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miracles de St. Thomas de Cantorbéry. Louis-le-Jeune, qui avoit traité le prélat pendant qu'il étoit en France avec beaucoup d'égards, plein de confiance dans son intercession, part pour l'Angleterre, charge son tombeau de présens magnifiques, et revenant précipitamment dans son royaume, apprend, en débarquant, l'agréable nouvelle de la guérison de son fils.

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1178-79.

Sacre et

mariage de

Sitôt que sa convalescence fut confirmée, le roi reprit le dessein de le Philippe Aufaire couronner. Cette cérémonie se guste. fit à Reims, dont le frère de la reine 1179. étoit archevêque. Ce fut, dit-on, alors que le privilege exclusif d'être le lieu du sacre des rois fut annexé à cette ville. Elle fut la plus brillante qu'on eut encore vue. Le nombre des douze pairs, six ecclésiastiques et six laïcs, s'y trouva complet, ou en personnes ou par représentans. Henri-leJeune soutenoit la couronne, comme duc de Normandie; le comte de Flandres portoit l'épée royale; et ce sont, sans doute, les fonctions dont les autres pairs s'acquittèrent alors, qui ont réglé les attributs de leurs pairies; à l'un, le droit de présenter le sceptre, à l'autre, la main de justice, à un troisième, de chausser les éperons; et enfin, de s'ac

1179.

Mert de Louis VII.

1.85.

quitter de différens services, tant dans la cérémonie que dans le repas qui

suivoit.

Louis ne s'y trouva pas. Une maladie, suite de ses fatigues, le retenoit au lit. Il n'assista pas non plus à la cérémonie du mariage de Philippe auquel il donna pour épouse Isabelle, fille de Baudoin V, comte de Hainault. On remarqua que cette princesse descéndoit en droite ligne d'Ermengarde, fille du malheureux Charles de Lorraine, qui avoit été privé du trône après la mort de Louis V, son neveu, dernier roi de la race Carlovingienne. Les Français virent avec quelque plaisir la réunion des deux maisons royales. quoique ce fût au bout de deux cents ans, et un rejeton de Charlemagne briller encore sur leur trône.

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La maladie du roi, qui alloit toujours croissant, laissa au jeune Philippe, presque seul, les soins du gouvernement. On trouve des édits, lois et réglemens qui ne sont signés que de lui, même du vivant de son père. Ce prince languissoit, frappé d'une apoplexie qui lui fit perdre successivement l'usage de ses membre. Il mourut dans la soixantième année de son âge, la quarantième de son règne, et fut en

terré dans l'abbaye de Barbeaux, près 1180. Melun, qu'il avoit fondée et richement dotée (1).

Louis VII est regardé comme un prince des plus pieux qui aient régné sur la France. Avec les qualités d'un grand roi, prudence, bravoure, générosité, il avoit aussi celles d'un honnête homme; franchise, bonté, fidélité à sa parole. On ne lui reproche que cet excès de vivacité qui le rendit cruel à Vitry, et dont il eut des remords qui lui arrachérent souvent des soupirs. Nul roi, depuis que sa famille régnoit, n'avoit mieux soutenu les droits de sa couronne. S'il laissa échapper, par son divorce, des parties précieuses de son il en réunit d'autres, ou du moins il se fit des alliances utiles par les mariages de ses filles, et par le sien propre avec Alix de Champagne.

royaume,

(1) CHARLES IX, passant par cette abbaye, quatre cents ans après, fit ouvrir son tombeau. Le corps fut trouvé entier. Le roi prit pour lui une crosse d'or qu'il avoit au col, et distribua aux courtisans des bagues qu'on trouva à ses doigts. VÉLY, pag. 208, tom. 3.

Son carac

tère.

1180-81.

Auguste

Factions

pourle Gou

vernement.

PHILIPPE-AUGUSTE,

ágé de quinze ans.

Philippe II, Après avoir vu Philippe exercer 43e. roi de l'autorité royale du vivant de son père, Trance. on s'attend d'autant moins qu'elle sera remise entre les mains d'un autre, que le nouveau roi avoit quinze ans. Cependant Louis nomma un régent. Ce fut Philippe d'Alsace, comte de Flandres, homme estimé, honoré en tout temps de la confiance du dernier monarque, parrain du jeune, et devenu son oncle par le mariage d'Isabelle de Hainaut, sa nièce, avec le roi. Alix de Champagne, mécontente de cette disposition testamentaire, quitta la cour et se retira en Normandie. Elle y fut reçue par le roi d'Angleterre, avec des honneurs qui marquoient, dit un historien, autant d'envie de profiter des troubles, que d'estime et de respect pour une grande princesse. Ce desir, s'il a existé, mais qu'on peut presque toujours soupçonner dans les Anglais, quand ils se mêlent des affaires de France, n'eut alors aucune suite. Les parties s'accommodèrent. La reine eut la tutelle

de son fils, et le comte de Flandres, la régence du royaume.

Le régent avoit, sous Louis, profité de sa faveur, pour retenir le comté de Vermandois, que sa femme lui avoit laissé en usufruit au préjudice d'Eléonore sa sœur, et des droits du roi, le plus proche héritier après elle. La jalousie qui avoit sommeillé pendant la vie du bienfaiteur du comte de Flandres, se réveilla quand Louis fut mort. Il vit s'élever contre lui quatre frères de la douairière Alix de Champagne, tous, puissans en terres et en dignités. A ceux-ci se joignirent beaucoup d'autres seigneurs également accrédités dans le royaume. Soit trop grande difficulté pour se soutenir, soit dégoût d'une Cour où il étoit vu de mauvais œil, Philippe se retira dans ses états de Flandres.

Les confédérés ne conférèrent cependant pas la régence à la reine. Ils la firent tomber à Clément de Metz, simple gentilhomme, qui avoit été gouverneur du jeune monarque. De Metz ne vécut qu'un an. Son frère, aussi estimé que lui, le remplaça, et mourut aussi peu de temps après. Alors le roi, ayant dixhuit ans, prit en main les rènes du gouvernement. Il s'y fit aider par Guil

1180-81.

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