HALI, MUSICIENS. HALI aux musiciens. Hut. N'avancez pas davantage, & demeurez dans cet endroit, jusqu'à ce que je vous appelle. $ CE N E II. " H A L I feul, I une étoile qui montre le bout de son nez. Sotte condition que celle d'un esclave, de ne vivre jamais pour soi, & d'être toujours tout entier aux passions d'un maître, de n'être réglé que par ses humeurs, & de se voir réduit à faire ses propres affaires de tous les soucis qu'il peut prendre ! Le mien me fait ici épouser ses inquiétudes; &, parce qu'il est amoureux, il faut que, nuit & jour, je n'aye aucun repos. Mais voici des flambeaux, & sans doute, c'est lui. SCENE I I I. > ADRASTE, DEUX LA QUAIS portant chacun un flambeau , HALI. ADRASTE. HALI. A DRASTE. Aufsi ne crois-je pas qu'on puiffe voir personne qui sente dans son cœur la peine que je sens. Car, enfin, ce n'est rien d'avoir à combattre l'indifférence, ou les rigueurs d'une beauté qu'on aime, on a toujours au moins le plaisir de la plainte, & la liberté des soupirs; mais ne pouvoir trouver aucune occasion de parler à ce qu'on adore, ne pouvoir savoir d'une belle , fi l'amour qu'inspirent ses yeux , est pour lui plaire ou lui déplaire, c'est la plus fâcheuse, à mon gré, de toutes les inquiétudes ; & c'est où me réduit l'incommode jaloux qui veille, avec tant de souci, sur ma charmante Grecque, & ne fait pas un pas sans la traîner à ses côtés, HALI. parlé des que cha cun, HALI. Mais il est, en amour, plusieurs façons de se parler; & il me semble, à moi, que vos yeux & les fiens depuis près de deux mois, le font dit bien des choses, ADRASTE. Il est vrai qu'elle & moi souvent nous nous sommes yeux ; mais comment reconnoître de notre côté, nous ayons, comme il faut, expliqué ce langage ? Et que sais-je, après tout, si elle entend bien tout ce que mes regards lui disent , & fi les siens me disent ce que je crois par fois entendre ? HALI. Il faut chercher quelque moyen de se parler d'autre maniére. A DRASTE. As-tu-là tes musiciens ? HALI. Oui. ADRASTE. (feul.) Fais les approcher. Je veux, jusque au jour, les faire ici chanter , & voir si leur musique n'obligera point cette belle à paroître à quelque fenêtre. SCENE I V. ADR ASTE, HALI, MUSICIENS. LE HALI. ADRASTE. Tome IV X l'autre jour. HALI. Il faut qu'ils chantent un trio qu'ils me chantérent ADRASTE. HALI. ADRASTE. HALI. Monsieur, je tiens pour le bécare. Vous savez que je m'y connois. Le bécare me charme; hors du bécare, point de salut en harmonie. Ecoutez un peu ce trio. ADRASTE. Non. Je veux quelque chose de tendre & de passionné, quelque chose qui m'entraîne dans une douce rêverie. H ALI. Je vois bien que vous étes pour le bémol; mais il y a moyen de nous contenter l'un & l'autre. Il faut qu'ils vous chantent une certaine scéne d'une petite comédie que je leur ai vû eflayer. Ce sont deux bergers amoureux, tout remplis de langueur , qui, sur bémol, viennent séparément faire leurs plaintes dans un bois, puis se découvrent, l'un à l'autre, la cruauté de leurs maîtrelles ; & là-deflus, vient un berger joyeux avec un bécare admirable, qui se moque de leur foiblelle, ADRA STE. J'y consens. Voyons ce que c'eft. HAL I. Voici , tout juste , un lieu propre à servir de scene ; & voilà deux Aambeaux pour éclairer la comédie. A DRASTE. Place-toi contre ce logis, afin qu'au moindre bruit que l'on fera dedans, je faffe cacher les lumiéres, FRAGMENT DE COMÉDIE, qu'Hali a amenés. SCENE PREMIERE. PHILENE, TIRCIS. I, du triste récit de mon inquiétude, Rochers, ne soyez point fâchés ; Tout rochers que vous étes , Vous en serez touchés. Et moi, j'y recommence Ah ! Mon cher Philéne. TIR CIS. TIRCIS. PHILENE. |