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et la correspondance de l'amiral mahométan (1), monument propre à démontrer, à ceux qui cherchent des matériaux propres à écrire l'histoire dans les annales turques, le fond qu'on doit faire sur les récits de leurs écrivains.

(1) Première lettre trouvée dans la correspondance inter

ceptée.

Le capoudan pacha au commandant de Nauplie :

Que le miséricordieux lui soit en aide!

Grace au tout-puissant Allah, il y a presque un mois que les affaires de l'Épire ont commencé à prendre une tournure favorable. Le château appelé Souli a été pris par S. A. le pacha de Janina, Omer Brionès; les infidèles qui étaient dedans ont ́'été en partie mis à mort, et les autres se sont sauvés dans les montagnes. En face de Patras, plusieurs visirs sont entrés dans le lieu appelé Missolonghi, après s'être rendus maîtres de tous les pays voisins; il y a deux jours que nous avons cette nouvelle, qui est très-certaine.

S. A. le grand serasker Khourchid pacha se dirige sur la Morée avec un nombre considérable de troupes. Notre invincible armée de Corinthe n'a rien souffert jusqu'à présent, et se prépare à descendre vers Nauplie pour vous fournir des vivres en abondance. Nous sommes sortis de Patras avec notre invincible flotte le 13 du mois dernier; mais les vents contraires ne nous ont permis d'entrer dans le golfe d'Hydra et de Spetzia que le 5 du courant, mois de Mouharrem. Ce jour ayant vu quatre-vingts bâtiments des Dgiaours Hydriotes et Spetziotes devant notre invincible armée, qui se dirigeaient avec intrépidité contre nous, nous avons formé une ligne de bataille; et les infidèles persistant dans la détermination de nous résister, nous avons combattu pendant près de six heures. Mais, grace au tout-puissant Allah, et par la faveur de notre Prophète, nos batteries ont coulé à fond six de leurs bâtiments, et

La flotte turque tira des bordées pendant toute la nuit du 24 au 25 pour sortir du golfe d'Argos, en abandonnant un de ses bricks, qui fut brûlé par les Grecs. Ceux-ci, dans l'après-midi du même jour, parvinrent, en serrant le vent, à livrer des combats partiels, et ils avaient réussi à attirer plusieurs frégates turques dans l'est de l'île de Spetzia, quand un brûlot se montra. Il voulait couper la retraite aux barbares, mais il manoeuvra trop tard; car ils le virent à peine débouquer qu'ils virèrent de bord, en tirant leurs canons de poupe dans la direction qu'il tenait pour les chasser. Ce fut ainsi, en fuyant devant une frêle embarcation, que les. Turcs s'éloignèrent des parages de la Hellade, où ils ne s'étaient montrés que pour attester à la face

par

dix autres, dont une corvette et un brick, ont été incendiés notre feu. Grace au tout-puissant Allah, nous avons de bonnes nouvelles de toutes parts. Vous serez informés dans ce moment que dans la grande bataille que nous avons livrée aujourd'hui aux Hydriotes avec notre invincible flotte, nous les avons accablés. On va continuer à les poursuivre jusqu'à ce qu'ils soient entièrement détruits, et c'est dans ce moment que nous vous envoyons un bâtiment avec des vivres.

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Assurés du mauvais état dans lequel se trouvait la forteresse de Nauplie, à cause de la pénurie des vivres, nous vous envoyons un bâtiment autrichien chargé de sept mille kilos de mais en farine, et fasse le ciel qu'il vous arrive! A peine entré au port, faites le débarquement de la cargaison, et vérifiez-en la quantité, pour remettre une lettre de crédit au

du monde leur impéritie, leur lâcheté et la honte éternelle du Croissant.

Le 27 septembre, l'amiral de l'invincible armée de Sa Hautesse forçait de voile pour s'éloigner des côtes de l'Argolide, lorsqu'une tempête furieuse, sortie du sein des nuages qui enveloppaient l'horizon, assaillit ses vaisseaux. Le vent, sautant d'un point du compas à l'autre, les disperse; et les va gues soulevées, l'orage, les éclats de la foudre portant l'épouvante, font perdre le courage aux matelots, qui naviguent à l'aventuré. Les uns se laissent emporter vers la Sicile, où ils arrivent endommagés, tandis que les autres naufrageaient au fond de la grande Syrte, et que le superbe capitan pacha, 'suivi du gros de l'escadre à moitié démâtée, entrait

capitaine, afin qu'il soit payé par le gouvernement impérial de S. H. à Constantinople, suivant nos conventions. Vous acquitterez le nolis, et ferez débarquer les objets sans payer 'de rétribution.

Comme il n'y a pas suffisamment de profondeur d'eau dans le fond du golfe, notre invincible armée ne peut y entrer; nous sommes eu outre assurés que, près du petit fort de Nauplie, il y a six brûlots des Dgiaours, et de plus dix autres brûlots à l'île dé Spetzia, préparés pour nous incendier.

Continuez, illustre gouverneur, à vous régler comme vous l'avez fait jusqu'à ce jour. De notre côté, nous redoublerons d'efforts pour vous envoyer des vivres. C'est pour cela que nous vous écrivons la présente.

Le 9 du courant mois de mouharrem.

Une troisième lettre était relative à deux autres bâtiments autrichiens chargés de vivres, que les vents contraires avaient forcés de relâcher à la Sude dans l'île de Candie.

au port de la Sude. Suivant l'usage immémorial de sa nation, il ne se trouva pas plus tôt en sûreté, qu'il annonça à l'armée d'Égypte, commandée par Hassan lieutenant de Méhémet Ali, qu'il avait ravitaillé Nauplie et remporté une victoire éclatante sur les Hellènes.

On le crut sur parole; car, jamais en Turquie ou ne discute les bulletins d'un général ni d'un ministre, aussi long-temps qu'ils sont en place. Le maitre l'a dit, telle est l'expression de l'esclavage; mais jamais nouvelle ne pouvait arriver plus à propos pour calmer les inquiétudes de Hassan pacha. Ce serasker du vice- roi philanthrope, qui a régénéré l'empire des Pharaons, en s'emparant de tous les biens-fonds; en s'appropriant le monopole du commerce; en faisant nettoyer, au prix du sang de trente mille Fellahs, morts sous le bâton, un canal qui porte les eaux du Nil à Alexandrie, dont les talus sont garnis de palissades formées avec les ossements des malheureux employés à ce travail, Hassan, né, dit-on, comme son illustre seigneur, d'un chef de brigands de la Macédoine transaxienne, ne portait plus ses regards que vers un effrayant avenir. La peste, qui régnait au Caire, avait été introduite dans son armée par les vaisseaux chargés de lui fournir des vivres. De cinq mille hommes venus avec lui sur une flottille de cent cinq bâtiments (1), au nombre desquels on comptait les

(1) La flotte égyptienne, sortie d'Alexandrie le 28 mai précédent, sous le commandement d'Ismaël Gibraltar, forte de

chebecks de Barbarie, il n'en restait pas la moitié. La contagion régnait à la Canée, à Candie, à Réthymos, à la Sude, et il soutenait une guerre si désastreuse contre les Crétois insurgés, qu'il venait d'être obligé de demander de nouveaux renforts à son maître.

Il ne pouvait pas, à l'exemple de l'amiral de Sa Hautesse, cacher ses désastres, car il comptait à peine, de tant de soldats qui l'avaient suivi et des troupes candiotes qu'il avait réunies, quatre mille hommes effectifs sous ses drapeaux. Les plus braves avaient péri dans des combats partiels, qui consistaient à s'emparer de la plaine que les insurgés réoccupaient presque aussitôt qu'il était parvenu à les repousser dans leurs montagnes. Jamais il n'avait pu franchir les défilés du mont Ida qui conduisent à Sphakia, quoiqu'il eût accordé des primes considérables à ses soldats pour les emporter. Ils avaient été écrasés, comme les Titans armés contre l'Olympe, sous les rochers que les Crétois faisaient rouler sur leurs hordes; et un corps de Turcs sortis de la forteresse de Candie, qui avait disparu, portait l'épouvante parmi les Mahométans. Les Grecs à son aspect avaient pris la fuite, afin de se faire poursuivre, l'avaient attiré à une lieue et demie de la place, lui avaient coupé la retraite, et,

quarante frégates, corvettes, bricks, et de cent vingt bâtiments de transport. Le jour de son départ plusieurs matelots du brick français le Rusé, furent maltraités, et le capitaine dut partir sans avoir, suivant l'usage, obtenu aucune satisfaction.

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