Images de page
PDF
ePub

1180-81. laume de Champagne, archevêque de Reims, homme d'un grand mérite frère de sa mère, et donna une grande autorité aux autres frères, qu'on soupçonne tous d'avoir suscité les intrigues qui dégoûtèrent le tuteur Flamand.

Etat de Paris. 1182-83.

Paris attira les premières attentions de Philippe l'étendue de cette capitale, depuis qu'elle avoit franchi les bords de son île, nommée la Cité, peut se connoître par les accroissemens qu'on laissa hors de l'enceinte que ce prince lui donna. Ces accroissemens étoient, du côté du Nord, le Louvre, Saint-Honoré, Saint-Martin, le Temple et leurs enclos, et une partie du Bourg-l'Abbé du côté du Midi et du Couchant, les bourgs de Saint-Eloi, de Saint-Victor, de Saint-Marcel, et de Saint-Germain-des-Prés. Tout ce qui restoit du côté du Nord, en deça des endroits cités, c'est-à-dire, depuis le petit Châtelet, à peu près, jusqu'à Saint-Gervais, et s'arrondissant derrière la Grève, fut environné d'un mur épais, flanqué de grosses tours ; le côté du Midi ne demandoit pas les mêmes précautions parce que le royaume s'étendant au loin dans cette partie, la capitale n'étoit point exposée à des incursions subites, comme du côté

par 1182-83.

,

du Nord, où elle se trouvoit resserrée
les seigneurs de Champagne et par ceux
de Flandres, qui venaient jusqu'à Beau-
vais et Dammartin. Le roi fit aussi paver
les rues,
et donna des ordres pour
qu'elles fussent nettoyées et débarrassées
des immondices qui s'accumuloient et
infectoient l'air. La lépre, alors fort
commune, avoit nécessité des lépro-
series, qui n'étant ni closes, ni sur-
veillées, laissèrent répandre et propager
cette affreuse maladie: le roi les fit
ceindre de murs, et y établit une police
prudente. Enfin, pour prévenir, s'il
étoit possible, tout genre de corruption
il fit des lois sévères contre les pros-
tituées. Un saint prêtre, nommé Pierre
de Roissi, en avoit converti quelques-
unes; le jeune monarque fit bâtir le
monastère de Saint-Antoine, pour re-
cueillir celles qui voudroient quitter
leurs mauvaises habitudes. Les inter-
valles qui restoient entre les groupes de
maisons placées hors de la nouvelle en-
ceinte, dans des espaces cultivés qu'on
appela Petits-Champs, ou Champeaux,
se remplirent insensiblement de lieux
de plaisirs où les bourgeois alloient se
délasser, et de petits marchands que
l'affluence y attiroit. Ainsi se forma la

1382-83. contiguité entre tous ces groupes sé

des Juifs.

parés. Expulsion Il paroît que là se retiroient les juifs, toujours habiles à choisir les lieux, et les moyens propres à leur procurer da gain, quel qu'il soit. Ils faisoient le commerce presque seuls. On leur reprochoit des usures exhorbitantes. Philippe les bannit du royaume. Les grands seigneurs, avec lesquels ils partagoient leur profit, les défendirent tant qu'ils purent. Le roi fut inexorable, et soutint son édit. Il ne leur donnoit que trois mois pour sortir des terres de son obéissance. Leurs créances furent déclarées illégitimes les Français décl.argés des obligations contractées à leur égard, en payant au trésor royal la cinquième partie de la dette, réserve fiscale qui jetoit quelqu'odieux sur l'édit. On disoit en faveur des bannis, qu'ils étoient proscrits sans examen préalable des crimes qu'on leur imputoit, tels que des dérisions de la religion chrétienne, et l'assassinat d'enfans chrétiens crucifiés eux, en haine de cette même religion. Leurs partisans disoient encore, qu'une pareille émigration feroit une plaie incurable au commerce que les juifs seuls soutenoient pendant que le roi et son conseil pensoient au contraire que leur

par

bannissement engageroit les Français à 1182-83. s'appliquer au commerce, que ces usuriers envahissoient. Il leur fut accordé de vendre leurs immeubles, et d'emporter leurs meubles, mais dans un terme si court que la permission devenoit illusoire.

Nouvelle

révolte du

Sa mort.

1183.

Vers ce temps le jeune Henri se souleva de nouveau contre son père : il jeune Henri. n'éprouva que des revers, et la douleur qu'il en conçut le conduisit au tombeau. La répétition du douaire de sa femme, et notamment de Gisors, pensa renouveler les hostilités entre la France et l'Angleterre. D'heureuses négociations les prévinrent. On transigea pour le douaire au moyen d'une somme, et quant à Gisors il fut convenu, que cette ville feroit partie de la dot d'Alix, qui avoit alors dix-sept ans, et que cependant le vieux Henri différoit toujours de donner à son fils Richard avec lequel elle étoit accordée depuis quinze ans.

Guerre

Cependant Philippe de Flandres, pour le Veren faisant le sacrifice de la régence, mandois. n'avoit pas abandonné le Vermandois 1184. que Louis VII lui avoit cédé, au moins pour un temps. Le nouveau roi, quoique neveu du comte, fut moins complaisant que son père, et redemanda

1184. le Vermandois, tant en son nom qu'en celui d'Eléonore qui lui avoit cédé ses droits. L'oncle, croyant intimider son ancien pupille, se jette sur la Picardie, où il exerce d'affreux ravages. Il vint jusqu'à Dammartin dont il prit le château. Le roi se mit aussitôt en campa→ gne, et si bien accompagné que l'agresseur eut peur, et demanda à s'accom→ moder. Un légat du pape, qui étoit alors en France, intervint et fit obtenir au Flamand de garder les villes de Péronne et de Saint-Quentin, sa vie durant. Il restitua le pays d'Amiens avec les autres dépendances du Vermandois. Le jeune monarque tomba ensuite sur le duc de Bourgogne, qui dans cette querelle avoit soutenu le comte de Flandres. Il prit deux de ses plus forts châteaux qu'il garda, comme gages de la fidélité qu'il se fit jurer.

Pastoureaux.

Ces guerres, toujours accompagnées 1185-86. de pillages, faisoient beaucoup de malheureux. Les paysans, que le ravage et l'incendie chassoient de leurs chaumières, devenoient errans, vagabonds, et enfin pillards à leur tour. Poursuivis par les mêmes calamités, ils formoient bientôt des compagnies de voleurs et de brigands. On les nomma Pastoureaux, c'est-à-dire Petits Bergers, parce

« PrécédentContinuer »