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condité du sol de son pays; il éprouve tout aussi peu de désirs, grâce à la constante douceur du climat, à l'empire de l'habitude et à l'influence de l'éducation religieuse.

La morale des Indous est très-pure; elle est renfermée en dix préceptes. Ce sont dix péchés à éviter; péchés divisés en trois espèces, savoir: en péchés du corps, de la parole et de la volonté. Frapper, tuer son prochain, le voler, violer les femmes, sont les péchés du corps; dissimuler, mentir, injurier, sont les péchés de la parole; ceux de la volonté consistent à souhaiter le mal, à regarder le bien des autres avec envie, à n'être pas touché des misères de son prochain. «Ces dix commandemens, » dit M. Collin de Bar (Histoire de l'Indostan,) font pardonner tous les rites ridicules dont ils sont pour ainsi dire environnés; car si les rites ne divisent que trop souvent le genre humain, les pré»ceptes de la morale l'unissent en une seule famil»le. » La décence est une vertu des Indous, quoique la plupart des figures représentées dans leurs temples soient de la plus grossière obscénité.

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On croit que l'ancien langage de l'Indostan était le sanscrit, idiôme de première origine, perfectionné, et que sir William Jones compare avec le grec et le latin.

PROVERBES ORIENTAUX.

1. Quiconque croit pouvoir contenter ses désirs par la possession des choses qu'il souhaite, ressemble à celui qui veut étouffer du feu avec de la paille.

2. Ne méprisez jamais personne; regardez celui qui est au-dessus de vous comme votre père, votre semblable comme votre frère, et votre inférieur comme votre fils.

3. Les monarques de l'Asie sont encore plus effrayés de la plume d'Aboul-Fazel, que de l'épée d'Akbar. Akbar, qui régnait à Delhi dans l'Indostan en 1556, eut pour ministre le sage et savant cheik AboulFazel, qui contribua beaucoup à la gloire de son règne, et qui, pour mettre son souverain à même de. bien connaître son empire, ordonna à tous les gouverneurs, de lui envoyer le tableau le plus détaillé de leurs provinces. Ce vezyr en fit un recueil qu'il présenta à son maître sous le nom d'aiin Akbari, c'est-à-dire miroir d'Akbar. La réputation d'Aboul-Fazel fut si grande dans tout l'Orient, qu'elle avait donné lieu à ce proverbe. Il serait à désirer qu'on en pût dire autant de tous les ministres.

4. L'aumône du riz est sans contredit la plus estimée, mais la douceur de la parole la surpasse. Le riz remplace le pain chez les Orientaux. On se fait beaucoup d'amis, par la douceur du discours.

5. Quand il ne s'agit que d'un petit ouvrage, pourquoi prendre une pique tandis qu'il ne faut qu'une aiguille?

6. Les amis intéressés ressemblent aux chiens des places publiques, qui aiment mieux les os, que ceux qui les leur jettent.

7. Il vaut mieux battre le fer sur une enclume, que de rester debout devant un prince les bras croisés ; surtout que d'enfermer des riens dans de grandes paroles, de vendre au poids de l'or une once de fu

mée, et de distiller avec art le venin d'une langue empestée pour perdre des rivaux que l'on jalouse.

8. Dans le pays de l'amitié, l'on ne connaît pas la distance d'un lieu à un autre; rien n'est près, rien n'est loin: l'ami, quoiqu'absent, est toujours présent à l'ami par l'imagination. Si l'éloignement sépare leurs corps, la pensée réunit leurs âmes.

Qu'un ami véritable est une douce chose!

Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;

Il vous épargne la pudeur

De les lui découvrir vous-même.

Un songe, un rien, tout lui fait peur,
Quand il s'agit de ce qu'il aime.
(LA FONTAINE.)

Un ami, suivant l'expression d'un poète lyrique, est la moitié de son âme, dimidium animæ meæ. Un seul dieu et beaucoup d'amis.

9. Interprétez toujours la conduite de vos amis par l'endroit le plus favorable, jusqu'à ce que vous appreniez quelque chose qui lasse votre patience.

10. Une femme qui conduit la dépense d'une maison suivant ses revenus, donne bonne réputation à son mari.

11. C'est insulter, que de reprendre devant le monde. Avoir son franc parler est sans contredit le privilége des moralistes et des philosophes; mais il faut qu'ils en usent avec mesure et modération, sans personnalités, ou du moins sous le voile de l'allégorie. Il leur est permis de se moquer des travers de leurs semblables, mais pour les corriger de leurs défauts. Tel doit être le but de leurs leçons. La morale qui n'apprend pas à devenir meilleur, n'est bonne à rien, et la philosophie qui ne guérit pas

les maux de l'âme est inutile. C'est en ce sens que Pythagore disait ordinairement, que d'ôter la liberté au discours, c'était ôter l'amertume à l'absinthe, qui, sans cette qualité naturelle, n'est plus bonne qu'à être jetée. Cette maxime lui avait inspiré une certaine sévérité qui le portait quelquefois à reprendre les fautes des autres avec beaucoup trop d'aigreur. Un malheur qu'il était loin de prévoir le corrigea de sa rigidité. Ayant repris un jour en public un de ses disciples d'une manière trop dure et trop amère, ce jeune homme, sensible à cet affront, se tua de désespoir. Pythagore, cruellement affecté de cet événement, en tira des réflexions salutaires pour le reste de sa vie. Il reconnut que la cure d'un vice est comme celle d'une maladie honteuse, qui ne doit se faire qu'en secret. Depuis cet accident, il ne lui arriva jamais de reprendre quelqu'un en présence d'un autre; il devint aussi doux et modéré dans ses réprimandes, qu'il avait été dur et sévère, et il consacra, par sa conduite, deux maximes, dont devraient se pénétrer tous ceux qui sont chargés d'instruire et de corriger la jeunesse : 1o qu'il ne faut jamais rien dire ni rien faire dans la passion et pendant le bouillonnement de la colère; 2° qu'on ne saurait balancer un instant entre le choix d'être aimé ou d'être craint. Le respect suit l'amour, et la haine accompagne la crainte.

12. Celui qui, dans les différens événemens de la vie, se livre avec impétuosité à son premier mouvement ou qui agit avant de réfléchir, commet souvent des fautes, et s'expose à beaucoup de dangers. Le sang

froid et la tranquillité d'âme lui font éviter les uns et les autres.

13. Le ciel donne de la pluie à la terre; mais la terre ne renvoie au ciel que de la poussière: c'est qu'on ne tire d'un vase que ce qu'il contient. C'est le proverbe français: Il ne sort du sac que ce qu'il y a dedans.

14. L'imagination est un vaste pays : celui qui le parcourt s'égare aisément, si la raison ne lui sert de guide. Elle est comme la liberté, qui dégénère en licence, si elle n'est restreinte. L'imagination, disait un homme d'esprit, est une pupille qui doit rester sous la tutelle du jugement; dès qu'on l'émancipe, elle s'abandonne à mille folies qui lui méritent l'interdiction.

15. Les hommes d'un mauvais caractère ressemblent à un pot de terre, facile à casser et difficile à rejoindre: ceux d'un bon naturel sont comme un vase d'or, qui se rompt avec peine et qu'on raccommode aisément.

16. Rejette les services que t'offre un homme intéressé, c'est un piége qu'il te tend; tu ne seras jamais quitte avec lui.

17. Le moyen de ne pas s'ennuyer dans les bonnes compagnies, est d'y dire de bonnes choses, ou de se taire et d'écouter les autres.

18. Que tes divertissemens ne soient point trop chers, de peur que la peine de te les procurer ne surpasse l'agrément de leur jouissance.

19. L'homme de bien ne conçoit jamais de haine, il pardonne même au méchant qui le maltraite. Il ressemble à l'arbre ganda (sandal), qui communique son odeur aromatique au tranchant de la hache du bûcheron qui l'abat. Le sandal est un bois odorifé

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