Images de page
PDF
ePub

1152.

Louis avoit dissimulé en Asie son mécontentement sur la conduite d'EDivorce avec léonore, son épouse ; mais revenu dans

Eléonore.

son royaume, il se disposoit à éclater. Surger suspendit les effets de son ressentiment, en lui montrant les suites. dangereuses du divorce, qui le mettroit dans l'obligation de rendre à la souveraine de la Guienne les beaux états qu'elle lui avoit apportés en dot. Cet habile conseiller réconcilia assez bien les deux époux, pour qu'il leur naquît une fille, le second fruit de lenr mariage. Mais Suger mourut, et soit attachement à sa première résolution, soit nouveaux mécontentemens dans son mariage, le roi reprit son projet de divorce.

Il ne fut pas difficile à terminer: la parenté, prétexte ordinaire, légèrement discutée dans une assemblée d'évêques convoquée à ce sujet, fut le fondement de la sentence qu'ils prononcèrent. La reine le désiroit. On croit même qu'elle avoit déjà pris des mesures pour un nouvel engagement. Louis, disoit-elle de son mari, est plus moine que roi. Bien lui en prit, ajoute Mézeray, car s'il n'eût été un peu moine, il l'eût châtiée d'une autre façon, et n'eût pas été

[ocr errors]

si consciencieux, que de lui rendre la Guienne et le Poitou. Elle les porta, six semaines après son divorce, à Henri Plantagenet, comte d'Anjou déjà duc de Normandie, et désigné roi d'Angleterre, qu'elle épousa, et ne réserva rien pour les deux princesses qu'elle avoit eues du roi de France et qu'elle laissa à leur père.

[ocr errors]

1152.

Louis.

Deux ans après il se remaria à Second Constance fille d'Alphonse, roi de mariage de Castille. Ce mariage fournit au pieux 1154-55. monarque l'occasion d'un pélerinage à Saint-Jacques de Compostelle, mais on croit qu'il fut aussi attiré en Espagne par des raisons politiques, et par des affaires à régler avec son beaupère. Constance lui fit goûter les donceurs de la paix domestique, mais elle ne lui donna qu'une fille.

terre.

Le monarque ne tarda pas à éprou Frouilleries ver les fâcheux effets de son divorce, avec Henri, roi d'Angle Avant que de succéder au trône d'Angleterre, Henri II, duc de Normandie, fut, à l'égard du roi de France, vassal respectueux et soumis; mais sitôt qu'il se vit la couronne sur la tête, il devint difficultueux, querelleur, opiniâtre, artisan de prétentions toujours nouvelles. Il sembloit qu'il lui repugnat de se reconnoître vassal d'un mo

1154-55, narque à peine aussi puissant que lui; de sorte qu'on ne pouvoit s'empêcher de remarquer entre ces deux rois, un levain d'aigreur et de jalousie qu'Eléonore faisoit fermenter. Elle conservoit pour son premier mari un dédain

Union des seigneurs

français à Soissons.

qu'elle communiquoit au second. Rarement on pardonne à ceux qu'on a offensés; mais Louis eut lieu de se consoler des sacrifices qu'il avoit faits en la renvoyant, lorsqu'il la vit devenir le fléau de son second époux, armer ses enfans contre leur père, et remplir l'Angleterre de troubles et de confusion.

Louis ne pouvoit encore prévoir les ressources que la discorde dans la cour de Henri lui offriroit contre ses entre1155-59. prises; mais la trop grande puissance de son vassal lui donnoit nécessairerement des inquiétudes, et lui fit prendre une sage précaution contre les hostilités dont il étoit menacé. Les guerres que les seigneurs français étoient dans l'habitude de se faire entre eux pour le moindre sujet, occupoient leurs forces, et empêchoient le roi de tirer d'eux, dans les grandes occasions, les secours dont il avoit besoin. Il pourvut adroitement à cet inconvénient dans, une assemblée, qu'on nomme encore

[ocr errors]

concile,et qu'il tint à Soissons. On compte 1155-59. entre les grands qui s'y trouvèrent, le duc de Bourgogne, les comtes de Flandres et de Champagne, et beaucoup de marquis, de barons, de châtelains, tous souverains dans leurs terres ; et presque toujours en guerre les uns avec les autres. Le roi étoit estimé pour sa piété et sa bonne foi. Il leur fit entendre combien étoit fâcheuse pour les peuples, ruineuse pour euxmêmes, cette manière de soutenir leurs droits et de se faire rendre justice. Il les engagea de s'obliger, s'il naissoit quelques différens entre eux, de les terminer à l'amiable et par arbitres. Ils jurèrent en conséquence une trève de dix ans. Elle procura du moins quelque relâche à la France, que nous avons vue presque toujours tourmentée par des guerres intestines ou étrangères. Il y eut alors un schisme causé par deux prétendans qui se disputoient la thiare. Leurs droits furent vivement discutés par le clergé et dans les écoles, mais sans causer de troubles dans le

royaume.

roi.

La reine Constance mourut, et quinze Troisieme jours après, Louis épousa Alix, fille mariage du de Thibault - le Grand, comte de Champagne. Si on blâme la précipi

1160.

1160.

Guerre avec

[ocr errors]

tation de ce mariage, on doit du moins en reconnoître la convenance. Deux frères d'Alx avoient épousé les deux princesses, filles du roi et d'Eléonore, et peut-être y eut-il des raisons de consolider promptement, par de nouvelles noces, l'alliance avec une maison si voisine, si puissante, et jusqu'alors si facieuse.

Alors commencèrent ces guerres

PAngleterre. avec l'Angleterre, qui ont duré trois cents ans, guerres que les Anglais, ainsi qu'on le verra, ont faites contre la France, avec les forces de la France e; habiles dès ce temps à armer le continent pour leurs intérêts. Henri II mêla à ces premières hostilités une apparence de déférence respectueuse. Il assiégeoit Toulouse qu'il prétendoit appartenir à Eléonore, son épouse, ainsi que l'avoit aussi prétendu Louis au commencement de son règne. Mais Louis avoit transigé avec le possesseur d'alors, Raymond, qui avoit épousé sa sœur. A ce titre il embrasse sa défense, pénètre dans la ville à travers l'armée ennemie, et fait des sorties vigoureuses. Henri, déconcerté, lève le siège, en faisant dire au roi que le respect qu'il a pour son seigneur l'empêche de continuer l'attaque d'une

« PrécédentContinuer »