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1217--22.

Différence entre les

blissement de plusieurs ordres religieux, L'Ordre de la Foi de J. C.; tout militaire, institué pour combattre les Albigeois, et qui disparut avec eux. L'Ordre de la Trinité, qui engageoit à racheter les prisonniers faits par les infidèles dans les guerres saintes, et réduits à la captivité. L'Ordre du St.Esprit, hospitaliers institués pour le soulagement des pauvres et des malades; son chef-lieu étoit à Montpellier. Enfin, l'Ordre des Frères Précheurs, appelés aussi Dominicains, du nom de leur fondateur, et Jacobins, d'un de leurs emplacemens dans la rue St.-Jacques, destinés spécialement à la conversion des hérétiques. Il a joué un grand rôle dans la guerre des Albigeois. On accuse ces religieux d'avoir porté dans cette guerre un zèle trop vif, qui a été, dit-on, l'origine de l'inquisition.

Cet ordre et celui des Franciscains, moines et les nommés Cordeliers, qui parut quelque nouveaux re- temps après, n'étoient pas riches. Ils ligieux. faisoient un singulier contraste avec les moines de Cluni et de Cîteaux, qui regorgeoient. Aussi ceux-ci étoient-ils fort considérés des grands. Leurs monastères, vastes et magnifiques pour le temps, servoient de lieu d'assemblée à la noblesse. Les abbés admis à la cour,

,

s'immisçoient dans les affaires d'état. Tel, on a vu figurer avec une distinction sinistre un abbé de Cîteaux dans la guerre des Albigeois. La pauvreté dont les nouveaux religieux faisoient profession, les assimilant au peuple, ils jouissoient d'un grand crédit dans cette classe, dont les aumônes fournissoient à leur subsistance. Ils aidoient les prêtres séculiers dans les fonctions du ministère, et devinrent souvent leurs rivaux.

1217-22

L'histoire qui nous a conservé ces faits, n'en rapporte presqu'aucun propre à nous faire connoître les habitudes des Français sous Philippe-Auguste. La cour de ce prince a dû être splendide, brillante de la magnificence qui convient à un grand monarque. Cependant on ne voit pas qu'il ait donné de ces fêtes éclatantes qui entraînent de grandes dépenses; aussi lui reprochet-on de la parcimonie, qualifiée d'avarice par quelques historiens. Heureux défaut, s'il a épargné au monarque nécessité de surcharger le peuple, qui paye toujours ces magnificences! Au reste, Philippe - Auguste étoit Mort de généreux à propos, noble dans son maintien, affable et accueillant, zélé pour l'ordre et la justice, vaillant,

la

Philippe.

1223.

1223.

comme on l'a vu, très-attaché à ses de voirs, et tâchant d'inspirer ces dispositions aux autres. Dans une médaille frappée pour la cérémonie de la promotion de son fils à l'ordre de chevalerie, on voit le monarque donnant l'accolade au jeune prince, et pour légende ce vers:

Disce puer virtutem ex me, regumque laborem.

<< Apprends de moi, mon fils, la vertu « et les travaux qui conviennent à un «roi». Exhortation qu'un père rougiroit de faire à son fils, s'il ne pouvoit se rendre témoignage qu'il donne l'exemple. Il mourut à cinquante-neuf ans. Son testament renferme un. legs assez modique pour la croisade, peu de dons aux monastères; mais des habits aux pauvres et une somme très-considérable qui sera tirée uniquement de ses domaines. Il a été surnommé DieuDonné parce qu'il naquit après une longue stérilité de sa mère; conquérant et auguste à cause de ses victoires et de ses grandes qualités.

LOUIS VIII, Coeur-de-Lion,

ágé de trente-six ans.

203

1223-25.

Cœur de

Sacre de

Louis avoit trente-six ans quand il Louis VIII, monta sur le trône; il avoit alors de Lion, 44e. roi Blanche de Castille, son épouse, des de France. enfans dont l'aîné atteignoit déjà l'adolescence: il se fit sacrer à Reims et Louis VIII, couronner avec elle. La réception 'qui lui fut faite à Paris, au retour de cette cérémonie, a excité l'enthousiasme d'un de nos historiens, qui la dépeint en ces termes : « Toute la ville sortit au

«devant du monarque; les poëtes
<«< chantoient des odes à sa louange,
<«<les musiciens faisoient retentir l'air du
«son de la vielle, des fifres, du tam-
«bour, du psaltérion et de la harpe.
«Aristote se tut, Platon fit silence,
<«<et les philosophes déposèrent pour
<< un moment l'esprit de dispute >>.
Ainsi il y
avoit dans ce temps des poëtes
qui lonoient, des musiciens qui chan-
toient et des philosophes qui disputoient.

Un règne de trois ans présente peu Cordeliers d'événemens importans. Nous y plaçons, comme un des plus propres à fixer l'attention de ceux qui réfléchissent, la propagation des Franciscains, nommés'

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Cordeliers parce qu'ils se ceignoient d'une corde. S'il paroît étonnant que Zénon, père des stoïciens, en prêchant la faim et la soif, ait trouvé d'ardens sectateurs de sa doctrine, on ne doit pas être moins surpris que Saint-François, paysan d'Assise en Ombrie, homme simple et sans lettres, qui prêchoit la pauvreté la plus stricte, le jeûne, le renoncement à tous les plaisirs, ait aussi fait des disciples, et des disciples en si grand nombre, que de son vivant, dit-on, on comptoit plus de trois cents couvents de son ordre. Vivant d'aumônes, déchargés des soins qu'entraîne l'administration des biens, ils se livrèrent à la prédication et à l'étude de la théologie scholastique, de toutes les sciences la plus estimée alors; ils devinrent grands maîtres en dispute. L'université les admit dans son sein comme elle y avoit reçu les Jacobins, non sans crainte que l'attachement à des opinions de corps n'excitât des troubles. Les papes se les attachèrent par des priviléges; ils en marquèrent leur reconnoissance, en soutenant les maximes qui plaisoient à la cour de Rome. Alors aussi parurent les Carmes et beaucoup d'autres ordres, que le zèle pour la conversion des hérétiques multiplioit.

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