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1223-25.

Mort de

Louis. 1226.

sainte. Ainsi la croisade lui donnoit des
soklats et le garantissoit des projets hos-
tiles d'un ennemi redoutable; deux
avantages que ces sortes de rassemble-
mens n'avoient pas encore présentés.

Mais ce succès ne répondit pas aux
espérances de Louis. Le jeune comte
de Toulouse, Raymond VII, contre
lequel il dirigea ses efforts, ne lui op-
posa que des mesures défensives, mais
plus ruineuses que n'auroient été des
combats suivis de la victoire. Il fit
bouleverser le pays par lequel les croi-
sés devoient passer, labourer les prés,
couper les moissons en herbe, brûler
les magasins, boucher les fontaines;
de sorte que la disette et la fatigue se
joignant à l'ardeur de ces climats brû-
lans, causèrent des maladies conta-
gieuses dans l'armée. Louis en fut
frappé et mourut à Montpensier en
Auvergne, ne remportant pour tout
avantage de sa croisade, que le châti-
ment d'Avignon qui avoit osé lui ré-
sister. Il combla les fossés de cette ville,
abattit les murs et trois cents des mai-
sons les plus élevées: celles des bour-
geois les plus distingués étoient alors
garnies de tours.

Louis n'infligea pas de châtimens personnels aux habitans. Il étoit doux et

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humain. Le pen de temps qu'il régna ne lui permit pas de faire briller ses belles qualités sur le trône; mais la bonne intelligence qui régna entre lui et Philippe-Auguste, la confiance que lui montroit son père, en lui donnant le commandement de ses armées, et en l'appelant à ses conseils, font l'éloge du fils. Il mourut, après trois ans de règne, âgé seulement de quarante ans. De onze enfans que lui avoit donnés Blanche de Castille, son épouse, il restoit quatre fils qu'il dota par testament, fait d'avance: il laissa à Louis, l'aîné, la couronne; à Robert, le second, P'Artois; à Alphonse, le troisième, le Poitou et l'Auvergne; et à Charles, le quatrième, l'Anjou et le Maine. S'il en naissoit encore, ils entreroient dans l'état ecclésiastique. De ses filles, une est morte jeune l'autre, nommée Isabelle, a fondé le monastère de Longchamp, où elle est morte saintement. Il laissa la régence et la tutelle à Blanche, son épouse.

1226.

Ce fut trois ans après la mort de Genghiskan Louis VIII, que mourut aussi ce fameux Genghiskan, qui de chef d'une petite tribu Tartare, au nord de la Chine, celle des Mogols, parvint à s'asseoir sur le trône de l'Asie, qu'il

!

Louis IX,

conquit dans sa totalité. Les Tartares,
sous. Octaï, son fils, étendirent leurs
ravages en Europe et désolèrent avec la
plus extrême cruauté la Russie, la Po-
logne et la Hongrie. Houlagou, neveu
d'Octaï, prit Bagdad en 1258, et mit
fin à l'empire des Califes. Ce fut vers
Mangoukan, son frère, que Rubru-
quis, frère mineur, fut envoyé par
St. Louis, pour obtenir la liberté de
prêcher le christianisme dans ses états.
Mangou l'avoit embrassé, mais avec
- toutes les restrictions et les pratiques
que l'ignorance et la barbarie pouvoient
y joindre. Deux puissances restèrent
alors en Orient; celle des Genghiska-
nides, qui pendant quelque temps
contraignit celle des Turcs à se tenir
dans l'obscurité; et celle des Sultans
d'Egypte, qui non-seulement résisté-
rent aux Tartares, mais qui encore
ressaisirent peu
peu sur eux les
conquêtes qu'ils avoient faites en Syrie.

LOUIS IX, ou S. LOUIS,

âgé de douze ans.

Louis IX, que nous appelons Saint

ou S. Louis, Louis, n'avoit que douze ans quand

45. roi de

France. il monta sur le trône. Son père,

1

>

comme nous venons de le dire, avoit
nommé régente Blanche de Castille,
son épouse. Plusieurs seigneurs n'ap-
prouvèrent pas cette disposition, et
résolurent de confier cette place à Phi-
lippe, comte de Boulogne, oncle pa-
ternel du jeune roi. Blanche se con-
duisit dans cette affaire avec
une fer-
meté, mêlée d'adresse, qui la fit

réussir.

1226-27.

Il ne convient pas, disoient les mé- Troubles

contens

royaume

soit

le pendant la , que gou-minorité. verné par une femme, sur-tout par une femme étrangère; mais leur vrai motif étoit que cette femme gouverneroit trop bien à leur gré. Ils s'étoient flattés, les uns, d'être appelés à partager l'autorité, les autres d'obtenir des domaines qui pourroient leur convenir; et au contraire ils voyoient Blanche disposée à agir sans les consulter. Loin qu'ils pussent espérer qu'elle leur abandonneroit des fiefs dont ils s'étoient déjà emparés, ils apercevoient, dans ses démarches, le dessein de les recouvrer. Dans une assemblée tenue entre eux, ils convinrent de l'attaquer. Quelle résistance pouvoient faire une femme et un enfant? Ils concertèrent leurs mesures, se donnèrent des paroles, pré, virent tout, et comme il arrive assez or

1226-27.

Fermeté et

reine Blan

dinairement dans ces sortes de coalitions, tout manqua. Le comte de Toulouse, le plus ardent d'entre eux, encore armé, parce que les désastres du feu roi avoient laissé ses forces entières, attaqua le premier, sans doute trop tôt, puisqu'il ne fut pas secondé par ses confédérés, qui apparemment n'étoient pas encore prêts. La régente, au contraire, qui s'attendoit à un choc, tenoit une bonne armée en état d'agir sur-le-champ. Elle battit le comte, le poursuivit vivement, et le réduisit à accepter une paix aussi honteuse pour lui qu'avantageuse pour elle.

Raymond VII avoit une fille, hérisuccès de la tière unique de ses états. Il fut conche. venu qu'elle épouseroit Alphonse, le 1227-29, troisième fils de Louis VIII; que le

père de la princesse jouiroit, sa vie durant, de son comté; qu'après sa mort il passeroit à Alphonse, et que si ces époux mouroient sans enfans, le comté retourneroit à la couronne. Ce n'étoit pas ce qu'il y avoit de plus désagréable dans le traité ; le comte devoit rembourser au roi cinq mille marcs d'argent dépensés pour les frais de la guerre; s'obliger à une redevance annuelle qui seroit fixée ; abandonner toutes ses terres au-delà du Rhône,

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