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TOUS DEUX ENSEMBLE.
O loi trop inhumaine !

Amour, fitu ne peux les contraindre d'aimer,
Pourquoi leur laiffes-tu le pouvoir de charmer ?

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PHILENE, TIRCIS, UN PASTRE.

III. MUSICIEN représentant un Pâtre.

Auvres amans, qu'elle erreur

PA

D'adorer des inhumaines ! .

Jamais les ames bien faines
Ne fe payent de rigueur ;
Et les faveurs font les chaînes
Qui doivent lier un cœur.

On voit cent belles ici,
Auprès de qui je m'empresse;
A leur vouer ma tendresse,
Je mets mon plus doux fouci;
Mais, lorfque l'on eft tigreffe,
Ma foi, je fuis tigre aussi.

PHILENE ET TIRCIS ENSEMBLE.
Heureux, hélas ! qui peut aimer ainfi.
HALI.

Monfieur, je viens d'ouir quelque bruit au dedans.

ADRASTE.

Qu'on fe retire vîte, & qu'on éteigne les flambeaux.

SCENE I V.

D. PEDRE, ADRASTE, HALI.

D. PEDRE fortant de fa maison en bonnet de nuit, en robe de chambre, avec une épée fous fon bras. L y a quelque temps que j'entens chanter à ma

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rien.

pas pour Il faut que, dans l'obfcurité, je tâche à découvrir quelles gens fe peuvent être.

ADRAST E.

Hali.

HALI.

Quoi?

ADRASTE.

N'entens-tu plus rien?

HALI.

Non.

(D. Pédre eft derriére eux qui les écoute.)
ADRASTE.

Quoi ! Tous nos efforts ne pourront obtenir que je parle un moment à cette aimable Grecque,& ce jaloux maudit, ce traître de Sicilien me fermera toujours tout accès auprès d'elle?

HALI.

Je voudrois, de bon cœur, que le diable l'eût emporté, pour la fatigue qu'il nous donne, le fâcheux, le bourreau qu'il eft. Ah! Si nous le tenions ici, que je prendrois de joie à venger, fur fon dos, tous les pas inutiles que fa jaloufie nous fait faire !

ADRAST E.

Si faut-il bien, pourtant, trouver quelque moyen, quelque invention, quelque rufe, pour attraper notre

brutal. J'y fuis trop engagé, pour en avoir le démenti; &,.quand j'y devrois employer....

HALI.

mais

Monfieur, je ne fais pas ce que cela veut dire, la porte eft ouverte; &, fi vous le voulez, j'entrerai doucement, pour découvrir d'où cela vient. (D. Pédre fe retire fur fa porte.)

ADRASTE.

Oui, fais; mais fans faire de bruit. Je ne m'éloigne pas de toi. Plût au ciel, que ce fût la charmante Ifdore!

D. PEDRE donnant un foufflet à Hali. Qui va là ?

Ami.

HALI rendant le foufflet à D. Pédre.

D. PEDRE.

Holà, Francifque, Dominique, Simon, Martin, Pierre, Thomas, Georges, Charles, Barthélemi. Allons promptement, mon épée, ma rondache, ma halebarde, mes piftolets, mes moufquetons, mes fufils. Vîte, dépêchez. Allons, tue, point de quartier.

J

SCENE V.

ADRASTE, HALI

ADRASTE.

E n'entens remuer perfonne. Hali, Hali.
HALI caché dans un coin.

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ADRASTE.

Non. Perfonne ne bouge.

HALI fortant d'où il étoit caché.

S'ils viennent, ils feront frottés.

ADRASTE.

Quoi ! Tous nos foins feront donc inutiles? Et toujours ce fâcheux jaloux fe moquera de nos deffeins? HALI.

Non. Le courroux du point d'honneur me prend, il. ne fera pas dit qu'on triomphe de mon adreffe; ma qualité de fourbe s'indigne de tous ces obftacles, & je prétens faire éclater les talens que j'ai eûs du ciel. ADRASTE.

Je voudrois feulement que, par quelque moyen, par un billet, par quelque bouche, elle fût avertie des fentimens qu'on a pour elle, & favoir les fiens là-deffus. Après, on peut trouver facilement les moyens.... HALI.

Laiffez-moi faire feulement. J'en effayerai tant de toutes les maniéres, que quelque chofe enfin nous pourra réuffir. Allons, le jour paroît ; je vais chercher mes gens, & venir attendre, en ce lieu, que notre jaloux forte.

J

SCENE V I.

D. PEDRE, ISIDORE.

E ne fais

ISIDOR E.

pas quel plaifir vous prenez à me réveiller fi matin. Cela s'ajufte affez mal, ce me femble, au deffein que vous avez pris de me faire peindre aujourd'hui ; & ce n'eft guéres pour avoir le teint frais, & les yeux brillans, que fe lever ainfi dès la pointe du jour.

D. PEDRE.

J'ai une affaire qui m'oblige à fortir à l'heure qu'il eft. ISIDOR E.

Mais l'affaire que vous avez, eût bien pû se paffer, je crois, de ma préfence; & vous pouviez, fans vous incommoder, me laiffer goûter les douceurs du fommeil du matin.

D. PEDRE.

Oui. Mais je fuis bien aife de vous voir toujours avec moi. Il n'eft pas mal de s'affurer un peu contre les foins des furveillans; &, cette nuit encore, on eft venu chanter fous nos fenêtres.

ISIDORE.

Il eft vrai. La mufique en étoit admirable.

C'étoit

D. PEDRE.

pour vous que cela fe faifoit?

ISIDORE.

Je le veux croire ainfi, puisque vous me le dites.
D. PEDRE.

Vous favez qui étoit celui qui donnoit cette férénade?
ISIDOR E.

Non pas; mais, qui que ce puiffe être, je lui fuis obligée.

Obligée ?

D. PEDR E.

ISIDOR E.

Sans doute, puifqu'il cherche à me divertir.

D. PEDRE.

Vous trouvez donc bon qu'on vous aime?
ISIDOR E.

Fort bon. Cela n'eft jamais qu'obligeant.
D. PEDRE.

Et vous voulez du bien à tous ceux qui prennent ce foin?

Aflurément.

ISIDORE.

D. PEDRE,

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