qu'en »beau; tout paroît or, & pourpre » à vos yeux fafcinés. Rencontrez» vous un riche traîné par un brillant »attelage de chevaux blancs? vous » demeurez ftupéfaits, & vous êtes » prêts à vous profterner devant lui. Si vous fçaviez apprécier tout cela » & le méprifer, le char d'or ne vous » feroit point détourner la vue; en >> converfant avec un Grand, vous »'auriez point l'œil fixé fur le bril»lant qu'il porte au doigt, la molleffe » recherchée de fes habillemens ne » vous plongeroit point dans une ftupide admiration. Laiffez les mil»lionnaires être riches pour eux » feuls, & foyez fürs qu'ils viendront » bientôt au devant de vous, pour » vous prier de partager leur repas, » & pour étaler à vos yeux leurs » lits, leurs tables, leurs vafes & » leurs coupes, toutes chofes dont la jouiffance eft abfolument nulle, » quand on les possède fans témoins. Dans les trois volumes que M. l'Abbé Maffieu a publiés, il y a quelques années, le public avoit remarqué un ftyle trop grave, trop pompeux, trop périodique, abfolument contraire au ton badin de l'original. Le Traducteur a profité des critiques; il a mis dans fa manière plus de fimplicité, de légèreté & d'aifance; mais en voulant tranfporter en François les graces & l'enjouement de Lucien, il n'a pas toujours heureufement faifi la nuance qui diftingue le familier d'avec le trivial, & la facilité d'avec la négligence. Ces défauts n'empêchent pas que cette traduction ne foit très-eftimable & ne faffe beaucoup d'honneur aux talens & à l'érudition de M. l'Abbé Maffieu; elle doit être préférée à tous égards, à celle de Dablancour, qui mutile impitoyablement fon Auteur, & dont le langage a vieilli. Je fuis, &c. LETTRE IV. Panegyrique de S.Vincent-de-Paul, Inftituteur de la Congrégation de la Miffion & des Filles de la Charité, Fondaseur des Hôpitaux pour les EnfansTrouvés; prononcé dans l'Eglife de St. Lazare, le 19 Juillet 1785, & le Dimanche dans l'Octave, dans celle des Invalides; dans l'Eglife du premier Monaftère de la Vifitation, rue St. Antoine, le 23 Juillet 2786; aux Enfans Trouvés, Fauxbourg St. Antoine, le 22 Juillet 1787; par M. l'Abbé de Saint-Martin, Confeiller au Châtelet, avec ceue Epigraphe, tirée de Lucain: Nil actum reputans, dùm quid fupereffet agendum. A Paris, chez Merigot le jeune, Libraire, quai des Auguftins, au coin de la rue Pavée. E nom de St. Vincent-de-Paul, obferve très bien M. l'Abbé de |