Saint Martin, eft devenu fi célèbre depuis plufieurs années, qu'il n'eft pas moins connu des gens du monde que ceux des plus grands Héros & des plus grands Ecrivains qu'a produits notre Nation. I.es Philofophes s'accordent avec les plus zélés partifans de la Religion pour admirer fes vertus. Les uns voyent dans ce grand homme, le bienfaiteur de l'humanité; les autres le révèrent avec plus de raifon, comme un de ces inftrumens dont Dieu fe fert de temps en temps pour faire éclater les merveilles de fa grace & de fa miféricorde envers les hommes.

C'eft fous ce point de vue que fon éloquent Panégyrifte s'eft plu à le confidérer; & le tableau vif & rapide qu'il trace de l'infatigable activité de ce pieux & faint perfonnage, eft peut-être ce qu'on peut opposer de plus fort à cette bienfaifance ftérile fi vantée de nos jours, & qu'on voudroit fubftituer à la charité chrétiene fans naiffance, fans fortune, » fans dignité, Vincent s'éleva par l'empire feul de fes vertus.... &

> il fit plus de bien en un jour, que » tous les Philofophies n'en pourront jamais faire, quoiqu'ils prétendent »ne parler, n'écrire & n'agir que pour le bien de l'humanité. »

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En nous montrant donc dans fon Héros, d'un côté, le modèle du Sacerdoce; & de l'autre, celui du véritable patriotifine, l'Orateur trouve par-tout le moyen de lier l'éloge de la Religion à celui de St. Vincent, & de faire voir qu'elle feule peut opérer les prodiges que nous admirons dans la vie de ce grand homme.

Les pauvres, les malheureux furent, pour ainfi dire, les feuls & véritables objets de la tendreffe & de la charité de S. Vincent. C'est à les inftruire, c'est à les foulager qu'il confacra particuliérement les foins & fes travaux. A peine élevé au Sacerdoce, on le voit parcourir les campagnes, inftruire leurs habitans des vérités de la Foi, vifiter les malades, confoler les affligés, appaifer les inimitiés, entretenir la paix, faire fleurir les bonnes mœurs & vivre au milieu de tous, comme un père au milieu de

fes enfans: « La Picardie, la Champagne, la Bourgogne ont déjà ref>> fenti les effets bienfaisans de ce zèle » dévorant, & leurs peuples bénissant » les traces de ses pas, en font devenus » plus chers à fon cœur. Oh! s'il pou» voit déchirer le voile d'ignorance qui

couvre les campagnes d'une extrê »mité de la France à l'autre ! Mais » il eft feul..... & qu'eft-ce qu'un » feul homme, pour une moisson fi » abondante? »

C'eft pour feconder fes grands deffeins, que Vincent établit à cette époque la Congrégation de la Miffion, qu'il deftina uniquement à porter les lumières de la Religion dans les campagnes, & chez les peuples infidèles. Il faut lire dans le Difcours même de M. l'Abbé de Saint-Martin, la defcription des biens immenfes qu'a produits pour l'Eglife, pour l'efprit & la fcience de la Religion, cette utile Inftitution.

O! mes frères, qui pourra digne»ment célèbrer les biens innombra»bles qu'ont produits ces zélés Mif» fionnaires dans le cours de leur

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>> ministère ? des peuples inftruits & » renouvellés dans la foi ; des fcan» dales publics accrédités par l'ufage, » arrachés du milieu des fidèles ; des » procès terminés au nom de JésusChrift, l'auteur de toute paix ; des familles entières s'embraffant, fe » jurant aux pieds des Autels une » amitié éternelle; des hommes géné»reux facrifiant le fruitdeleurs utiles » travaux au foulagement des pau»vres; des fonds confidérables confacrés à l'éducation publique ; des peuples affis dans les ombres de la mort, éclairés du flambeau célefte de l'Evangile; des efclaves infortunés » rendus à leur patrie : & dans tous » les lieux où ont paffé ces Héros de » la Foi, ces amis de l'humanité, » des Chrétiens, des Hérétiques, des » Infidèles même, accompagnant au » lieu de leur fépulture, ces victimes » honorables d'un zèle pur, d'une

charité ardente, arrofant leurs tom»bes des farmes de la reconnoiffance. Tel eft, mes frères le touchant fpectacle que donnent à la terre les » difciples, les enfans de Vincent-de

Paul, O! mon Dieu! fi tous vos » Miniftres étoient animés du même efprit de zèle, il n'y auroit plus d'ennemis de votre nom, de votre » gloire ! »

C'eft ce même efprit de charité, & d'amour envers les pauvres, qui a présidé à tous les autres établissemens de St. Vincent. L'Institution des Filles de la Charité, de l' Affemblée des Dames, des Enfans Trouvés ; fon zèle pour adoucir le fort des forçats & prisonniers, la part qu'il eut à l'établiffement de l'Hôpital - Général; tout annonce dans ce grand homme, le véritable modèle du patriote, l'ami des infortunés, le bienfaiteur de l'humanité. Chacune de ces parties forme dans le Difcours de fon Panégyrifte, autant de tableaux différens qui attendriffent l'ame & pénètrent le cœur. Dans le nombre de ces morceaux également intéreffants, je me contenterai de vous citer celui où il s'agit des forçats & prifonniers.

« Il eft une espèce d'hommes, que les crimes ont rendu les objets de »-l'anathême public, que la juftice hu