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No 103

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 2 mai 1866.

Bismarck m'a fait appeler en toute hâte ce soir.

J'ai soumis au Roi, m'a-t-il dit, les deux questions que vous m'avez posées hier soir.

1° Que ferait Prusse si Italie attaque Autriche?

2o Que ferait Prusse si Autriche attaque Italie?

Et je lui ai dit qu'à la seconde question j'avais répondu que la Prusse entrerait en lutte contre Autriche.

Le Roi a complétement approuvé cette réponse.

Quant à la première question, le Roi conseille franchement Italie de s'abtenir de toute attaque.

J'ai demandé à Bismarck s'il avait pris un parti quant aux armements prussiens.

Bismarck répondit qu'on décidera demain en conseil des ministres; que cependant le Roi avait dit aujourd'hui qu'il ne trouvait plus personne autour de lui qui ne lui dit qu'il trahirait son pays s'il n'armait pas. Ainsi, Bismarck croit que demain il va signer ordre mobilisation. J'ai encore demandé à Bismarck son avis à retenir pour impossible un arrangement entre Prusse et Autriche qui nous laissât isolés.

Il m'a répondu qu'aucune concession de l'Autriche ne pourrait désormais compenser la Prusse des inconvénients d'un arrangement. Que toutefois si l'Autriche faisait des concessions qu'on ne peut absolument refuser, en ce cas il nous préviendrait à temps et loyalement, et qu'en aucun cas les arrangements ne seraient tels que l'Italie pût se trouver seule vis-à-vis de l'Autriche armée.

Signé: GOVONE.

N° 10%

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

(Extrait.)

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Berlin, le 2 mai 1838.

Le comte Benedetti m'ayant averti qu'on avait considéré à Berlin nos armements comme trop précipités, j'ai expliqué au président du Conseil que les armements de l'Autriche, commencés longtemps avant que le gouvernement autrichien eût fait parvenir à Berlin la proposition de désarmement pour le 25 et le 26, et les menaces dirigées contre l'Italie nous avaient forcés à nous mettre sur le pied de guerre, ne voulant pas nous exposer à recevoir un ultimatum, lorsque l'Autriche camperait sur notre frontière et que nous serions désarmés... Nous ne donnons pas au traité du 8 avril, m'a dit M. de Bismarck, l'interprétation qui oblige la Prusse à déclarer la guerre à l'Autriche, si elle se trouve en lutte avec l'Italie; nous croyons que cette obligation existe seulement pour l'Italie, et elle est à la lettre la signification de l'article relatif...

Le Roi n'aurait jamais signé une convention qui fût une arme dans les mains de l'Italie, capable de nous encourager à pousser les choses au point d'obliger la Prusse, malgré elle, à prendre part à la guerre.

Il ajouta qu'il nous préviendrait loyalement et en temps opportun si la Prusse ne pouvait nous suivre, mais que son cabinet aurait fait dépendre son existence de la condition d'entreprendre la lutte contre l'Autriche simultanément à l'ouverture des hostilités en Italie.

Alors, dis-je, Votre Excellence m'autorise à déclarer au général de La Marmora que s'il n'est pas possible d'avoir la signature du Roi, qui nous assure de cette condition, son gouvernement se croit cependant engagé d'honneur avec nous ?

Vous pouvez dire au général de La Marmora, répondit M. de Bismarck, que nous ferons une question d'existence du cabinet de cette condition du reste, fiez-vous à la marche irrésistible des événements.

Signé: GOVONE.

ARCH DIPL. 1873.

IV.

82

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Il n'y a pas autre chose à faire dans la situation qu'à attendre la réponse de l'Autriche à la dernière note prussienne, que je vous envoie par poste, et qui demande désarmement par le rétablissement du statu quo ante.

C'est cette réponse, qui n'arrivera que dans deux ou trois jours, qui pourra accentuer la situation.

Toutefois, l'on ne croit pas que, même en cas de refus de l'Autriche, le Roi se décide à ordonner mobilisation sur pied de guerre..

A mon avis, c'est sur nous-même et sur la France qu'il faut compter, bien plus que sur la Prusse..

N 106

Signé : BARRAL.

LE GÉNÉRAL DE LA MARMORA AU COMTE DE BARRAL, A BERLIN

Télégramme.

Florence, le 2 mars 1866.

Dites au comte de Bismarck que l'Italie n'a nullement l'intention d'attaquer l'Autriche.

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Mais pour le cas d'une agression autrichienne contre l'Italie, l'alliance offensive et défensive oblige la Prusse à engager de son côté les hostilités et à les poursuivre.

Comme nos engagements envers la Prusse, et la politique que nous devons suivre en conséquence seraient la cause unique de l'attaque de l'Autriche contre nous, je ne vois pas comment le roi de Prusse pourrait se croire libre envers l'Italie, ni comment la Prusse pourrait se soustraire aux obligations réciproques de l'alliance offensive et défensive.

Ne laissez aucun doute que le gouvernement du Roist ici parfaite

ment maître de la situation, et qu'il n'y a pas à craindre que ce soit nous, mais au contraire l'Autriche qui pourrait pousser les choses

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• Ministre de Prusse à Vienne télégraphie à l'instant, qu'il n'a pas encore de réponse officielle à la demande de désarmement général, mais qu'il a lui-même raison de croire que l'Autriche répondra négativement.

Conseil des ministres présidé par le Roi est en ce moment réuni chez Bismarck, pour se prononcer sur la question de mobilisation.

Signé BARRAL.

No 108

LE COMTE DE BARRAL AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Berlin, le 4 mai 1866.、

L'ordonnance de mobilisation de 150,000 hommes a été signée par le Roi et est déjà expédiée. Bismarck pense que la mobilisation complète est retardée par les allures mystérieuses de Napoléon, dont il a été impossible jusqu'ici de pénétrer les intentions, et qui pourrait fort bien, au milieu de la lutte, venir exiger la rive du Rhin et écouter en ce moment, sans les avoir encore définitivement repoussées, les propositions d'arrangement poursuivies activement par l'Autriche.

Il croit que les dépenses énormes, dans le cas de mise sur pied de guerre par l'Autriche, la forceront à attaquer la Prusse, qui est décidée à ne pas attaquer la première, à moins que l'Italie ne soit attaquée, ce qui déciderait seulement alors la Prusse à prendre l'offensive.

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Des corps de troupes prussiennes vont être massés sur la frontière de Saxe pour pouvoir immédiatement l'occuper, en cas d'agression autrichienne.

Bismarck m'a de nouveau parlé de tentatives secrètes signalées par les agents diplomatiques, pour les accommodements entre l'Italie et l'Autriche pour la cession de la Vénétie.

Enfin, il m'a dit qu'il y avait une proposition de congrès faite par l'Angleterre à la France et à l'Italie qui pourrait amener un temps d'arrêt.

Signé: BARRAL.

N 109

LE GÉNÉRAL GOVONE AU GÉNÉRAL DE LA MARMORA

Télégramme.

Berlin, le 4 mai 1866.

Mesures militaires arrêtées hier, sont tenues secrètes.

Elles consistent mobilisation complète de 3, 4, 5, 6 corps et de la garde, en 20 jours. Ces troupes forment un total de 168,900 hommes et vont être concentrées sur frontière autrichienne.

On mobilisera aussi 27,000 de la landwehr en Silésie pour les garnisons de Cosel, Neisse et Glatz.

Pour les quatre corps d'armée qui restent, on achète en attendant chevaux, artillerie et cavalerie.

Selon les événements, on se réserve de les mobiliser complètement dans huit ou dix jours, et les porter en ligue. Alors on aurait sur pied de guerre près de 300,000 hommes pour fin du mois.

D'après les calculs de l'état-major, l'Autriche a dès aujourd'hui 60,000 hommes prêts en Bohême. A la fin du mois, elle pourra en avoir 160,000: plus tard le reste.

On ne comprend pas ici pourquoi on arme et fait grand approvisionnement à Cracovie.

Moltke parla au ministère du subside hongrois en l'appuyant, mais on ne s'est pas décidé à le donner.

Je prie Votre Excellence de me dire l'époque approximative de mon rappel.

Signé: GOVONE.

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