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» maine, en leur laiffant la vie, conserve » cependant pour fervir d'exemple à » ceux qui feroient tentés de faire le » mal,& que la terre qu'ils ont infectée » femble repouffer de fon fein, fur » un autre élèment. Vincent-de-Paul, » à la vue de ces malheureux, se sent » ému d'attendriffement; il vole fur

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leurs prifons flottantes, partage avec >> eux leurs maux, leurs larmes, leurs »fers; fait luire l'efpérance dans des » cœurs abattus par le défefpoir, & » dans ces ames defféchées par le remords & la douleur, fait defcendre » les douces confolations que la Religion feule puiffe offrir aux mal» heureux. De retour dans la Capi» tale, il appelle auprès de lui les » hommes fenfibles d'Ifraël. Son cri » eft celui de la charité. A cette >> voix touchante, les cœurs les plus durs font brifés, des fecours abon» dans font affurés aux forçats, & >> lui-même retourne leur apprendre » qu'il eft encore des homme's compatiffans, qui les regardent comme leurs frères. Le premier il procure » dans cette Capitale, un afyle à ces

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» hommes flétris par la juftice; & >> tandis que Paris voit confacrer ce » monument charitable, Marfeille » par les foins de Vincent-de-Paul » offre aux forçats un Hôpital vafte » & commode, où ils viendront puifer, dans le fein de leurs conci>toyens, des fecours dont la priva. >>`tion augmentoit encore le poids de

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leur cruelle exiftence. Sa charité » s'étend à tous ceux fur la tête defquels les loix ont appefanti leur glaive. Il parcourt toutes les prifons arrofe de fes larmes les » chaînes qui pèfent fur les malheu»reux dans l'horreur des cachots ; & » fr fes vœux ardens pour foulager » leur fort, ne font pas entièrement » exaucés, ah ! du moins le zèle de » fa charité conduira des ames compa» tiffantes à vifiter les victimes infor» tunées qui les habitent..

C'eft avec ces traits pleins d'ame & de feu, que M. l'Abbé de SaintMartin peint le zèle & l'ardeur qui animoient St. Vincent-de-Paul. On voit par tout un Orateur pénétré de la grandeur de fon fujet, & qui

s'élève par la force & la nobleffe de fon ftyle, & fur-tout par l'onction du fentiment, à la fublimité des objets dont il entretient fes Auditeurs.

Les notes qui accompagnent ce Difcours, n'intéreffent pas moins que le Difcours même. Les unes font inftructives, & jettent le plus grand jour fur des objets que la forme oratoire ne permet pas d'expofer dans un détail affez circonftancié. D'autres renferment des vues utiles & dignes. du Panégyrifte d'un Saint qui a opéré tant de bien pendant fa vie. Quelquesunes font relatives au genre d'éloquence, dans lequel l'Orateur s'eft exercé jufqu'ici avec tant de fuccès. Vous applaudirez fans doute, Monfieur, aux réflexions fi judicieufes que préfente le morceau que je vais vous citer.

"On a beaucoup écrit dans ce fiécle fur l'éloquence de la chaire, & » cependant tous ces traités nous ont » donné bien peu de bons Orateurs: en vain en attribueroit on la caufe au goût du fiécle, auquel on eft forcé de fe conformer, fi l'on veut faire

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» quelque fruit, & attirer autour des » chaires évangéliques, la multitude. » Pour moi, qui connois toute l'illu» fion de ce vain prétexte, je ne puis » m'empêcher d'en voir l'origine dans le peu d'études que font des chef» d'œuvres des anciens, les Orateurs » de nos jours, & dans la précipita» tion avec laquelle ils courent après » une réputation prefque toujours éphémère...

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»Tout l'art de la chaire confifte »en portraits, en déclamations, en vains efforts de l'imagination & de l'efprit. Point de variété dans les » idées, de chaleur & de mouvement » dans le ftyle...... On a fouvent moins » en vue de compofer un difcours » chrétien, qu'un difcours académi

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que; & encore moins d'inftruire » l'affemblée des fidèles dans les Temples de la Religion, que de plaire à » une poignée d'hommes d'efprit dans » une affemblée profane. Et peut-il en » être autrement, lorfqu'on voit tant de jeunes gens courir avec ardeur » après la renommée, prétendre cueillir, dès l'entrée de la carrière, des

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» lauriers, référvés pour les Orateurs » confommés, & enlever à ceux aux» quels leur âge, leurs vertus, leur » doctrine fembleroient devoir faire » confier le dépôt facré d'inftruire les » Grands & les Souverains cette » marque diflinctive d'honneur qui » devroit être la récompenfe des talens » long-temps éprouvés.

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» Pour remplir cette fonction hono rable du miniftère, on cabale, on » s'intrigue, on met en jeu toutes les protections, comme s'il s'agiffoit » d'une place purement lucrative, &

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qui n'exigeât aucun travail. Les pre» miers Difcours que l'on compole, » n'ont pour but que les Grands & ≫ la Cour. On n'a point encore essayé » fes forces, & déjà on s'eft transporté » en idée, au milieu du plus impofant » de tous les auditoires, & on a tracé » des leçons aux Miniftres & aux dépofitaires de l'autorité. On ne » daigne plus même fe propofer pour » but d'inftruction ces matières fi no»bles & fi touchantes qui faifoient » les objets des Prédicateurs du fiècle » dernier. Il étoit réservé au nôtre de

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