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On l'avoit ainsi réglé, de peur que surance d'être exempt du dernier supplice, ne les disposât à ne point employer tous leurs efforts contre l'adversaire avec lequel ils se seroient arrangés d'avance. Ces sortes de combats se prescrivoient judiciairement, non-seulement pour venger des affronts ou des violences personnelles, mais encore pour obtenir la possession disputée de terres, seigneuries, ou autres propriétés.

1255-69.

Naples.

Les semaines le roi furent très-utiles Conquête de à Charles d'Anjou, frère de Louis pour la conquête de Naples et de la Sicile. Depuis long-temps, les empereurs et les papes ne cessoient d'attiser le feu d'une guerre acharnée, dont le terme sembloit être la destruction des uns ou des autres. Les princes de la maison de Souabe qui occupoient le trône impérial, avořent encore irrité le dépit des papes, par une alliance qui leur donnant Naples et la Sicile, avoit considérablement accru leur puissance en Italie. Frédéric II, l'un des princes les plus illustres que l'Allemagne ait eu pour chefs, avoit été pour cette raison, plus en bute qu'aucun autre, soit aux menées sourdes, soit aux aggressions découvertes des souverainspontifes. Il avoit soutenu leurs attaques avec

125569 vigueur: mais s'il en sortit avec gloire, les fatigues qui en furent inséparables, abrégèrent de beaucoup sa carrière. Conrad IV, son fils, digne par son énergie de remplacer un tel père, en eut une bien plus courte encore. A peine il étoit sur le trône, que par le crime de Mainfroi, son frère naturel, le poison vint trancher ses jours. Il laissa pour héritier de ses états et de ses dangers, un fils encore au berceau, connu sous le nom de Conradin.

Le pape Urbain IV, comme seigneur suzerain du royaume de Naples, se déclare tuteur de cet enfant, et à ce titre se met en possession de ses états. Mainfroi prend la même qualification, et s'en autorise pour chasser l'armée du pape qui fait en vain prêcher une croisade contre lui. Il bat les croisés qu'on lui oppose, et victorieux de toutes parts, il dépouille un masque dont il n'a plus besoin, et se fait poser la couronne sur la tête. Urbain, dans l'impuissance de conserver le patrimoine de son pupille, avisant aux moyens d'en priver au moins l'usurpateur, se croit autorisé à disposer d'un royaume dont il est suzerain, et l'offre en conséquence à Charles, frère de St.-Louis, comte d'Anjou de son chef,

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et de Provence par sa femme. Sourd 125569 › aux conseils généreux et timorés de son frère, Charles accepte l'offre en 1265, passe en Italie, est couronné à Rome puis entre dans la Pouille, à la tête d'une nouvelle armée de croisés. Il rencontre Mainfroi près de Bénévent, lui livre bataille et le défait. Mainfroi même est tué dans la mêlée, et laisse une fille nommée Constance qu'il faut remarquer, en ce que mariée alors à Pierre-le Grand, roi d'Arragon, elle lui porta des droits que nous verrons se réaliser sous peu, et d'une manière bien tragique pour les Français.

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Charles d'Anjou devenu roi de Sicile , par la mort de Mainfroi, tarda peu à avoir un nouvel ennemi à combattre. Conradin, à la tête d'une armée d'Allemands, que ses graces, sa jeunesse et ses malheurs avoient attachée à sa fortune, venoit reconquérir l’héritage de ses pères. Mais que pouvoit une expérience de seize ans contre un prince consommé dans l'art de la guerre! Les deux armées se rencontrèrent à Aquila dans l'Abbruze. Celle de Conradin, victorieuse au premier choc, s'étant débandée pour piller le camp de Charles, fut chargée par une troupe de Picards, qui la défit entièrement.

Conradin échappa à ce désastre, et il 1255-69 étoit prêt de s'embarquer et de se dérober à toutes les poursuites, lorsqu'il fut arrêté et livré à Charles qui remit à un tribunal composé de juges de toutes les parties du royaume, à prononcer sur le sort du jeune prince. Mais cet appareil de justice et d'impartialité n'avoit été imaginé que pour sauver des apparences trop odieuses. Ce jeune héros, dont le crime avoit été de se commettre aux hasards de la guerre, pour réclamer les droits les plus légitimes, fut jugé digne de mort. La sentence fut exécutée publiquement à Naples : et ce fut la main du bourreau qui, en 1268, éteignit cette illustre maison de Hohen-Stauffen ou de Souabe, qui avoit donné à l'Allemagne six des plus grands empereurs qui l'aient gouverné.

Des historiens ont prétendu excuser le roi de Naples, en disant que la vie de Conradin auroit été la mort de Charles. Affreuse politique qui punit par un supplice présent, un mal qui pouvoit ne pas arriver ! Ce Charles, s'est montré sur le trône soupçonneux, dur, tyran sombre, haï de ceux même qui l'y avoient placé. Plusieurs revinrent en France, d'autres s'établirent dans la conquête, et ce fut la

Fondations.

seconde fois que les Français donnèrent 1255-69. des maîtres à cette partie de l'Italie : deux cent vingt ans auparavant ils l'avoient soumise, conduits par les fils de Tancrède de Hauteville, connus sous la dénomination de Rois Normands. On voit par-là que le Français n'a Sciences. besoin que d'être conduit pour tenter les choses les plus difficiles; de même, tranquille dans ses foyers, il déploie une égale ardeur pour les sciences et les arts, quand il a l'exemple d'un prince qui les aime et qui les protège : tel fut Louis IX. Les savans comme nous l'avons déjà dit, trouvoient auprès de lui un accueil favorable, des distinctions flatteuses, des encouragemens et des récompenses. Outre ses bienfaits à P'Université de Paris, il en créa une à Bourges, augmenta celle de Toulouse, fit des dons importans à la Sorbonne, et la rendit dépositaire de livres trèsprécieux pour le temps, et qui ont commencé sa bibliothèque. Il est à remarquer, que les premiers de nos poètes et de nos historiens qui ont écrit en français, Guillaume de Lorris et Villehardouin, vivoient pendant son règne. On croit que ce fut lui qui engagea Vincent de Beauvais, dominicain célèbre, à écrire le Miroir historial que

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