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cette viande, et qui paraissait dans la distillation de l'extrait sous une forme différente de celui qu'on retire de la chair distillée crue. Il y avait apparence, pour lui, que c'était ce même sel qui se séparait du sang par les urines après la nutrition.

On voit quelles étaient les idées physiologiques qu'on avait à cette époque.

Nous ne quitterons pas les Geoffroy sans faire remarquer que ClaudeJoseph eut un fils qui mourut, comme son père, en 1752. L'année suivante, on publia un travail chimique de ce fils, dont l'objet était de démontrer qu'il existe une analogie réelle entre le plomb et le bismuth.

Le catalogue des livres et estampes de défunts MM. Geoffroy, de l'Académie des sciences, dont la vente se fera en détail, le 5 février 1754, et le catalogue raisonné des minéraux, coquilles et autres curiosités naturelles contenues dans le cabinet de feu M. Geoffroy, de l'Académie royale des sciences, montrent la richesse de ces collections et le goût de ceux qui les avaient formées, pour l'ensemble des sciences naturelles et les beaux-arts. On se rend compte de l'influence que les deux frères Geoffroy avaient reçue, dans la maison paternelle, des personnages illustres qui la fréquentaient. Possesseur d'un exemplaire de ce catalogue, sur lequel un contemporain a inscrit le prix de vente de chaque article, nous y avons vu que les estampes furent vendues... 5770' 10" Les curiosités naturelles et bijoux.. Les livres...

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Nous donnons dans une note l'indication de presque tous les écrits relatifs à la chimie organique de Cl. J. Geoffroy 1.

Année 1707, p. 517. Observations sur les huiles essentielles avec quelques conjectures sur la cause des couleurs des feuilles et des fleurs des plantes.

Il se propose de montrer des différences entre les produits pyrogénés obtenus de diverses plantes distillées, entre des huiles obtenues, soit par expression, soit par distillation avec l'eau, de diverses plantes, en recourant à des réactifs tels que l'ammoniaque, le sous-carbonate de potasse, etc.

Les conséquences qu'il en tire pour expliquer les couleurs des fleurs et des feuilles sont de pures hypothèses.

1708, p. 228. Sur le nostoch (de Paracelse).

Il confirme la présence du sel volatil concret annoncé par Bourdelin dans le produit de la distillation du nostoch.

Il le considère avec raison comme une véritable plante.

1707, p. 30g. Concrétions des écrevisses de rivière.

1710. Sur le bézoard et autres matières qui en approchent.

Louis Lemery, né en 1677, mort en 1743.

É. F. Geoffroy, ayons-nous dit, considérait le fer qu'il avait retiré des cendres de diverses matières organiques comme un composé de plusieurs principes de ces matières, composé qui se serait produit, selon lui, pendant l'incinération, tandis que Louis Lemery, le fils de Nicolas, avait combattu avec raison cette opinion. La discussion, commencée en 1706, se prolongea jusqu'en 1708, époque où Louis Lemery donna un mémoire sur la prétendue production artificielle du fer publiée par Beccher et soutenue par Geoffroy. Si ce mémoire est trop long, cependant l'auteur y démontra que l'opinion de Geoffroy, déduite principalement de ce qu'on obtient du fer en chauffant de l'argile avec de l'huile de lin dans un creuset, n'était nullement fondée; car l'argile et l'huile de lin. traitées séparément, donnent du fer, lequel existait préalablement dans chacune d'elles avant l'opération. Conséquemment, on ne peut considérer ce métal comme résultant de principes appartenant à la fois et à l'argile et à l'huile de lin.

1714. Sur la gomme laque et les autres matières animales qui fournissent la teinture de pourpre.

Ce travail est intéressant. Il donne la preuve que, longtemps avant la préparation du lac-dye, on employait en teinture la gomme laque; l'auteur parle du kermès, de la cochenille de Pologne, de la cochenille et du murex.

1718, p. 37. Méthode pour connaître et déterminer au juste la qualité des liqueurs spiritueuses qui portent le nom d'eau-de-vie et d'esprit de vin.

C'est par la combustion qu'il juge de la qualité spiritueuse de ces liquides. 1721, p. 147. Sur les huiles essentielles et sur différentes manières de les extraire et de les rectifier.

1728. Suite.

1726, p. 95. Différents moyens d'enflammer, non-seulement les huiles essentielles, mais même les baumes naturels par les esprits acides.

1729, hist. P. 12. Sur un bézoard trouvé dans une tortue terrestre.

P. 68. Examen du vinaigre concentré par la gelée.

1730. Examen chimique des viandes qu'on emploie ordinairement dans les bouillons, par lequel on peut connaître la quantité d'extrait qu'elles fournissent, et déterminer ce que chaque bouillon doit contenir de suc nourrissant.

1732,
, p. 417. Suite avec l'Analyse du pain.

1838, p. 193. Manière de préparer les extraits de certaines plantes.

1740, p. 96. Moyen de préparer quelques racines à la manière des Orientaux.

1741, p. 11. Moyens de congeler l'esprit de vin et de donner aux huiles grasses quelques-uns des caractères d'une huile essentielle.

1743, p. 33. Différents moyens de rendre le bleu de Prusse plus solide à l'air et plus facile à préparer.

P. 52. Observations sur l'ivoire rendu flexible et transparent.

Louis Lemery publia un grand nombre de travaux, jusqu'en 1719, sur les précipitations chimiques, les couleurs des différents précipités de mercure, le pyrophore, les phosphores, les dissolutions de différents sels dans l'eau, le nitre, dont nous nous abstenons de parler, parce qu'ils sont en dehors de notre sujet. Cependant nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer la légèreté du jugement qu'il porta sur les opinions de Mayow, concernant ce que ce médecin, aussi distingué comme observateur qu'expérimentateur habile, avait appelé l'esprit de nitre aérien, opinions d'autant plus remarquables, qu'elles étaient déduites d'expériences exécutées avec des appareils semblables à ceux dont beaucoup plus tard se servirent Hales et même Priestley. Si Mayow n'isola point l'oxygène de l'azote, soit de l'air atmosphérique, soit de l'acide azotique, il démontra parfaitement que l'air et l'acide azotique ne produisaient du feu avec les combustibles qu'en vertu de ce qu'il appelait l'esprit de nitre aérien, que l'air n'entretenait la vie qu'en raison de cet esprit, et que la couleur rutilante du sang résultait de son absorption par ce liquide; enfin, si Mayow ne conclut pas dès lors que deux airs (le gaz oxygène et le gaz azote), différant absolument par leurs propriétés, forment l'air atmosphérique, il n'en avait pas moins parfaitement vu qu'un volume d'air n'entretient la vie, aussi bien que la combustion, que par l'esprit de nitre aérien, qui se trouvait pareillement dans le nitre. Il y avait dans ce résultat une vue si élevée, élevée, que non-seulement les contemporains de Mayow ne l'apprécièrent pas, mais encore que Louis Lemery, trente-huit ans après la publication du livre du médecin anglais, qualifia cet esprit d'espèce de nitre métaphysique, c'est-àdire d'être tout à fait chimérique, et cependant c'est bien cet esprit, existant et dans l'air et dans le nitre, qui entretient la combustion et la vie, et qui, plus d'un siècle après Mayow, reçut le nom d'oxygène!

De 1719 à 1721, Louis Lemery publia quatre mémoires sur l'analyse des plantes et des animaux, où, avec toutes les formes convenables, il critiqua justement la méthode d'analyse suivie par les premiers membres de l'Académie des sciences. Une comparaison fort heureuse faisait très-bien comprendre le sens de sa pensée, lorsqu'il disait : « Je << suppose deux édifices ayant à peu près la même forme extérieure, « quoique construits avec des matériaux différents (principes immédiats) « et différemment arrangés les uns par rapport aux autres. Si, pour dé«couvrir cette différence de matériaux et leur arrangement différent ་་ dans l'un et dans l'autre édifice, on s'avisait de détruire chacun de «ces édifices et d'en faire, s'il m'est permis de le dire, une espèce de « décomposition ou d'analyse par le secours d'un agent actif et violent,

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«qui, bien loin de ménager les matières (principes immédiats) sur les<«<quelles il aurait à agir, et cela en ne faisant que les séparer les unes << des autres, et les laissant en leur entier après leur désunion, ne serait «propre, au contraire, par la force et la vivacité naturelle de son mou«vement, qu'à les réduire en peu de temps en poussière (principes « élémentaires); dans cette espèce de chaos où tout se trouverait non«seulement confondu, mais encore considérablement altéré, serait-il << bien possible de distinguer et de reconnaître la nature et la différence « des matériaux (principes immédiats) qui seraient entrés dans la composition de chaque édifice? Ne pourrait-il pas même arriver que la «poussière résultant de la démolition d'un édifice paraîtrait semblable «à celle de l'autre édifice, d'où l'on ne manquerait pas de conclure <«<que les deux édifices auraient été bâtis avec les mêmes matériaux, quoiqu'ils l'eussent réellement été avec des matériaux différents? »

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Critique judicieuse expliquant très-bien ce que l'auteur dit, à la fin de son quatrième mémoire, de la similitude des produits de la distillation du solanum furiosum, plante des plus vénéneuses, et du brassica capitata, plante essentiellement alimentaire.

Mais la critique est aisée et l'art est difficile, a-t-on raison de dire, quand on rapproche le passage que nous venons de citer des recherches entreprises par l'auteur avec l'intention de connaître les corps vivants sous le rapport chimique; Louis Lemery, en voulant voler de ses propres ailes, fait réellement plus d'hypothèses que Dodart n'en a exposé dans son livre; ainsi, voulant trouver un sel ammoniac dans les matières animales, il considère ce sel comme semblable à celui qui résulte de l'union de l'esprit de sel avec le sel volatil de corne de cerf ou de vipères, et il ajoute : « Et j'ai, de plus, observé que l'acide du sel << ammoniac naturel contenu dans les matières animales dont il a été parlé était nitreux, c'est-à-dire pareil à celui qu'on tire du salpêtre, «en telle sorte qu'on pourrait, par une suite d'opérations, dépouiller << si bien cet acide des matières grasses qui l'enveloppent naturellement <«< dans l'animal, qu'il fût réductible en une liqueur ou esprit de nitre « qui ne différerait en rien de l'esprit de nitre ordinaire. >>

Louis Lemery n'avait donc aucune idée précise de la nature du sel ammoniac qu'il disait être contenu dans les matières animales et à la présence duquel il accordait tant d'influence. Dès lors le vague et le manque d'originalité de ses quatre mémoires n'ont plus rien de surprenant. Ce qu'il se proposait était de trouver le sel dans les corps vivants, principe auquel les théories alchimiques attribuaient comme matière un rôle d'une grande importance. Aussi Louis Lemery s'est-il

beaucoup occupé de la réaction acide du sel d'oseille, du tartre, du jus de citron, etc. du sel marin et des sels fixes que donne l'incinération des matières organiques. Enfin, que penser de l'auteur, qui après la judicieuse critique de l'analyse des matières organiques par le feu, distingue quatre classes de plantes, eu égard à leurs produits?

La 1r classe comprend les plantes ou leurs parties qui ne donnent pas de sel volatil, mais un produit constamment acide durant la distillation. Telles sont les pommes de reinette et de calville, les poires de martin-sec.

La 2 classe comprend celles qui ne donnent du sel volatil qu'à la fin de l'opération. Les feuilles de chicorée sauvage, de pervenche et de cerfeuil, sont dans ce cas.

La 3 classe comprend celles qui donnent du sel au commencement de la distillation. Il cite la chicorée blanche, la sauge.

La 4 classe renferme celles qui en donnent pendant toute la durée de la distillation: les graines de céréales, la bourrache, la buglosse, les semences de courges.

S'il reconnaît avec raison que les matières animales donnent plus de sel volatil que les matières végétales, il ajoute, ce qui n'est pas aussi exact, que celles-ci contiennent plus d'acide que les premières, et enfin, revenant sur le vrai sel ammoniac formé d'acide et d'une base volatile qu'il dit que les animaux contiennent, il admet que les plantes renferment l'acide uni à une matière fixe, et, en outre, que la matrice des sels végétaux, de fixe qu'elle est, devient volatile en passant dans les animaux, tandis qu'elle redevient fixe en repassant de ceux-ci dans les plantes.

En définitive, on peut conclure des quatre mémoires de Louis Lemery que, malgré la judicieuse critique qu'il a faite de l'analyse organique par le feu, de 1719 à 1721, il n'a pas contribué au progrès de l'analyse immédiate organique1.

Année 1702, Hist. p. 38. Observations sur des analyses de plantes aquatiques. 1706, p. 411. Que les plantes contiennent réellement du fer et que ce métal entre nécessairement dans leur composition naturelle.

1707, p. 5. Explications nouvelles sur les huiles et sur quelques autres matières où l'on ne s'était point encore avisé de chercher le fer.

1707, Hist. p. 35. Manière de faire l'hydromel vineux.

1708, Hist. p. 53. Analyse de la cire.

1708, Hist. p. 56. Analyse de la manne.

1708, p. 370. Nouvel éclaircissement sur la prétendue production artificielle du fer publiée par M. Becher (sic) et soutenue par M. Geoffroy.

1709, Hist. 38. Analyse des cloportes.

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