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1031.

1032.

Henri I,

France.

moyens de bâtir des monastères, et de faire des libéralités aux églises; il paroît que c'étoit à embellir les objets du culte et les armes des guerriers, que l'adresse des artistes s'employoit alors. Dans une entrevue avec l'empereur d'Allemagne, le roi de France lui offrit un livre d'évangiles et d'autres livres d'église, dont la couverture étoit délicatement traitée en or, argent et ivoire; des reliquaires plus précieux par le travail de l'orfévrerie que par la matière; enfin des armures parfaitement ciselées et gravées. L'empereur lui fit porter en échange un lingot d'or pur, pesant cent livres. Ne pouvant faire un présent orné, il le fit riche, et l'accompagna d'un grand et long repas, selon la coutume d'Allemagne.

Robert laissa trois fils, Henri, Robert et Eudes.

HENRI I,

ágé d'environ 27 ans.

Henri I avoit vingt- sept ans envi3ge roi de ron, quand il succéda à Robert. QuoiDifficultés qu'il eût été déjà couronné du vivant de son père, il cut cependant de la peine à s'affermir sur son trône. Cons

qu'éprouve

Henri.

tance, sa mère, n'avoit pas épuisé toute sa malice avec son mari. Il lui en restoit pour son fils aîné. Comme elle n'espéroit pas qu'il se laisseroit gouverner, elle suscita contre lui Robert son second fils. La faction étoit si puissante, qu'Henri fut obligé de fuir de Paris lui douzième, Il gagna Fécamp, où le duc de Normandie tenoit sa cour. Ce duc reçut son suzerain, avec beaucoup d'honneur; mais ce qui valut encore mieux, il lui donna une bonne armée avec laquelle Henri rentra dans son royaume. Fort de ce secours il contraignit les rebelles de traiter d'un accom¬ modement. Constance s'y opposa tant qu'elle put, mais elle ne réussit pas à l'empêcher; elle se vit même dans la nécessité de se laisser comprendre dans le traité. N'ayant plus ensuite rien à brouiller, elle mourut, et fut enterrée dans l'église de Saint-Denys, auprès du roi son mari, dont elle avoit continuellement troublé le repos,"

1032.

Le sceau de la réconciliation entre 1033-35. les deux frères, fut le

gogne, qu'Henri duché de Bour, Don du du

gogne.

avoit reçu de son ché de Bourpère, et qu'il transmit généreusement Prétentions à Robert, Mais cette espèce de récoin- de Eudes. pense de la rébellion, excita Eudes, le troisième frère, à tâcher de s'eu

1036.

1036, procurer une pareille par le même moyen. Il demanda aussi un apanage et prit les armes pour se le faire donner. On dit même qu'il portoit ses vues plus loin que Robert, et qu'il ne se proposoit pas moins que de détrôner son frère et de se mettre à sa place. Il étoit aidé dans ce projet par le comte de Champagne. Henri trouva encore une ressource dans la bonne volonté du nouveau duc de Normandie, Guillaume, surnommé depuis, le Conquérant, qui arma en sa faveur, born SI ¡

Etat de la

France.

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C'étoit alors un monarque bien peu redoutable qu'un roi de France qui voyoit sa capitale serrée, d'un côté par les comtes de Champagne, lesquels, par eux ou leurs alliés, occupoient depuis la Flandres jusqu'à Senlis, et une partie de la Brie jusqu'à Melun; d'un autre côté les Normands venoient jusqu'à Pontoise. Les dues de Bourgogne s'étendoient en-decà de Sens et d'Auxerre; de sorte qu'après les environs de Paris, trés-rapprochés, la vraie Get unique puissance des rois consistoit dans l'Orléanos. Le pays Chartrain, la Touraine et Anjon avoient leurs ducs et comtes qui se regardoient comme indépendans, et au-delà de la Loire le roi n'étoit presque connu que de nom.

2

Vély,

Comment dans un espace si rétréci, 1037. trouver un apanage pour Eudes? Mort de Henri défendit son petit domaine contre Eudes. lui et ses partisans, le vainquit, le fit prisonnier, et l'envoya dans la tour d'Orléans calmer sa passion ambitieuse. Il y resta deux ans; on ne sait pourquoi son frère le relâcha. Ce fut alors comme une bête féroce déchaînée. A la tête d'une troupe de brigands, il parcouroit les provinces, ne vivant que de butin et de rapines. Un ancien auteur a recuilli des circonstances de sa mort, que nous rapporterons dans les propres termes de l'historien Vély. «Dans une des courses du prince « Eudes, le malheur voulut qu'il pillât « quelques serviteurs de Saint-Benoît. « Déjà il s'en retournoit chargé d'un «riche butin, lorsque la nuit le sur<< prit dans un village, qui étoit encore <<< sous la protection du bienheureux «patriarche. Le cimetière, fermé d'un « bon mur, lui parut un endroit sûr : «ily fit camper sa petite armée. On << servit un grand repas grand repas de ce qui avoit « été pris sur les élus de Dieu. Cepen <«<dant on manquoit de cire pour faire « les luminaires: c'est l'expression de << l'anonyme, qui semble indiquer << qu'on ne se servoit alors que de lam

t. 2, p. 357.

1037.

clergé.

<< pions : le prince se fit ouvrir l'église,
et malgré les remontrances de ces
bonnes gens,
il enleva le cierge pas-
<«cal pour éclairer sa table. La ven-
«geance fut prompte. Le téméraire
« étoit à peine au lit, qu'il se sentit
« frappé d'une maladie qui l'enleva
<<< en très-peu de temps. Tant il est
« vrai que personne, de quelque con-
«dition qu'il soit, roturier, gentil-
« homme ou prince, ne peut toucher
« impunément aux biens de Saint-
« Benoît ! »

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Moeurs du Il se peut que de pareilles histoires, répandues dans le peuple, ayent quelquefois servi de rempart aux richesses monastiques contre l'avidité des personnes crédules: mais la meilleure sauve-garde étoit une réputation de bonnes mœurs, dont les moines jouissoient alors plus que les ecclésiastiques. On reprochoit à ceux-ci la simonie et un libertinage domestique, que les conciles et les papes foudroyoient en vain, et qu'on ne put réprimer autrement qu'en autorisant les seigneurs à vendre comme esclaves les enfans provenus de ces unions illicites; les moines , au contraire, ayant leur bien en commun, étoient peu tentés, excepté pour se procurer des dignités,

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