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été détruite pendant la campagne précédente. Le succès pouvait être calculé à point nommé; Hyscos, qui était tombé malade, se trouvait renfermé dans le monastère de Brossos, situé au canton d'Apocoro; et les Turcs n'avaient, à proprement parler, en tête que Stournaris, qui couvrait avec trois cent cinquante hommes le pont de Tatareïna, distant de cinq heures de marche de Vrachori.

Les détails de ces mouvements, qui annonçaient l'invasion générale de l'Étolie par les barbares, étant parvenus à la connaissance de Marc Botzaris dans la nuit du 14 août, il résolut de marcher à l'ennemi. Il connaissait la grandeur du danger qui menaçait la patrie; et s'il n'espérait pas arrêter le torrent, il est vraisemblable qu'il se flattait d'obtenir, par une mort salutaire, les résultats que produisit autrefois parmi les Grecs le beau trépas de Léonidas, en ranimant le courage des Hellenes. Avant de se porter en avant, il fit ses adieux à sa famille, à laquelle il écrivit, ainsi qu'au vénérable archevêque d'Arta, Ignace, retiré depuis plusieurs années à Pise, auquel il adressa la lettre suivante, qui fait connaître l'état des affaires de la Grèce occidentale.

(1) « Très-saint archevêque métropolitain, lui «<mandait-il, l'ennemi a pénétré dans la Grèce oc

(1)

Απὸ Σοβαλάκκον, τὴν 3 αὐγούστου, 1823.

ὁ ἐχθρὸς ἐπροχώρησεν εἰς τὴν δυτικὴν Ἑλλάδα, ὑπέταξε τὸ Ασπροπότα μον καὶ τὰ ἔγραφα, αἰχμαλώτισε καὶ κατέσφαξε πολλοὺς τῶν κατοίκων·

«<cidentale! Les éparchies d'Aspropotamos et d'A«grapha sont en son pouvoir; il traine en esclavage «ou il égorgé une foule de leurs habitants. Ceux « qui ont pu se dérober à sa fureur se réfugient dans «<le Sovalacos, le Zygos et les villages de ces con«trées. Pour nous, nous marchons à sa rencontre, « en nous dirigeant du côté de Carpenitzé. Les Acar«naniens occupent et défendent les défilés de leur province. Le serasker en chef de l'armée ennemie « est le Scodra pacha.

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«Que la divine Providence nous donne la force « de résister à l'ennemi, et qu'elle daigne nous assister. MARC BOTZARIS.

«

De Sovalacos, le 3 août ( v. s. ) 1823. »

Dans cet instant mémorable, Zongos et Makrys, qui avaient rassemblé plusieurs bandes, étant parvenus à former un corps de seize cents montagnards, harcelaient l'avant-garde ennemie, forte de sept mille hommes, en voltigeant sur sa droite, tandis que Stournaris inquiétait son flanc gauche par de fréquentes attaques. A chaque défilé, au passage de tous les lieux boisés, on avait fait payer cher aux barbares le terrain qu'ils gagnaient, sans pou

ὅσοι ἐξέφυγον τὴν ὀργήν του, κατέφυγον εἰς τὰ ἐνδότερα Σοβαλάκκου μέρη, εἰς τὸν Ζυγὸν καὶ τὰς λοιπὰς χώρας. ἡμεῖς ἐξήλθομεν εἰς ἀπάντησίν του, καὶ εἴμεθα στρατοπεδευμένοι εἰς τὸ μέρος τοῦ Καρπενησίου· τὰς δὲ ἀναγ καίας θέσεις τοῦ Καρλελίου τὰς κρατοῦν οἱ ἐντόπιοι. Αρχηγὸς τοῦ ἐχθρικοῦ στρατεύματος τοῦ ἐρχομένου πρὸς τὸ μέρος τοῦτο εἶναι ὁ Σκόδρας πασᾶς. Εἴθε ἡ θεία δύναμις νὰ μᾶς δώσῃ θάῤῥος πρὸς ἀνθίστασιν τῶν ἐχθρῶν, καὶ νὰ ἐξοικονομήσῃ τὰ πάντα!

Μάρκος ΜΠΟΤΣΑΡΙΣ.

voir empêcher Moustaï pacha de s'emparer de Carpenitzé, où il avait établi son quartier-général, lorsque Marc Botzaris fit savoir à ses frères d'armes de faire les mêmes manoeuvres jusqu'au pont de Tatareïna, qu'il fallait empêcher l'ennemi de franchir. Les Grecs continuèrent donc à se replier jusqu'au mont Phrycias ou Amphrysse, où ils se réunirent pour faire front à l'ennemi, qu'ils battirent près du village d'Achillée, et qu'ils obligèrent à se retirer précipitamment vers Carpenitzé, où Moustaï pacha envoya aussitôt des secours afin de reprendre l'offensive.

Les Turcs, qui avaient été repoussés aux approches du pont de Tatareïna, reparaissaient en force de toutes parts, lorsque Marc Botzaris arriva à l'entrée des gorges du mont Callidrome, le août, avec quatre cent cinquante guerriers de la Selleïde, et trois cents Hellènes recrutés dans le mont Aracynthe. Réunissant aussitôt ces Étoliens au corps commandé par Makrys, il lui assigna, ainsi qu'à Zongos et aux autres chefs, les différents postes qu'ils devaient occuper pour inquiéter l'armée turque, en les prévenant d'en suivre les mouvements, de la harceler et de cesser toute espèce d'attaque pendant la nuit suivante, jusqu'à un signal convenu qu'il leur donnerait.

Chacun obéit, et les Hellènes, au nombre de deux mille cinq cents, tels que des vautours prêts à fondre sur leur proie, s'étant rendus aux embuscades qui leur étaient désignées, l'Aigle de la Selleïde avec quatre cent cinquante braves, seuls de

vant une armée de plus de vingt mille barbares, résolurent de s'opposer à ce torrent.

Moustaï pacha, indépendamment de quatorze mille Guègues de la haute Albanie, avait reçu une division de cinq mille Toxides, levés dans les monts Candaviens; près de deux mille Iapyges, enrôlés dans les villages voisins de Tébélen, et une foule de milices turques sorties de Castoria ainsi que des villages qui avoisinent l'Haliacmon. Les chrétiens connaissaient ces troupes, ils savaient apprécier leur valeur, lorsque, le 20 août, Marc Botzaris résolut d'attaquer un corps de huit mille hommes que le serasker avait portés en avant.

Suivant l'usage immémorial des belliqueux enfants de la Grèce, Marc Botzaris se prépara au combat en célébrant avec ses soldats un banquet dans lequel il offrit des libations à la Vierge couronnée, protectrice de Souli. Chacun se purgea ensuite de toute espèce de souillure en se baignant dans les eaux du Campyse, rivière qui s'épanche dans l'Achélous; et après avoir soigneusement peigné leurs chevelures ondoyantes, tous parés de leurs plus beaux habits, s'étant couronnés de fleurs, se réunirent devant le polémarque pour entendre sa résolution.

Marc Botzaris, vêtu de sa chlamyde bleue, signe distinctif des stratarques parmi les Hellènes, leur exposa son dessein dans ces termes, que nous nous faisons un devoir de rendre fidèlement: << Mes chers «< frères et compagnons d'armes! Que ceux qui «< croient à la divinité du Christ, dont le signe au

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« guste flotte devant nous, se préparent à com<< battre, à vaincre ou à mourir! Si nous comparons << nos forces avec celles des barbares, nous sommes << incomparablement les plus faibles en nombre; << mais vous avez dû juger, par les mesures que j'ai prises, que, s'il nous est impossible de leur résis<< ter en plaine, nous pouvons les battre partielle<< ment et les anéantir en détail. Tel était d'abord <«< mon projet; mais entourés comme nous le som«< mes maintenant, il serait aussi honteux à des << Souliotes de reculer, que de chercher inutile<< ment à disputer aux infidèles le terrain par des << escarmouches. Amenés par Dieu même en champ clos, la patrie et la postérité attendent de nous « un exemple mémorable!!!

<< Cette nuit, mes frères, cette nuit même, pen<< dant cette nuit redoutable, j'ai résolu d'entrer << dans le camp des infidèles sans brûler une amorce. « Le poignard et le sabre seront nos seules armes « pour y répandre la désolation, la terreur et la << mort, compagnes inséparables des coups que <«< nous leur porterons dans l'obscurité !... L'entreprise est audacieuse, je le sens avec orgueil; que chacun de vous en considère le danger, et « se décide librement, car je n'admets au partage <«< d'aussi nobles périls que des hommes de bonne « volonté. >>

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Ainsi parla Marc Botzaris; et deux cent quarante palicares sortis des rangs s'étant écriés : Nous marcherons cette nuit avec toi, et nous espérons que la divine Providence nous assistera, il les bénit au nom de la patrie et de l'Éternel.

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