1171-72 Cotereaux, routiers. d'un père, tout sembloit devoir exciter vivement en lui le sentiment de la reconnoissance. Il ne laissa percer que celui de la fierté et de l'indépendance dont il ne tarda pas à donner des preuves plus manifestes. Marguerite ne fut pas couronnée avec lui. Louis s'en plaignit. Henri eut la condescendance de s'engager à faire recommencer la cérémonie; et à quelque temps de là, en effet, les deux époux furent couronnés à Winchester par l'archevêque de Rouen. Ils passèrent ensuite à la cour de France, où ils étoient ardemment désirés. Louis inspira, dit-on, à son gendre la prétention ou de jouir de l'Angleterre, dont il étoit couronné roi, ou de demander la Normandie, laissant le choix à son père. D'un autre, côté, Richard réclamoit la Guienne, qu'Eléonore lui avoit cédée, et la mère appuyoit la demande de ses deux fils, soit qu'elle espérât plus d'autorité en augmentant celle de ses enfans, soit par dépit des galanteries de leur père, qui lui rendoit avec usure les inquiétudes dont elle avoit payé la tendresse de son premier époux. Bientôt une révolte générale éclata. La guerre fut très-opiniâtre entre le père, d'une part, la mère et les deux fils de l'autre ; à ceux-ci s'étoient joints les rois de France et d'Ecosse. Les seigneurs se partagèrent entre eux, ce qui balança aussi les succès et les revers, et prolongea les hostilités. L'Angleterre en étoit le principal théatre. C'étoit là que le vieux Henri éprouvoit la plus forte résistance. Pour se débarrasser, tout d'un coup, de ces petites armées qu'on lui opposoit sans cesse, il ramasse en Normandie tout ce qu'il peut trouver de brigands, de bandits, de gens sans aveu, et accoutumés au pillage dans les guerres alors perpétuelles. On leur donna le nom de cotereaux, ou parce qu'ils étoient armés de grands coutels, ou parce qu'ils s'assembloient par coteries: de routiers, du latin rumpendo, parce qu'ils rompoient et brisoient. Avec cette troupe, qui faisoit la guerre sans ménagement, le roi d'Angleterre, en étonnant et effrayant, fut bientôt vainqueur. Au bout de dixhuit mois, fatigué de cette guerre immorale, et honteux d'en être le chef Louis fit des propositions de paix qui furent facilement acceptées. Le traité fut conclu à Amboise. Alors fut remise entre les mains du vieux Henri, et pour être élevée en Angleterre, Alix âgée de sept à huit ans, et desTom. III. F 1173–76. 1177. Nouveau traité. tinée à être l'épouse de Richard qu en avoit alors seize à dix-sept. Il n'y avoit que trois ans que la princesse avoit quitté la France, et elle n'avoit encore que onze ans, lorsque Henri réclama sa dot, et notamment la ville de Bourges qui en faisoit partie. Louis, ne s'y refusoit pas; mais il entendoit que le mariage fût célébré avant cet abandon; et parce que Henri, qui ne jugeoit point encore à propos de passer à la célébration, tenoit néaninoins à l'occupation de la ville, on se prépara de part et d'autre à la guerre. Louis fit intervenir le pape, qui menaça Henri de mettre son royaume en interdit, s'il se refusoit davantage à donner satisfaction au roi de France; de la de nouvelles et longues négociations, et enfin une entrevue à Nonancour. On parut y avoir oublié l'objet principals de la querelle, pour ne s'occuper que d'une nouvelle croisade où les deux Lois, à l'invitation du lé gat du pape, prirent l'engagement d'entrer. Quant à leurs différens particuliers, ils se bornèrent à nommer des arbitres, et firent néanmoins un traité dont les expressions sont remarquables. «Telle est, disent les deux «rois, et telle sera désormais notre « amitié, que chacun défendera la vie << de l'autre, ses membres, sa dignité, <<<< ses biens. Je secourerai de toutes « mes forces, moi Henri, Louis roi « de France, et moi roi de France, « de tout mon pouvoir, le roi d'An<< gleterre, mon homme et mon vassal». Cet accord qui tranquillisoit le roi d'Angleterre, favorisoit le desir qu'il avoit d'aller passer quelque temps dans son royaume; et afin de n'y être troublé par aucune inquiétude, il tira de Louis, avant son départ, une sauvegarde pour son duché de Normandie, et ses autres états de France. Louis fut heureux, de son côté, de ce que les troubles de la famille du roi d'Angleterre ne permirent pas à celui-ci d'employer contre lui toutes ses forces. Le vassal etoit alors plus puissant que le suzerain. Il venoit de conquérir l'Irlande: aux états qu'il possédoit en France, tant de son chef que de celui de sa femme, il avoit ajouté la Bretagne, en faisant épouser à Geoffroy, son troisième fils, l'héritière du dernier duc. Enfin, il s'étoit assuré une diversion d'Allemands, en cas de besoin, contre la France, par le mariage d'une de ses filles, Mathilde avec un duc de Saxe et de Bavière, le fa و 1.77. 1177. Accident meux Henri-le-Lion, dont la spoliation fait époque dans l'histoire d'Allemagne, et qui fut père de l'empereur Othon IV, dont la défaite à Bouvines est une des époques brillantes du règne de Philippe-Auguste. De nouveaux embarras militaires audu prince roient été d'autant plus fâcheux pour Philippe et pélerinage. Louis, qu'il commençoit à ressentir 1178-79 des infirmités. L'affoiblissement de sa santé lui inspira la résolution d'asso cier Philippe, son fils |