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les diverses Gérousies ou Juntes locales seraient dissoutes, à cause des entraves que leur complication apportait à la marche de l'administration, en statuant qu'à l'avenir les provinces ainsi que les îles dépendraient du pouvoir exécutif légalement institué par les états de la Grèce.

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l'ar

En vertu d'un autre décret, il fut statué chi-navarque (amiral en chef) et l'archi-stratége (généralissime) n'auraient qu'un pouvoir temporaire, relatif à la durée de leurs expéditions; chacun de ces chefs devait rentrer à leur expiration dans son premier grade militaire, la direction générale des forces de terre et de mer n'appartenant à perpétuité qu'au gouvernement hellénique.

Il fut question d'introduire l'épreuve par jury dans la procédure légale; mais on se contenta préalablement du code pénal français, en chargeant un comité, composé de neuf jurisconsultes, de corriger nos lois draconiennes, par des décisions tirées des Basiliques qui ont succédé aux institutes de Justinien, sous le titre de Droit grec-romain.

On présenta à l'assemblée un projet de décret sur l'organisation ecclésiastique, qui fut renvoyé au ministère de la religion, pour être médité et discuté par les archevêques, évêques et autres ecclésiastiques de la Hellade. On abolit, en attendant, la prison ainsi que la bastonnade, que les membres du haut clergé faisaient infliger aux prêtres séculiers, avant le temps de la régénération politique des Hellènes, en déclarant ces usages barbares et tyranniques. Le pieux Théoclet, évêque de Bris

thènes dans l'Éleuthero-Laconie, qui était viceprésident du congrès, fut chargé de l'exécution de ces mesures, en tempérant autant que possible ce qu'il y avait d'abusif dans les excommunications et diverses autres pratiques superstitieuses de l'église orthodoxe.

On entama ensuite la question des finances, et on s'aperçut aussitôt qu'on ne pouvait plus s'entendre e: car, sous ce rapport, tout a changé dans le monde avec le progrès des lumières; et la politique est, sur ce point, aussi versatile que le calendrier des différentes bourses de la chrétienté. Il fut impossible de régulariser les comptes. La caste militaire avait tout dévoré sous les prétextes les plus frivoles, et elle demandait encore des indemnités, tant l'insatiabilité des successeurs de Nemrod est dévorante en tout pays : que de maux son ambition préparait à la patrie!

On examina également sans succès la loi qui accordait la faculté de distribuer une portion des domaines nationanx entre les chefs et les soldats. On n'avait pas fait attention que, les dix-neuf vingtièmes du territoire étant arrachés aux usurpateurs, il était équitable, pour ceux qui avaient passé leur vie dans les travaux de l'agriculture comme esclaves, de désirer, quelque peu considérable qu'il fût, la possession d'un morceau de terre qu'ils pourraient appeler leur propriété. Le congrès était, à cet égard, dans les meilleures dispositions; mais telles furent les difficultés qui s'élevèrent dans la discussion, quand on vint à examiner l'aliénation

du domaine public; les obstacles résultants de l'état de guerre avec un partage impartial, et sur toutes choses, l'effet que cela produirait relativement au crédit public de la confédération, lorsque le pouvoir exécutif serait autorisé à contracter un emprunt étranger, qu'on ajourna la question d'un consentement unanime, jusqu'à l'époque où l'expérience des affaires porterait plus de clarté dans une opération aussi capitale.

Le congrès fit ensuite une enquête sur l'étendue des forces navales et militaires de la confédération, afin d'adopter les plans les plus efficaces pour repousser les attaques de l'ennemi. Les divers comités de la guerre, de la marine, des affaires étrangères et de l'intérieur, furent entendus le 9 mars en ce qui les concernait. Ils proposèrent de décerner pour récompenses militaires des couronnes de laurier, dans des solennités pareilles à celles des jeux olympiques, aux guerriers qui se seraient distingués, ou qui se signaleraient à l'avenir par des actions d'éclat (1).

On apprit ensuite, par les ministères réunis de la police et de l'intérieur, que le sultan se préparait à faire sortir des Dardanelles, sous le commandement du Capitan pacha, soixante huit frégates, corvettes ou bricks qui, réunis aux escadres barbaresques, présenteraient un effectif de cent douze voiles de guerre, montées par plus de vingt mille matelots, et portant en batterie au-delà de

(1) Extrait du procès verbal des séances du congrès d'Astros.

deux mille canons de tout calibre. Le commandement suprême de ces forces redoutables, dans d'autres mains que celles de Khoreb pacha, qui n'avait aucunes connaissances maritimes, était cependant plus inquiétant que les armements des années précédentes; mais comme il n'y a pas de bátiments légers pour des marins turcs (1), on laissa le soin aux navarques grecs de faire justice des infidèles par mer, tandis qu'on leur tiendrait tête sur les frontières.

Un rapport de Marc Botzaris, stratarque de la Grèce occidentale, informait le congrès que les débris des armées d'Omer Brionès et de Routchid pacha rentraient à peine dans l'Épire, lorsque des ordres, émanés de Constantinople, leur prescrivirent de rejoindre les drapeaux du sultan avec de nouvelles levées qui devaient se réunir à Larisse et à Janina. Les firmans de guerre, publiés dans les différents cantons des Albanies, par lesquels on promettait vingt-cinq piastres de solde par mois aux Schypetars, ne compensaient pas à leurs yeux le prix du sang versé dans une guerre qu'ils soutenaient depuis plus de trois années. Le rocher de Souli leur avait coûté onze mille hommes, la dernière campagne dans l'Étolie autant : « Et l'œil du voyageur, disaient les chefs des Toxides, ne voyait bientôt plus que des femmes dans des montagnes naguère habitées par une population florissante. >>

(1) Extrait d'une lettre d'un officier de la station navale française.

L'année précédente, la Porte Ottomane avait inutilement appelé les Bosniaques à la défense du trône d'Ottman, et il était probable qu'ils seraient aussi indifférents à sa cause pendant le cours de cette campagne (1). Il ne devait pas en être de même de Moustaï pacha, pourvu qu'on le tranquillisât sur les dispositions des Monténégrins, chose à laquelle le congrès savait qu'une puissance limitrophe du Czerna Gora travaillait activement. Il était donc probable que ce jeune visir descendrait en Épire, et que les principaux efforts des Turcs seraient dirigés contre l'Étolie. Marc Botzaris travaillait en conséquence à rendre Missolonghi une place de refuge pour toute la population de cette province. Déja il était parvenu à faire creuser un fossé large de quarante pieds sur vingt-cinq de profondeur, du côté de la terre ferme, où l'on avait établi soixante-douze pièces de canon en batterie. On s'était également occupé de fortifier l'île d'Anatolico, située à l'entrée des pêcheries. On avait fait approvisionner le rocher d'Apocleïstra, mais Botzaris recommandait en cas de danger imminent, de ne pas perdre de vue Missolonghi, au sort duquel était liée la défense et la sûreté du Péloponèse, aussi long-temps qu'on ne serait pas maître du château de Patras, ainsi que des Petites Darda

(1) Il existe des capitulations en vertu desquelles les Bosniaques ne marchent à l'armée qu'en cas de guerre contre l'Autriche. Leur présence était d'ailleurs nécessaire pour surveiller et maintenir les Serviens dans l'obéissance.

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