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ville qu'il défend en personne ;. mais
en même temps, de la Normandie où
il s'étoit retiré, il se
il se jette sur la Pi-
cardie et le Beauvoisis qu'il ravage
cruellement. La guerre alloit devenir
très animée et générale, lorsqu'un
légat, envoyé par Alexandre IlÏ, ré–
concilie les deux princes, leur fait si-
gner la paix et la cimente par les fian-
cailles qu'il fait lui même du jeune
Henri dit Court-Mantel, fils aîné du
roi d'Angleterre, et âgé de sept à huit
ans, avec Marguerite, fille de Louis
et de Constance, sa seconde femme
et moins âgée de deux ans que le jeune
prince.

?

Auguste.

1165.

65.

La naissance d'un fils étoit le vœu Naissance du roi et de la France entière. On le de Philippedemanda par des processions et autres actes de dévotion, auxquels le roi et la reine assistèrent avec une piété exemplaire. Il naquit enfin ce prince qu'on nomma Philippe Dieu-donné, comme étant un présent du ciel, et qui reçut depuis le surnom d'Auguste. Son berceau fut orné des palmes de la victoire et de l'olivier de la paix. Ces alternatives étoient dues aux hostilités et aux trèves avec l'Angleterre, qui se succédèrent pendant plusieurs années.

Elles aboutirent au célèbre traité de

Traité de Montmirail.

1169-70.

Montmirail dans le Maine. Le roi
d'Angleterre y parut, accompagné de
ses deux fils Henri et Richard. C'étoit
le jour de l'Epiphanie. En abordant le
roi de France, il lui dit: Seigneur
dans ce jour où trois rois ont offert
des présens au roi des rois, je me
mets sous votre protection avec mes
enfans et mes états. Après ce préam-
bule, il renouvela son hommage pour
la Normandie. Henri, son fils aîné,
en fit autant pour l'Anjou, le Maine et
la Bretagne, comme arrière-fief, et
Richard pour l'Aquitaine, dont Eléo-
nore se défit en sa faveur. Sans doute
alors se conclut le mariage de Henri le
jeune avec Marguerite, fille de Louis,
et de Constance; et on convint de
fiancer Alix, âgée de deux ou trois ans,
fille de la reine de France régnante
et de même nom que sa mère, avec
Richard, le second prince anglais,
âgé de onze à douze ans, L'âge tendre
de la princesse a fait douter à quelques-
uns qu'il y eut alors autre chose que
des propositions, et leur a fait reporter
les fiançailles, six ans plus tard, à la
paix d'Amboise, en 1174. Du reste,
dans cette assemblée célèbre les deux
rois se firent raison sur toutes leurs
prétentions, réglèrent leurs droits,

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1169-70.

fixèrent leurs domaines. Il fut de même stipulé que les grands vassaux qui avoient pris part aux dernières guerres seroient reçus en grâce par les deux rois, qu'ils se rendroient respectivement les prisonniers et les terres, châteaux et villes dont ils s'étoient emparés les uns sur les autres. Dans cette occasion, Henri le jeune servit à table le roi, comme grand sénéchal de France, charge qui étoit attachée au comté d'Anjou, dont il venoit de faire: hommage. On ne parla pas à Montmirail d'une nouvelle croisade; mais il en fut question dans une entrevue qui eut lieu l'année suivante, à Nonancourt, entre les deux rois. Ils ne parurent pas fort empressés ni l'un ni l'autre, et il y a lieu de croire qu'en montrant quelque condescendance pour cette entreprise, ils cédoient moins à leur inclination qu'aux instances pressantes du pape, qui cependant n'obtint que des promesses vagues.

de Thomas

1170.

Si l'influence de la cour de Rome fut, Meurtre utile au roi d'Angleterre dans toutes les Becquet. circonstances, la puissance qu'elle s'attribuoit l'embarrassa beaucoup à l'oc-. casion du meurtre de Thomas Becquet, archevêque de Cantorbéry. Ce prélat qui avoit été chancelier de Henri,

1170.

et son conseil, pourvu par lui de l'ar-
chevêché, encourut sa disgrace par
sa fermeté à soutenir les privilèges ec-
clésiastiques, et se retira en France.
Le roi le reçut avec respect et affection.
Le même légat qui venoit de faire la
paix des deux royaumes, réconcilia
aussi Thomas avec Henri. Le premier
retourna en Angleterre en pleine jouis-
sance de son siège et de ses droits. I
continua de les faire valoir, outre me-
sure à ce que
le roi prétendoit. Il lui
arrivoit journellement des plaintes en
Normandie, où il faisoit sa résidence
ordinaire, contre la rigueur du prélat
à faire exécuter ses propres ordon-
nances par la voie des censures et de
l'excommunication. Henri, fatigué de
ces dénonciations importunes, s'écrie
dans un moment d'impatience: N'y
aura-t-il donc personne qui me dé-
livre de ce prêtre? Aussitôt quatre
hommes, croyant faire leur cour au
roi, partent et assassinent l'archevêque
dans sa propre église.

Un cri d'horreur s'élève en Angleterre. Le crime est imputé à Henri. En vain, pour sa justification, il abandonne les coupables, et permet de les poursuivre et de les punir. On veut qu'un mot échappé dans la colère soit

un ordre ou un consentement; ou du moins que lui-même subisse un châtiment pour l'exemple. Il est menacé d'excommunication; son royaume va être mis en interdit. Il se soumet, et, pieds nus, en chemise, il se dévoue a toutes les humiliations de la pénitence publique devant le tombeau du prélat, qualifié du titre de martyr, et déjà célèbre par une réputation de miracles. Comment a-t-il oublié, disoit Louis, le conseil du prophète : Irascimini et nolite peccare. Mettez-vous en colère, mais ne péchez pas ? Il oublioit lui-même l'incendie de Vitry! Ces deux exemples sont un avertissement aux princes de mesurer leurs paroles, par ce qu'ils sont entourés de vils flatteurs, toujours prêts à seconder leurs desirs, et à les prévenir, quelque honteux et atroces qu'ils puissent être.

1170.

dans la cour

1171-72.

De retour en Angleterre, Henri, Discorde par des motifs politiques, dont il ne d'Angleterre. tarda pas à se repentir, associa à son trône son fils aîné Henri, dit le jeune, pour le distinguer de son père. Il n'avoit alors que quinze ans. Dans un âge aussi tendre, au milieu de l'éclat dont il étoit environné, et comblé des témoignages les plus délicats de l'affection

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