Souvenirs et portraits de jeunesse

Couverture
E. Dentu, 1872 - 340 pages
 

Autres éditions - Tout afficher

Expressions et termes fréquents

Fréquemment cités

Page 22 - J'approche d'une petite ville , et je suis déjà sur une hauteur d'où je la découvre. Elle est située à mi-côte ; une rivière baigne ses murs, et coule ensuite dans une belle prairie ; elle a une forêt * épaisse qui la couvre des vents froids et de l'aquilon. Je la vois dans un jour si favorable, que je compte ses tours et ses clochers ; elle me paraît peinte *sur le penchant de la colline. Je me récrie , et je dis . Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce séjour si délicieux...
Page 139 - Avez-vous éprouvé, vous tous que la curiosité du flâneur a souvent fourrés dans une émeute, la même joie que moi à voir un gardien du sommeil public, — sergent de ville ou municipal, la véritable armée, — crosser un républicain ? Et comme moi, vous avez dit dans votre cœur :
Page 266 - Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices, Et chercher sur la terre un endroit écarté Où d'être homme d'honneur on ait la liberté.
Page 22 - Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce séjour si délicieux ! Je descends dans la ville , où je n'ai pas couché deux nuits , que je ressemble à ceux qui l'habitent, j'en veux sortir.
Page 22 - II ya une chose que l'on n'a point vue sous le ciel et que selon toutes les apparences on ne verra jamais: c'est une petite ville qui n'est divisée en aucuns partis; où les familles sont unies, et où les cousins se voient avec confiance; où un mariage n'engendre point une guerre civile; où la querelle des rangs ne se réveille pas à tous moments par l'offrande, l'encens et le pain bénit, par les processions et par les obsèques; d'où l'on a banni les caquets, le mensonge et la médisance...
Page 281 - Le loup, qui pendant ce temps-là s'était transformé en coq, se jeta sur les grains de la grenade, et se mit à les avaler l'un après l'autre. Lorsqu'il n'en vit plus, il vint à nous les ailes étendues, en faisant un grand bruit, comme pour nous demander s'il n'y avait plus de grains. Il en restait un sur le bord du canal, dont il s'aperçut en se retournant. Il y courut vite; mais dans le moment qu'il allait porter le bec dessus, le grain roula dans le canal et se changea en petit poisson.
Page 331 - Gœthc qu'on voit sur les pipes de porcelaine en Allemagne. Plusieurs rendez-vous furent échangés avec le tailleur. Baudelaire n'était jamais content: les manches ne faisaient pas assez de plis; les basques étaient trop courtes; le collet ne montait pas assez haut. Baudelaire demandait un collet dans lequel il pût rentrer sa tête les jours d'orage, comme un colimaçon dans sa coquille. Lui et le tailleur passèrent huit jours à promener la craie sur cet habit bleu.
Page 139 - Il ne veut plus travailler, humble et anonyme ouvrier, aux roses et aux parfums publics: il veut être libre, l'ignorant, et il est incapable de fonder un atelier de fleurs et de parfumeries nouvelles. Crosse religieusement les omoplates de l'anarchiste...
Page 238 - Si vous étudiez sérieusement dans sa vie et dans ses œuvres ce mystère de la nature qu'on appelle l'homme de génie, vous trouverez généralement que c'est celui qui, tout en acquérant les dons du critique, a gardé les dons du simple 1 . Ces deux hommes, opposés ailleurs, sont conciliés en lui.
Page 138 - Je ne sais, disait le peintre, comment 'aboutir' au portrait de Baudelaire ; tous les jours, il change de figure." Il est vrai que Baudelaire avait l'art de transformer son masque comme un forçat en rupture de ban. Tantôt sa chevelure ondoyait sur son col en boucles élégantes et parfumées ; le lendemain, son crâne nu se teintait de nuances bleuâtres dues au rasoir d'un barbier. Un matin, il apparaissait souriant, avec un gros bouquet à la main, semblable à Robespierre se rendant à la fête...

Informations bibliographiques