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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT IMPÉRIAL DE FRANCE.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Ramayana, poëme sanscrit, traduit en français pour la première fois par Hippolyte Fauche, Youddhakanda, seconde livraison, VI' tome du poëme, IX et dernier de la traduction, avec un mot encore sur Homère et sur la Grèce. Paris, A. Franck, libraire, 1858, in-18, LX-428 pages. M. Hippolyte Fauche a terminé son œuvre, et il nous a donné en français une traduction complète du Râmâyana. C'est un grand service que M. H. Fauche aura rendu aux lettres et à la philologie. Il lui a fallu beaucoup de courage et d'application pour mener en cinq années cette entreprise à son terme. Le Ramayana est fort loin de valoir l'Iliade, et Valmîki est bien au-dessous d'Homère, auquel on l'a trop souvent comparé. Mais l'épopée indienne, quel que soit son mérile, n'en est pas moins curieuse; et il faut remercier M. H. Fauche de l'avoir rendue désormais accessible à tout le monde. Nous avons entendu dire que M. H. Fauche, après avoir accompli ce vaste travail, songeait à en commencer bientôt un plus vaste encore : nous voulons parler d'une traduction. complète du Mahabharata. Nous ne saurions trop encourager M H. Fauche à réaliser ce projet, s'il est vrai qu'il l'ait conçu, ainsi que nous le croyons. Le Mahabharata est plus important encore que le Ramayana, et il est quatre ou cinq fois aussi étendu. C'est une tâche magnifique que de le faire passer dans notre langue, et M. H. Fauche, en s'en chargeant, aurait bien mérité deux fois des études sanscrites.

Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l'Académie française. Paris, imprimerie de Bonaventure et Ducessois, librairie de Didier, 1858, 2 volumes in-8° de LVI-480 et 685 pages. Ces deux volumes sont la reproduction des principaux articles littéraires publiés par M. de Sacy depuis trente ans dans le Journal des Débats; sous cette forme plus durable, tant d'excellents travaux trouveront de nombreux lecteurs et ajouteront encore à la réputation de l'éminent cri

tique. Une éloquente préface et le discours de réception de M. de Sacy à l'Académie française ouvrent ce recueil, où les articles sont rangés par ordre de matière sous ces trois titres Littérature, Morale et Histoire. Parmi les morceaux compris dans la première partie, nous signalerons d'excellentes pages sur Cicéron, Amyot, Henri Estienne, Bossuet, Fénelon, Massillon, Châteaubriand, Benjamin Constant, et sur diverses œuvres de MM. de Féletz, Villemain, Saint-Marc-Girardin et Ampère. Dans la partie consacrée à la morale, l'auteur apprécie successivement les Pensées de Pascal, la philosophie de Bossuet, La Rochefoucauld, La Bruyère, Montaigne, Bacon, Descartes et plusieurs écrivains contemporains, entre autres Joseph de Maistre, Joubert, Laromiguière, de Lamennais, Jouffroy, MM. Cousin, Damiron, Al. de Tocqueville et Gustave de Beaumont. Les notices sur les grands ouvrages historiques de nos contemporains sont nombreuses et très-remarquables. On y trouvera l'examen des œuvres de MM. Daunou, Guizot, de Barante, Villemain, Augustin Thierry, Charles de Rémusat, Droz, Sainte-Beuve, Feugère, Salvador, Artaud, Ch. Weiss, Franz de Champagny, Henri Chevreul, Ch. Nisard, etc. Toutes ces notices littéraires sont écrites d'un style châtié, élégant, et portent partout l'empreinte de ce vif sentiment du beau qui caractérise un talent formé à l'étude de l'antiquité et des grands écrivains du XVII siècle.

Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, par M. Guizot. Tome premier. Paris, imprimerie de Bonaventure et Ducessois, librairie de Michel Lévy, 1858, in-8° de 483 pages. Le caractère et le talent de M. Guizot, la position éminente qu'il a si longtemps occupée dans le Gouvernement du pays, donnent un très-haut et trèsvif intérêt à la publication de ses Mémoires. Le premier volume, le seul qui ait paru jusqu'ici, comprend huit chapitres, intitulés la France avant la Restauration, la Restauration, les Cent-Jours, la Chambre de 1815, le Gouvernement du centre (1816-1821), le Gouvernement du côté droit (1822-1827), mon Opposition (18201830), l'Adresse des 221 (1830). Des pièces historiques sont réunies à la fin du volume. On y remarque, outre un certain nombre de documents purement politiques, le discours prononcé pour l'ouverture du cours d'histoire moderne de M. Guizot, le 11 décembre 1812, discours inédit, et d'autant plus précieux pour tous les amis des lettres, qu'il est la première leçon d'histoire et la première parole publique de l'illustre écrivain. Nous citerons encore diverses lettres adressées à M. Guizot par MM. de Châteaubriand, de Lally-Tolendal, l'abbé de Montesquiou et le poëte Béranger.

Histoire de l'art judaïque, tirée des textes sacrés et profanes, par F. de Sauley, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris, imprimerie de Pillet, librairie de Didier, 1858, in-8° de 425 pages. Les observations recueillies par M. de Saulcy, il y a quelques années, dans un voyage en Judée et à Jérusalem, l'ont amené à reconnaître que la nation judaïque a porté les arts à un très-haut degré de perfection. L'ouvrage qu'il publie aujourd'hui a pour but de soutenir cette thèse, en opposition avec la plupart des archéologues. L'auteur y fait l'énumération de tous les monuments judaïques dont il a étudié les restes, et parmi lesquels se placent au premier rang les ruines de Gomorrhe et les débris encore subsistants de l'enceinte du temple de Salomon. Avant de traiter la question au point de vue purement judaïque, M. de Sauley donne des renseignements succincts sur les arts des populations aborigènes que la conquête des Hébreux fit passer sous le joug ou anéantit. Il examine tous les faits artistiques que nous fournit l'Écriture sainte dans les livres relatifs aux temps qui précédèrent l'établissement définitif d'Israël sur la rive droite du Jourdain. Il passe ensuite en revue les documents de même nature

contenus dans les livres de Josué, des Juges et de Samuel; puis il s'occupe de l'époque comprise entre l'installation à Jérusalem de la dynastie de David et la captivité de soixante et dix années; il traite plus loin de la reconstruction du temple opérée par les Juifs revenus de Babylone, et il arrive enfin aux temps des dynasties asmonéenne et hérodienne, qui le conduisent jusqu'à la destruction définitive de la nationalité judaïque.

THEPIAOT O EHITADIOE. L'Oraison funèbre d'Hypéride en l'honneur du général Léosthène et des soldats morts dans la guerre lamiaque, texte de M. Churchill Babington, avec une traduction française. Paris, imprimerie de F. Didot, 1858, in-8° de VII-19 pages.-M. Churchill Babington, qui déjà avait déchiffré et publié, d'après des papyrus gréco-égyptiens du British Museum, les discours d'Hypéride pour Lycophron, pour Euxénippe et contre Démosthène, a lout récemment découvert, également sur un papyrus, un nouveau discours d'Hypéride, plus important que les autres, puisque c'est l'oraison funèbre, si vantée dans l'antiquité, dont Stobée nous a conservé la péroraison, éloquemment traduite par M. Villemain, dans son Essai sur l'Oraison funèbre. Le savant helléniste anglais vient de donner une splendide edition de ce texte si heureusement retrouvé, en l'accompagnant de notes nombreuses et d'une intéressante introduction; cette publication a pour titre : The funeral oration of Hyperides over Leosthenes and his comrades in the Lamian war; the fragments of the greek text now first edited from a papyrus in the British Museum; by Churchill Babington, fellow of S'-John's College, etc. Cambridge, 1858, in-folio de XVIII-31 pages. Le livre de M. Babington paraissait à Cambridge presque en même temps que se publiait à Paris le deuxième et dernier volume des Oratores Attici, qui fait partie de la Collection des auteurs grecs de M. Didot. (Voyez notre cahier de mai 1858, p. 327.) L'oraison funèbre de Léosthène manquait donc au second volume des Oratores Attici, et c'est pour le compléter que le savant éditeur de ce recueil publie aujourd'hui le nouveau discours d'Hypéride, découvert par M. Babington. « Persuadé qu'en fait de grec un peu d'aide fait grand bien,» il joint au texte une traduction française et des notes instructives. « Cette oraison funèbre, « dit-il, est bien authentique. Le style seul, simple, naturel, coulant, l'atticisme qui « s'en exhale comme un parfum, sont des preuves qui suffiraient; il y a de plus le témoignage d'Harpocration, dont le Lexique reproduit une phrase de ce discours; une autre phrase se retrouve dans Stobée; enfin la péroraison, conservée par le « même Stobée, se rattache à ce discours avec autant d'harmonie que le fronton de « Phidias aux colonnes du Parthenon. »

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De l'état de la littérature chez les populations chrétiennes de la Syrie, par M. Reinaud, membre de l'Institut. Paris, Imprimerie impériale, in-8° de 32 pages. Dans ce savant mémoire, M. Reinaud nous montre les populations chrétiennes de la Syrie, notamment celles du mont Liban, cherchant aujourd'hui à suivre le mouvement intellectuel des nations de l'Occident et se livrant à l'étude des langues européennes ou à celle de la littérature arabe. Depuis quelques années il existe à Beirouth plusieurs imprimeries, et il s'y est formé récemment une association de personnes lettrées qui a fait paraître, en 1852, la première partie de ses mémoires sous le titre d'Actes de la société de Syrie; ce recueil est rédigé tout entier en arabe. Après avoir donné sur ce sujet quelques détails très-intéressants, M. Reinaud signale, parmi les chrétiens de Syrie, plusieurs écrivains populaires dont la réputation s'est étendue jusqu'en France, et, afin de faire juger de l'état de la littérature dans ce pays, il analyse et apprécie deux ouvrages récemment publiés à Beirouth et qui représentent les deux genres de composition les plus cultivés maintenant en Syrie. L'un

de ces ouvrages a pour auteur un chrétien du rite grec catholique nommé Nasifal-Tazigi; c'est un recueil de macamas ou séances, conforme à l'ancien système arabe, et imité des Séances de Hariri; l'autre, qui est dans le goût moderne, est le recueil des poésies de Khalil-al-Khouri, chrétien du rite grec schismatique. M. Reinaud donne le texte arabe et la traduction française d'une pièce de vers adressée par ce jeune poëte à M. de Lamartine. Le savant professeur cite encore, en terminant, un vaudeville et un opéra arabes composés par Maroun, négociant maronite mort tout récemment à Beirouth. Maroun joignait à des connaissances littéraires étendues le goût de la musique et des arts; il représentait en Syrie le monde nouveau. Les pièces de sa composition furent jouées et chantées chez lui, et produisirent une grande sensation. Elles n'ont pas encore été imprimées.

Le combat des trente Bretons contre trente Anglais, d'après les documents originaux du xivo et du xv° siècle, suivi de la biographie et des armes des combattants, par M. Pol de Courcy, correspondant du ministère de l'instruction publique, imprimerie de Prud'homme, à Saint-Brieuc, in-4° de 72 pages, avec planches. Le texte de ce récit du combat des Trente est extrait d'un manuscrit inédit de la bibliothèque de l'Arsenal (Hist. Fr. 263), intitulé: Chronique de Jean, sieur de Saint-Paul, escuier, faicte et rédigée en l'an 1473. C'est un écrit en prose, moins développé que le poëme composé sur le même sujet au XIV siècle, et publié en 1835 par M. Crapelet. En mettant au jour la courte relation de Jean de Saint-Paul, M. de Courcy l'a comparée avec le poëme, et y a joint tous les éclaircissements désirables.

Les monuments de l'histoire de France, catalogue des productions de la sculpture, de la peinture et de la gravure, relatives à l'histoire de la France et des Français, par M. Hension, tome IV. Paris, imprimerie de Lahure, librairie de Delion, 1858, in-8° de 408 pages. Cet utile ouvrage, dont nous avons annoncé les premiers volumes, continue d'offrir les renseignements les plus complets sur les monuments figurés de notre histoire. Le tome IV, qui vient de paraître, embrasse la période comprise entre les années 1285 et 1364, traitant des monuments des règnes de Philippe le Bel, Louis le Hutin, Philippe le Long, Charles le Bel, Philippe de Valois et Jean le Bon.

Paris dans sa splendeur, monuments, vues pittoresques, scènes historiques, etc. . . . . publié par Henri Charpentier, imprimeur-éditeur, à Paris et à Nantes. 17 livraisons in-folio, avec planches.- Le texte qui accompagne les belles planches de ce recueil se divise en deux parties, l'une descriptive, l'autre historique. Dans les dix-sept livraisons qui ont paru jusqu'ici, nous avons remarqué une intéressante description de Notre-Dame de Paris par l'habile architecte chargé de restaurer cette cathédrale, M. Viollet-Leduc, un travail historique sur la même église, par M. l'abbé Touzé, et des monographies étendues du Louvre, des Tuileries, du palais du Luxembourg. Le récit des événements de l'histoire de Paris, qui forme la seconde partie de l'ouvrage, se subdivise en plusieurs périodes. Quelques chapitres, appartenant à l'époque moderne, nous ont paru traités avec intérêt. Cette publication importante, à la quelle concourent MM. Mérimée et Sainte-Beuve, de l'Académie française, MM. Viollet-Leduc, Albert Lenoir, etc. comprendra trois volumes in-folio. Madame de Montmorency, mœurs et caractères au XVII siècle, par Amédée Renée; édition revue et augmentée d'un appendice. Paris, imprimerie et librairie de Firmin Didot, 1858, in-8° de 335 pages. Cette étude historique sur Marie Orsini, duchesse de Montmorency, mérite d'occuper une place distinguée parmi les nombreux travaux qui ont été faits depuis quelques années sur les personnages célèbres du xvII° siècle. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, l'auteur fait

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connaître l'origine de Marie Orsini, raconte les circonstances de son mariage avec Henri de Montmorency, les premiers temps de cette union chantée par les poëtes Mairet et Théophile, les amours de Montmorency avec M de Sablé, ses exploits, sa liaison avec Gaston, sa défaite à Castelnaudary, son jugement et son supplice. La troisième partie est consacrée tout entière à MTM de Montmorency, cette Arthémise chrétienne qui survécut trente-quatre ans à son mari, et fut l'honneur de son siècle par son dévouement et ses vertus. On lira avec un vif intérêt les détails touchants de cette vie si pure. Dans l'appendice ajouté à cette nouvelle édition, M. Amédée Renée a placé, entre autres documents, une généalogie abrégée de la maison de Montmorency, une histoire descriptive des divers hôtels de Montmorency à Paris, du château de la Grange des Prés, près de Pézénas, et des châteaux de Chantilly, d'Écouen, de Moulins; une description du mausolée de Montmorency dans cette dernière ville; des lettres du poëte Théophile, des poésies de Mairet et de Scudéry adressées au duc et à la duchesse de Montmorency.

Mémoire sur les ports antiques situés à l'embouchure du Tibre, par M. Charles Texier, membre de l'Institut. Paris, imprimerie de Lacour, 1858, in-8° de 76 pages, avec un plan. On était préoccupé, depuis nombre d'années, des atterrissements et des barres qui se formaient à l'embouchure de certains ports de France. Des ingénieurs avaient été chargés d'observer ce phénomène sur le littoral de l'Océan; mais, pour compléter ces travaux, le ministre de l'intérieur eut la pensée de faire étudier les causes de l'ensablement de certains ports anciens abandonnés, et aujourd'hui comblés par les sables. Ce fut le but d'une mission donnée par le Gouvernement à M. Charles Texier, dont les recherches s'étendirent d'abord sur les côtes de la Méditerranée, depuis Antibes jusqu'au Var. Les observations qu'il recueillit tendirent à prouver que le niveau de la mer n'a pas changé depuis les temps les plus reculés. Contrairement à l'opinion admise chez les anciens et acceptée par un grand nombre d'écrivains modernes, le retrait de la mer de plusieurs plages et de quelques ports anciens est dû, non pas à un changement de niveau, mais à des causes purement locales et naturelles, les atterrissements formés par les rivières et les torrents. Ainsi, tandis que les ports de Fréjus et d'Aigues-Mortes, situés aux embouchures des rivières d'Argens et du Vidourle, sont ensablés, le port d'Antibes, situé sur la même côte, est toujours fréquenté par les navires, et sa forme n'a pas changé depuis l'antiquité. Cette question résolue, il s'agissait de reconnaître si un mouvement de retrait de la mer ne s'était pas opéré sur certains points du littoral de l'Italie. Ce fut l'objet de la seconde mission confiée à M. Texier par le département de l'intérieur. Il s'agissait de reconnaître si les ports situés sur les côtes de l'Italie se trouvaient dans les mêmes conditions, si leur ensablement était dû à des causes analogues. Ravenne et Ostie, qui étaient les deux grands ports militaires de l'Italie, sont aujourd'hui situées fort loin dans l'intérieur des terres. Ravenne, entourée par les rivières du Lamone, du Montone et du Ronco, a été ruinée par les alluvions. Ostie a été détruite par les mêmes causes; ses ruines couvrent encore une immense étendue de terrain, et, bien que les atterrissements formés par le Tibre aient éloigné la mer de plusieurs milles au delà des anciens môles, M. Texier a pu se rendre un compte exact du progrès de ces atterrissements et retrouver l'ensemble des constructions qui faisaient du port d'Ostie une des merveilles de l'architecture romaine. Dans ce recommandable travail, l'auteur détermine l'emplacement et l'étendue du port de Claude et du port de Trajan; il décrit successivement la citadelle, la naumachie, les greniers, les magasins, le portique de Placidie, le palais du préfet de la flotte, les Thermes, le Forum, le marché aux huiles, la ville du Port, le temple de Por

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