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nelles et de Lépante, qui étaient toujours occupés par les Turcs. Enfin, un rapport d'Odyssée faisait connaître, en ces termes, les moyens de sauver la patrie (1).

Mon opinion relativement à la manière de nous défendre sur la frontière de la Grèce orientale, est d'attaquer l'ennemi pendant l'hiver et de nous tenir sur la défensive en été. La Grèce étant coupée de golfes et entourée de la mer, une force navale est indispensable. Mon opinion serait que le gros de nos escadres fut stationné aux environs de Psara, ou bien à Samos pour défendre ce passage contre la flotte ottomane.

Il y a deux grandes routes par lesquelles on peut envahir la Grèce, Arta et Zeïtoun. Pour empêcher les Turcs d'avancer jusqu'à Livadie, Salone, etc., on doit placer deux mille hommes à Stretezza, appuyés par des croiseurs qui se tiendraient dans le golfe Maliaque, tandis que mille hommes de ces troupes seraient embusqués entre Zeitoun et Thaumacos, afin de couper les lignes de communication des barbares. Deux mille hommes doivent être établis dans le pas des Thermopyles. L'espace entre la mer et les montagnes sera fortifié par des redoutes et des travaux de campagne. Le troisième corps,

(1) C'est ce document que le colonel Stanhope vient de faire imprimer, quoique Odyssée lui en eût donné communication, sous la condition expresse de le tenir secret. Nous nous étions abstenú d'en faire mention, et ce n'est que parce qu'il est rendu public que nous le rapportons.

fort de trois mille soldats, sera envoyé dans la province de Patradgick. De cette dernière division, deux mille hommes camperont à Altos, et le surplus, près de la place, embusqué dans les bois. Attaqués sur ce point par les Turcs, nos soldats, cachés dans les bois voisins de Nea Patra, tomberont sur les barbares pendant la nuit et les disperseront.

Un autre corps de cinq mille hommes sera envoyé dans le district de Macrynoros; trois mille de ceux-ci seront portés dans le défilé de ce nom, et le restant s'étendra aux environs.

Par ces moyens, l'armée ennemie, que j'évalue à soixante mille hommes, ne pourra essayer de pénétrer dans la Grèce que par l'une des deux routes dont j'ai fait mention; et douze mille fantassins, pourvus de ce qui est nécessaire, seront suffisants sur ces points pour arrêter l'ennemi. Il est toutefois bien entendu que les Grecs doivent être maîtres de la mer, ou mon plan est impossible.

Le ministre de la guerre, en faisant ce rapport, ne manqua pas de prouver à l'assemblée que la Macédoine et la Thessalie, situées en première ligne, étaient hors d'état de fournir une armée aux Osmanlis. Ces provinces, épuisées de leurs populations turques par trois années consécutives de guerre, avaient au contraire besoin de secours étrangers pour être à l'abri d'une invasion de la part des Hellènes. Du nombre des Sangiac-beys, ou seigneurs, qui auraient pu rassembler l'arrièreban des milices mahométanes, vingt-six avaient été vendus aux dernières enchères publiques à

Tripolitza, et presque tous les autres étaient morts. Le recrutement d'une armée dans la Macédoine transaxienne était à peu près illusoire, car la fausse position dans laquelle se trouvait Aboulouboud vis-à-vis de son gouvernement, annonçait qu'il paralyserait les forces de son pachalick. On était même porté à croire qu'après avoir créé une conspiration à Serrès, pour se donner une grande importance, il n'était pas étranger aux troubles qui s'étaient récemment manifestés à Philippopolis ainsi que dans plusieurs autres villes de la Bulgarie, où l'on s'était prononcé contre toute espèce de recrutements forcés. Enfin, il était positif que les janissaires, qui avaient mis le feu à l'arsenal de Tophana, loin de prendre part à la guerre, s'appliquaient à la dépopulariser; et, leur système se trouvant conforme à l'apathie de la masse du peuple de Constantinople, Sa Hautesse ne parviendrait pas à faire sortir de sa capitale un seul orta de janissaires pour combattre les insurgés.

Telle fut la première partie du rapport ministé riel; mais, comme on savait que Sélim, pacha d'Andrinople, était parvenu à rassembler douze mille hommes, il fallait songer à prendre des mesures afin de le combattre. Ce visir, nommé serasker, s'était mis en marche pour combattre les Hellènes dès le commencement du mois d'avril, en réunissant sous ses drapeaux quelques contingens de la Macédoine transaxienne. En passant en Salonique il s'était renforcé d'un corps de trois mille quatre cents hommes et de mille canonniers, qui

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avaient un parc de soixante pièces de canon de cam-` pagne. Les coups qu'on méditait contre la Hellade devaient partir de Larisse; et les Grecs chargèrent, en vertu d'une décision décrétée le avril, le général Panorias de se rendre dans la Phocide et de donner le signal d'alarme aux montagnards par la proclamation suivante.

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« Très-chers frères, habitants de la Grèce orien<< tale, le congrès national, attentif aux disposi<< tions nouvelles de nos oppresseurs contre la Hel<«< lade, vous annonce le retour des combats. Quoi« que sans inquiétude snr leur issue, car les Grecs « ne peuvent plus être vaincus par les Turcs, vos députés, sachant que vous n'étiez pas en mesure « de repousser l'ennemi, vous offrent, en attendant «<les secours qui vous seront envoyés, de recevoir << dans les provinces de Vostitza, de Corinthe et de << Calavryta, les femmes, les vieillards et les enfants <«< que vous jugerez à propos d'éloigner de votre << pays. Pour vous, courez aux armes. Nous avons déja obtenu de grands et de nombreux succès << sur nos tyrans; encore quelques sacrifices, et le « triomphe de notre liberté est certain.»

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Par suite des dispositions qu'on arrêta en conséquence de cette proclamation, Odyssée, Jean Gouras, Panorias, et les frères Hyoldaches, furent nommés stratarques de la Grèce orientale. Le béotarque Diamantis et Cara Tassos du mont Olympe eurent ordre de couvrir Trikeri ainsi que la Magnésie; et, Constantin Métaxas ayant été nommé éparque de Missolonghi, l'assemblée porta son at

tention sur des objets d'une importance moins di

recte.

Emmanuel Tombazis fut confirmé en qualité d'Harmoste de l'île de Crète, à laquelle on permit de conserver son gouvernement particulier. Depuis qu'elle était délivrée de la funeste influence de Michel Comnène Aphendoulief, les insurgés s'étaient emparés du fort de Sélino. Les suites de l'occupation de cette place avaient eu pour résultat l'affranchissement des cantons voisins de la ville de Candie, dans laquelle les barbares avaient été obligés de se renfermer, et où ils s'étaient aussitôt trouvés en proie au fléau de la peste.

Des considérations pareilles décidèrent le congrès à permettre que l'Eubée, qui est une des sept principales îles de l'Archipel, fût régie par une Gérousie particulière. On plaça à la tête de ce sénat Théoclet Pharmacide, archimandrite de l'église grecque de Vienne en Autriche, et rédacteur du Mercure hellénien, qui s'imprimait autrefois dans cette ville (1). On nomma ensuite à la présidence du pouvoir exécutif Pierre Mavromichalis, à celle du sénat législatif Georges Condouriotis, d'Hydra; enfin, l'assemblée des états de la Hellade ayant décidé que le siége du gouvernement serait fixé à Tripolitza, en attendant qu'il fût, conformément à l'acte d'Épidaure, établi à Athènes, le dernier acte du congrès fut

(1) Avant l'influence antilittéraire d'un personnage qui aspire à gouverner par l'ignorance; moyen conseillé aux pau-' vres d'esprit par Machiavel.

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