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Mais aujourd'hui quel éclat de lumière !
Tel qu'un soleil rayonnant de clarté,
Vient proclamer, d'une voix libre et fière,-
La tolérance et la fraternité.

Ils sont passés ces temps du moyen âge
Où le faux zèle, allumant ses flambeaux,
Portait au loin la flamme, le ravage,
Et sur la terre enfantait mille maux.
Chère Genève, ô patrie adoptive,
Séjour de paix et de félicité,
Conserve bien ta marche progressive,
Ta tolérance et ta fraternité.

Dans ce banquet, Protestans, Catholiques,
Forment le vœu de vivre bien unis:
Ils ont bravé les coupables pratiques
Qui s'efforçaient de les rendre ennemis.
Mais qu'en ce jour, le simple Israélite
De cet accord ne soit point rejeté!
Qu'il ait sa part dans le lieu qu'il habite,

De tolérance et de fraternité.

Après avoir cité des vers, qu'il nous soit permis de citer une prose non moins expressive. C'est l'allocution d'une dame dans l'une des premières réunions jubilaires :

Mesdames, mes voisines, mes sœurs en CELUI qui nous a aimées,

Nous connaissons toutes l'origine de ces agapes ou repas chrétiens, et paraissons comprendre que le but de celui-ci est de resserrer encore entre nous les liens fraternels, comme membres de la grande famille humaine, comme enfans de Dieu et filles de la même poussière.

De grands souvenirs se rattachent au sentiment qui nous a

TOM. X.

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conduites dans ces lieux le JUBILE, la REFORMATION; et ces souvenirs eux-mêmes remontent jusqu'à la source de l'amour divin; je veux parler de la naissance du Christianisme; oui, de ce Christianisme auquel nous femmes, sommes redevables de tout ce que nous possédons de bonheur et de priviléges; car c'est lui qui nous a fait croître et grandir aux célestes rayons de la civilisation chrétienne. De si grands bienfaits nous imposent de nobles et graves devoirs le premier est d'avoir toujours les yeux fixés sur ce livre par excellence, où nous trouverons la règle de nos pensées, de nos paroles, de nos actions; là, nous sera révélé plus que la sagesse humaine, car nous y apprendrons à aimer nos ennemis; oui, nos ennemis, sentiment si incompréhensible à l'homme naturel. Nous tournerons sans cesse nos regards vers le céleste Berger, nous gardant toutefois d'imiter ces brebis inquiètes, lesquelles non satisfaites de la pâture que leur offre le vaste enclos qui leur est assigné, vont errer loin du bercail, cherchant une nourriture soi-disant plus succulente. Nous serons, s'il est possible, des femmes chrétiennes, c'est-à-dire humbles, charitables, actives, pleines de support pour le prochain; nous éviterons la funeste manie de nos jours, d'ergoter, de dogmatiser sur les places publiques; car elle dévore le temps et dessèche le cœur. Non, le Christianisme n'est point dans ce vain étalage; il est au fond de l'âme d'où il ne sort qu'avec humilité et pudeur, si j'ose me servir de ce terme. Mais, dans nos demeures, avec nos proches, nos amis, nos voisins, nous lirons, ferons lire et aimer les paroles qui sanctifient et qui rendent sage à salut. Nous visiterons les pauvres; et c'est ici que nos devoirs se classent et se modifient. Les plus fortunées verseront leur surplus dans la coupe ébréchée et vide de la triste indigence; les plus éclairées surveilleront la jeunesse, pour éloigner de ses lectures les poisons qui tuent l'âme, et celles d'entre nous qui n'auront à donner au malheur que la larme de la sympathie, la donneront, cette larme, qui est souvent le plus grand soulagement pour le cœur ulcéré par la souffrance. Nous rechercherons surtout ces indigens qui se taisent et se cachent, pour les serrer sur notre

cœur ami; nous leur parlerons comme à des compagnons de voyage, qui font avec nous le pélerinage vers l'éternité; et, s'il est possible, nous leur ferons donner une meilleure couche dans l'hôtelle-· rie. Les mères surtout redoubleront de soin et de zèle pour l'éducation de leurs enfans, sachant que c'est à la postérité qu'est confié le salut de la patrie; oui, tout son avenir: mères, songez-y! En un mot, nous mettrons toute notre intelligence et notre instinct de femme à mieux servir le bon Maître qui nous a tant aimées; alors il y aura en nous recueillement, prudence et paix de Dieu; nous marcherons courageusement en avant, nous entr'aidant, nous fortifiant par de sages conseils réciproques; mais nous éviterons le bruit, le fracas et tout ce qui donne un démenti à l'esprit de l'Evangile. Nous prierons, oui, nous prierons; car c'est par la prière qu'on devient fort. Puissions-nous, cheminant ainsi main en main, arriver, sans terreur ni regrets, à cette redoutable porte, placée là tout près sur notre passage *, et lorsqu'on y frappera pour déposer notre dépouille terrestre, puisse la croix, aussi mystérieuse qu'efficace, ouvrir à nos âmes la porte des saints parvis! ›

-4. Elections. La Vénérable Compagnie et le Vénérable Consistoire réunis ont élu Modérateur, pour l'année 1836, M. le pasteur Goty, et vice-président M. le pasteur Diodati.

* La réunion jubilaire avait lieu à Plainpalais, non loin du cimetière. (NOTE DES RÉD.)

V. Annonces de Livres.

- 1. Lettres inédites de Calvin, etc., publiées par Bretschneider. Ces lettres, mises au jour par M. le docteur C. Gottl. Bretschneider, à l'occasion de notre Jubilé, et dont il a fait don d'un exem

plaire à la Bibliothèque publique, ont été recueillies des manuscrits autographes de la Bibliothèque ducale de Saxe-Gotha. Nos lecteurs seront sans doute curieux de connaître en résumé quelles sont les pièces (latines et françaises) de cette collection. L'ouvrage, dédié au Conseil et au Clergé de Genève, est divisé en quatre parties, dont nous donnerons succinctement le contenu.

I. Lettres de Calvin. Elles sont au nombre de 36, dont 3 étaient déjà imprimées dans les œuvres de Calvin; elles sont adressées à Viret, Bullingen, Th. de Béze, Farel, au clergé de Berne, etc. Les 9 dernières, écrites en français, ont plus spécialement rapport à Genève, et contiennent des représentations au Conseil, ainsi que des projets de lois et ordonnances pour la ville.

II. Lettres inédites de Th. de Bèze. L'original de toutes les lettres de Bèze est à la bibliothèque de Gotha. L'éditeur a rejeté de son recueil celles déjà connues, et, parmi les inédites, celles qui ne se rattachent qu'à des intérêts particuliers. Il en a imprimé 25, dont près de la moitié sont adressées à Calvin.

III. Lettres du roi Henri IV, etc. Trois des 9 pièces de cette division sont des lettres particulières de Henri IV au Conseil de Genève.

IV. Lettres de Viret, Farel, etc. Ces lettres, propres à jeter du jour sur l'histoire de l'Eglise de Genève et de celle de France,' sont au nombre de 18, et presque toutes écrites à Calvin, par Viret, Farel, Appius Claudius, Socin, le Clergé de Berne, le Conseil d'Etat de Zurich, etc.

La collection est enrichie de 3 fac-similia, l'un de Calvin, le second de Théodore de Bèze, et le troisième d'Henri IV.

La bibliothèque ducale de Gotha est en outre fort riche en manuscrits du temps de la Réformation, et conserve en particulier un grand nombre de lettres adressées de différens pays à Calvin et à de Bèze. Est-on curieux de savoir comment ces dernières sont devenues la propriété de la bibliothèque de Gotha? Le Dr. Bretschneider, nous apprend lui-même (voy. A. K. Z., cah. d'août) ce qu'il y a de vraisemblable à cet égard. Elles appartenaient probablement

à la bibliothèque de Bèze, furent vendues avec elles à un seigneur de Zastrisel en Moravie, puis amenées en Allemagne, et de là à Gotha même. Parmi elles, M. Bretschneider n'a publié que celles qui se rattachent à Genève et à la Réformation française.

L. S.

-2. Das Buch der Richter, grammatisch und historisch erklärt, von Gottlieb Lugwig STUDER, prof. am hohern Gymnasium zu Bern. Bern, Chur und Leipsig, b. Dalp, 1835, XXIII, u. 488 S. 8. C'est-à-dire, le Livre des Juges, avec des remarques grammaticales et historiques, par G.-L. STUDER, professeur au Gymnase supérieur de Berne. -- Berne, Coire et Leipsig, 1855, XXIII, et 488 pages.

Cette publication a d'entrée un double intérêt, 1o en ce qu'elle nous révèle un nouveau commentateur; 2o en ce que l'œuvre de ce dernier tombe sur un livre historique, pendant long-temps négligé.

Le but avoué par l'auteur dans sa préface est de réunir, d'une manière aussi complète que possible, tout ce qui peut servir à l'intelligence de la langue et du fond même du Livre des Juges. > On peut lui rendre le témoignage qu'il a atteint son but, ce qui est d'autant plus méritoire que les travaux de ses devanciers sur le même sujet sont en petit nombre et d'un volume peu étendu. Il ne cherche à esquiver aucun écueil, et il ne se donne pas non plus le plaisir de conduire ses lecteurs dans le dédale d'une foule d'explications possibles, afin de les laisser ensuite se tirer eux-mêmes d'affaire. Il tente avec hardiesse et habileté la solution des énigmes que nous offrent Debora et Samson; son courage et sa patience n'ont pas même fait défaut en présence des complications relatives au tour d'adresse de Dalila.

Quant aux questions sur l'âge, la rédaction, le plan et l'origine du Livre, au lieu de les traiter dans une Introduction, où les réponses paraissent des pétitions de principe, M. Studer les a renvoyées dans un appendice, qui renferme ainsi les résultats de ses

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