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sana couleur, et recouvrant toutes les beautés de la Bible d'un uniforme et insipide vernis. Mais c'est contre les gravures que nous avons des plaintes sérieuses à former; plaintes, non pas d'artiste ou d'amateur, mais de père de famille et de Chrétien.' On a soigneusement choisi dans l'ancien Testament, pour les retracer de préférence, et de la manière la plus inconvenante, tous les traits de nature à altérer l'innocence des enfans. Il est environ un dixième des 130 gravures déjà publiées, qu'une mère chrétienne ne laissera jamais voir aux siens, et sur lesquelles' elle-même n'arrêtera ses regards qu'avec répugnance. Du reste, quant aux premiers artistes de Paris et de Londres qui (suivant l'affiche) les ont gravées d'après les meilleurs maîtres, on sait ce que cela veut dire en style de prospectus. Ce sont au vrai des estampes d'un dessin détestable, où il n'y a aucune vérité de localité ni de costume, aucune utilité archéologique, mais qui sont, composées avec un certain esprit, et gravées sur acier avec quelque entente de l'effet; celles au moins qui par leur nature ont le plus réveillé l'émulation de l'artiste. On peut deviner par ce qui précède, quels sont les sujets qui ont ainsi obtenu la préférence de son talent.

L'ouvrage est à la 130o livraison, et l'ancien Testament n'est pas fini. Il y en aura donc au moins 200, ce qui avec les frais de port, diminue singulièrement l'apparent bon marché de ce livre.

La sainte Bible en latin et en français, traduction de Lemaistre de Sacy, revue et corrigée d'après celle de Vence (avec tables, dictionnaires, etc.), 13 gros vol. grand in-8, et 64 gravures d'après Dévéria, P,

Nous avons encore ici la version de Sacy, mais accompagnée du latin de la Vulgate et de divers petits dictionnaires étymolo gique, archéologique et géographique. C'est un ouvrage destiné aux amateurs éclairés, principalement au clergé riche et savant. L'édition ne s'étant pas écoulée à ce qu'il paraît, par suite de son prix élevé, ou simplement peut-être faute d'à-propos dans le

moment, ou de charlatanisme dans le prospectus, l'éditeur s'y prend d'une autre manière, et réduisant les prix, essaie de débiter l'ouvrage par livraisons hebdomadaires d'un demi-volume, chacune à 3 francs. Cela fait revenir l'ouvrage entier à 78 francs, c'est à-dire, un tiers en sus de ce que coûtera le précédent. Mais celui-ci, plus complet et plus utile, sera encore supérieur sans nul doute pour l'impression du texte, le choix et l'exécution des gravures et la nature du papier. Au reste, nous n'avons aucune divraison sous les yeux.

La sainte Bible, traduction de M. de Genoude, nouvelle édition publiée sous les auspicès du clergé de France, et dirigée par les soins de M. l'abbé Juste, etc. Paris, Pourrat frères.

C'est encore ici une Bible publiée feuille à feuille et dans le format in-4. Il paraît, je crois, une livraison par semaine, et le prix est de 6 fr. 50 c. par an. Cela portera la durée de la publication complète, de 4 à 5 ans, et le prix aux environs de 30 fr, Dans le texte assez gros et passablement imprimé, sont interca lées de nombreuses vignettes en bois, fort médiocres, mais choi ́sies et dirigées d'une manière convenable. La version de M. de Genoude n'est point aussi connue qu'elle le mériterait, et nous souhaitons que cette édition la fasse davantage lire et employer. Elle a dú nerf, de la couleur, de l'élégance, elle est fidèle au caractère biblique. Seulement on peut lui reprocher, pour le fond, de suivre souvent la Vulgate plus que l'hébreu, pour la forme, de donner quelquefois, par. ses efforts mêmes pour retracer les couleurs bibliques, quelque chose de tendu et de peu naturel au style. Cette entreprise est sous la direction du clergé, et a l'autorisation spéciale de l'archevêque de Paris. Par celà même elle présente plus de garanties.

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L'avis des éditeurs placé en tête, tire de cette circonstance une importance particulière. Or il renferme des choses don't nous devons prendre acte, comme d'un heureux progrès dans l'Église gallicane. Il est destiné à établir d'après les faits anciens, que tous les Chrétiens lisaient jadis la Bible en langue vulgaire;

et d'après la situation moderne, qu'il importe maintenant de la répandre pour faire tomber les objections de l'incrédulité. A cet aveu qui nous réjouit, les éditeurs ajoutent une remarque sur les sociétés bibliques, qui nous afflige d'autant plus, qu'en France, du moins, elle est fondée, quoique, vu le mandat de ces sociétés, on ne puisse leur en faire un reproche : « Elles livrent l'Ecri«<ture au peuple, disent-ils, dans des traductions sans chaleur, « où l'on ne trouve ni la grâce, ni l'énergie, ni la magnificence « du texte sacré. Publier une traduction de l'Ecriture, qui en << conserve l'esprit dans un langage tout-à-fait pur, est donc une entreprise appropriée à ce temps-ci. » La conclusion est juste, mais ne s'appliquerait pas seulement à l'Eglise romaine.

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-Musée religieux, ou choix des plus beaux tableaux des peintres les plus célèbres; gravés à l'eau forte sur acier par Réveil, Recueillis, mis en ordre et accompagnés de notices historiques par un ecclésiastique du clergé de Paris. Chez Hivert, libraire. 300 gravures en 100 livraisons, formant 4 volumes petit in-8, sur vélin. Une livraison par semaine. Prix de chacune, 15 centimes..

Quoique cette publication-ci soit tout autre chose qu'une édition de la Bible, et de plus mêle nécessairement à quelques traits épars de l'histoire sainte, prodigieusement d'élémens douteux, profanes et tout humains, elle vaut la peine d'être mentionnée, car elle n'est dépourvue ni de mérite ni d'intérêt. Il suffira de dire à son éloge que c'est une entreprise de bonne foi, et que le prospectus ne ment ni n'exagère. L'ouvrage est à peu près à la 70° livraison, et les gravures sont toujours aussi soignées et d'un dessin aussi pur. On aura pour 15 ou 18 francs une charmante petite collection, retraçant d'une manière exacte et agréable 300 tableaux religieux, choisis sur toutes les galeries de l'Europe. Les notices sont très-courtes; aucune n'excède la page. Elles s'étendent autant, en général, sur le trait représenté que sur le peintre ou son œuvre. L'écrivain semble avoir voulu saisir cette occasion de produire une impression religieuse sur les lecteurs, ou du moins avoir cherché à prévenir leurs objections. Remarquons à sa louange, qu'il est quelquefois le premier à repousser certaines légendes fabuleuses consacrées dans les tableaux qu'il décrit. Je ne saurais guère reprocher à cette entreprise, que de trahir peut-être de loin en loin une petite tendance politique, non dans le texte des notices, toujours fort mesurées, mais dans le choix des tableaux. Il serait malaisé de comprendre, par exemple, pourquoi le sacre de Charles X figurerait dans cette collection, n'était quelque malin plaisir à faire remarquer Louis-Philippe sur les marches du trône.

C. f.

IMPRIMERIE A. L. VIGNIER, MAISON DE LA POSTE.

LE PROTESTANT DE GENÈVE.

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No 3.1 JUILLET 1835.

1. Coup d'eil sur la Réformation.

Extrait du mémoire historique sur Farel, Viret et Froment, présenté par M. le proposant Jaquemot au concours ouvert sur ce sujet dans l'auditoire de théologie.

Des trois mémoires sur la question historique, récemment couronnés par la Vénérable Compagnie, nous apprenons avec plaisir que le premier, celui de M. Chenevière fils, a été livré à l'impression, et ne tardera pas à être publié, en sorte qu'il serait inopportun d'en donner ici une connaissance incomplète et prématurée. Quant aux deux autres, nous espérons être autorisés par leurs auteurs, MM. Jaquemot et Le Fort, à en reproduire quelques fragmens dans nos feuilles. Et déjà aujourd'hui nous pouvons offrir à nos lecteurs le morceau qui sert d'introduction au travail consciencieux de M. Jaquemot. Ce coup d'œil général sur la Réformation joint au mérite du fond celui de l'à-propos, dans le temps où nous sommes.

« La Réformation en général, soit par sa propre na

TOM. IX.

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ture, soit par l'importance des changemens qu'elle a introduits dans le monde chrétien, est un des événemens les plus remarquables que l'histoire ait jamais offerts à la méditation des hommes. Aussi a-t-elle été l'objet des études d'une foule d'écrivains, philosophes ou littérateurs. Divers jugemens ont été portés sur ce grand acte, suivant le point de vue d'où on l'a considéré. Le Catholique-Romain en gémit comme d'une profonde blessure imprimée au Christianisme. - Le parti opposé en prend sujet de bénir Dieu, comme d'une faveur spéciale de la bonne Providence.

« Assez d'hommes éminens ont traité cette matière dans toute sa profondeur pour que nous nous croyons dispensés d'énumérer ici, une à une, les diverses causes qui ont préparé et amené ce grand résultat, de même que les heureuses conséquences qui en ont découlé pour le genre humain. Sans entrer dans des détails que de plus habiles ont assez développés, nous nous contenterons de présenter quelques réflexions sur l'œuvre que les Réformateurs ont eu à accomplir, sur les obstacles qu'ils ont dû renverser, sur les moyens qui étaient à leur disposition, afin que nous puissions juger de la grandeur de leurs travaux, et des titres qu'ils peuvent avoir à notre admiration et à notre reconnaissance. Voici leur tâche :

« Un être mystérieux que nul ne connaît parfaitement, sinon le Père, posa jadis sur la terre un pied pur et blanc comme la neige, sans craindre de se souiller par le contact de la corruption. Il fonda, d'une main puissante, un monument sublime, dont la base pénétrait jusqu'aux entrailles de la terre, et la cime touchait au firmament, Et quand il eut fait cela, il dit aux habitans de la terre :

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