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son des obstacles dont ils triomphaient, lorsqu'une clameur, pareille à celle d'Odin conviant ses guerriers aux fêtes sanglantes de Mars, se fait entendre.

C'était la voix d'un Scandinave, le cri terrible du capitaine Staël Holstein! Salut et gloire aux illustres Germains, ils demandaient à mourir. Autour du brave des braves, marchent Sandemann, de Hambourg, qui vient de tuer, de sa main, deux Turcs acharnés à sa poursuite; le lieutenant Sander, les Prussiens Smith, Krusmarck, Feldau, qui ont dispersé une nuée de barbares, Seiger de Stutgard, le sergent Ober, Felds Hellmann de Leipsick, Wolf, Descheffy, Dieterlein, Koenig, qui se groupent pour combattre et pour périr ensemble. On voit se réunir à leurs accents Kaisemberg, Olmacher, Ébu, Wetzer, Éïsen, Rosensthiel, Lascy, Plenario de Trieste, Miowiłowitchs de Venise, Torricella de Milan, Plenario, Tazzio, les Céphaloniens Métaxas, Georges, et ce vieil enfant de tribu, d'Arbousse, sous- lieutenant des mameloucks de la vieille garde de France. Ils marchent, le front levé, en jonchant les rues de Pèta de morts; et parvenus à s'emparer d'une chapelle isolée, ils consomment leur glorieux sacrifice en s'ensevelissant, avec l'étendard sacré de la Croix, qu'ils avaient juré de défendre, sous les ruines embrasées du temple de l'Éternel prosent Ala faveur de la résistance de ces honorables victimes, une foule de guerriers, qui s'étaient fait

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jour à travers les rangs des barbares, guidés par le général Norman, parvinrent à se rallier à Langada, où Marc Botzaris rejoignit, le soir même, le quartier général, composé d'Alexandre Mavrocordatos, et quelques officiers qui n'avaient pas assisté au combat. Les prisonniers turcs qu'il conduisait avec lui, avaient été massacrés par l les armatolis du mont Djoumerca, auxquels il les avait confiés, quand ils apprirent la défection de leur capitaine Gogos Bacolas. Ils s'étaient imaginé, par cette cruauté, donner aux insurgés une preuve de leur fidélité, en rompant ainsi, pour toujours, avec les Turcs; de sorte qu'il y eut dès ce moment, dissension entre les armatolis de l'Athamanie. Marc Botzaris, en gémissant de cette action, offrit encore à Mavrocordatos de reprendre l'offensive, mais on ne songeait plus qu'à battre en retraite. Le découragement était tel, qu'on proposait de partir à l'instant; cependant, en réfléchissant que les mahométans étaient aussi fatigués qu'on l'était, et qu'on avait plusieurs lieues d'avance sur eux, on reprit courage, et on ne se remit en route que le lendemain pour se rendre à Comboti, d'où l'on continua paisiblement à rétrograder vers l'Acarnanie, sans rencontrer aucun obstacles to es

FanLes Turcs avaient trop chèrement acheté lá victaire pour songer à poursuivre les chrétiens. Plus empressés de jouir de leurs succès que de courir de nouveaux hasards, les pachas victorieux étaient rentrés le 16 juillet au soir à l'Arta, chargés des

dépouilles des vaincus, précédés des deux pièces de canon qu'ils leur enlevèrent, et traînant à leur suite trente-deux blessés qu'ils avaient pris sur le champ de bataille. Plusieurs des mahométans portaient, attachés à leurs turbans, des étoiles de la Légion-d'Honneur, des décorations militaires et des ornements de franc-maçonnerie qu'ils avaient trouvés sur les morts ou dans les bagages. L'air retentissait des chants des derviches, des vociférations des spahis, des hurlements d'une multitude irritée d'avoir perdu plus de neuf cents hommes et de compter le double de blessés qui poussaient des cris lamentables en demandant du sang et des têtes.

Tous étaient d'accord sur ce point, et on n'avait épargné les prisonniers que pour les livrer aux plus cruels supplices, sans que le moyen de l'apostasie, qu'on leur offrit pour se racheter, fût capable d'ébranler leur constance. De vieux soldats ne renient pas plus leur Dieu que leur patrie. Après leur avoir crevé les yeux, on les laissa exposés, pendant plusieurs jours, à l'ardeur du soleil sur la place de l'église de Saint-Minas, livrés aux insultes d'une soldatesque fanatique, qui les mutila avec tous les raffinements de la cruauté, avant que les pachas permissent aux bourreaux d'abréger leurs souffrances en faisant tomber leurs têtes. Telle fut la fin de ces hommes dignes d'un meilleur sort, que le capitaine Allios et le protopalicare du capitaine Makrys vengèrent bientôt après, en faisant

pendre sur le champ de bataille de Pèta, l'un par l'autre jusqu'au dernier, qu'on renvoya aux pachas après lui avoir crevé les yeux, six beys et quatrevingt-deux mahométans qu'ils avaient pris dans une embuscade.

Tandis que ces affreuses représailles s'exécutaient, Cyriaque se signalait aux bords de l'Achéron par des prodiges de valeur, qui sembleraient surpasser le courage humain, si on n'avait pas connu, par les récits de cette histoire, ce dont les enfants des pâtres de la Grèce sont capables. Dans une sortie il avait tué six agas de sa main, et, dédaignant de frapper la tourbe vulgaire des soldats, il poursuivait leur serasker prêt à tomber sous ses coups. C'en était fait du noble barbier de Khourchid, Méhémet pacha, le chevrier du mont Taygète était au moment de l'atteindre, quand un boulet frappa son cheval. Le coursier de la Laconie tombe en bondissant, et Cyriaque, étourdi de sa chute, reste privé de sentiment.

Les barbares, à cet aspect, reviennent sur leurs pas pour enlever ses dépouilles, et un combat sanglant s'engage entre eux et les palicares accourus pour s'emparer du corps de leur chef. Des cris perçants retentissent, on se chargeait déja avec fureur, quand Cyriaque, qui n'était qu'évanoui, se levant avec une vigueur nouvelle et ressaisissant son sabre, frappe, repousse et disperse les Turcs épouvantés, qui s'éloignent pour faire face à d'autres dangers, tandis que les chrétiens, soute

nant leur capitaine, regagnaient la palanque de Phanari.

Les barbares venaient d'être informés par Omer Brionès, que Christos Tzavellas, qu'on croyait dans les hautes régions du Pinde, était au moment de pénétrer dans la Thesprotie.

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Après les affaires malheureuses de Sclivani, de Placa et de Pèta, réunissant les débris des bandes de Marc Botzaris et des capitaines qui avaient combattu sous ses drapeaux, il en avait formé un corps avec lequel il voulait pénétrer dans la Selléide. Traversant les Catzana-Choria, il avait brûlé, en vue de Janina, les magasins des Turcs, établis à Rapchistas, et égorgé leur dépôt qui se trouvait au Khan de Saint-Dimitri. Précédé de l'épouvante, il venait de franchir les montagnes de la Tymphéïde, lorsqu'arrivé près de Paramythia il trouva devant lui un corps nombreux de Turcs qui le contraignirent de retourner sur ses pas. Déja de nombreux détachements avaient été mis à sa poursuite, et comme il n'avait que trois cents hommes pour faire face à tant d'ennemis, il se contenta de leur avoir causé des pertes considérables et de rentrer dans l'Achéloïde, qui était occupée par le capitaine Stournaris.

Les Turcs, libres de ces inquiétudes, étant revenus en force contre Phanari, et ayant renversé les murs de ce fort, Cyriaque, voyant l'impossibilité d'une plus longue résistance, conseilla aux paliçares qui lui restaient de ne plus songer qu'à leur

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