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moment où la chaleur détruisant l'ozone, il se produit de l'oxygène ordinaire. M. Soret trouva ainsi que la diminution de volume résultant de l'absorption de l'ozone par l'essence était sensiblement double de l'augmentation de volume résultant de la décomposition de l'ozone par la chaleur. Il en conclut que la densité de l'ozone est égale à une fois et demie celle de l'oxygène ordinaire. Il admit alors que la molécule d'ozone est composée de trois atomes condensés de manière à occuper deux volumes. Quand un corps oxydable absorbe l'atome impair, les deux atomes qui constituent la molécule d'oxygène ordinaire représentent deux volumes, absolument comme l'ozone non décomposé; mais si l'on décompose l'ozone par la chaleur, le volume augmente dans le rapport de 2 à 3.

MM. Babo et Claus ont combattu la manière de voir de M. Soret; suivant eux ce n'est pas l'ozone en nature qui est absorbée par l'essence de térébenthine, mais un atome d'oxigène actif forme, avec l'essence, un composé qui absorbe ultérieurement deux atomes d'oxigène ordinaire.

M. Soret a confirmé les résultats de ses premières recherches sur la densité de l'ozone en comparant la rapidité de diffusion de l'ozone à celle du chlore. On sait que les quantités de divers gaz qui passent par diffusion, dans un temps donné, à travers une membrane poreuse, sont dans le rapport inverse des racines carrées des densités. Ces recherches ont conduit M. Soret à trouver que la densité de l'ozone est égale à une fois et demie celle de l'oxygène.

M. Bellucci fait observer que si l'oxygène naissant est formé d'atomes isolés, il n'est pas possible d'admettre l'identité de l'ozone et de l'oxygène naissant, puisque l'ozone est de l'oxygène condensé. Il faut donc admettre trois variétés d'oxygène, savoir l'oxygène atomique ou oxygène naissant, l'oxygène ordinaire et l'ozone. Telle est, en effet, la conclusion de son travail. D'après M. Bellucci, l'oxygène naissant ou atomique serait doué du maximum d'activité ; l'ozone viendrait ensuite, et son pouvoir oxydant dépendrait de ce que l'atome impair qui fait partie de sa molécule serait retenu avec peu de force par les deux autres; mais l'oxygène ordinaire, dont les deux molé

cules sont unies par une force considérable, serait, à cause de cela, le moins actif de tous.

M. Bellucci rapporte et discute ensuite les travaux exécutés en vue de reconnaître la formation de l'ozone sous l'influence des parties vertes des plantes exposées à l'action de la lumière.

Un quatrième chapitre est consacré à la discussion des théories émises relativement à la véritable constitution de l'ozone. L'auteur examine en particulier dans ce chapitre la question de savoir s'il existe deux sortes d'oxygène actif (ozone et an-tozone). Il rappelle les expériences de Schoenbein et de Meisner, qui tendraient à faire admettre l'existence de l'ozone et de l'antozone, et les objections que Brodie, Weltzien et M. Wurtz, ont opposées à la manière de voir de Schoenbein et de Meisner.

Il rapporte ensuite les recherches de M. Houzeau sur l'oxygène qu'on obtient en traitant le b.-oxyde de barium par l'acide sulfurique, et fait observer que cet oxygène, quoique provenant d'un antozonide, possède toutes les propriétés de l'ozone, ce qui contrarie singulièrement la manière de voir de Schoenbein.

M. Bellucci fait observer que si l'oxygène ordinaire est composé d'ozone et d'antozone, on doit obtenir, quand on décompose la molécule d'oxygène ordinaire par des étincelles électriques, des quantités égales d'ozone et d'antozone, ce qui n'a pas lieu.

La cinquième partie de l'ouvrage de M. Bellucci est en grande partie consacrée à la discussion de son opinion personnelle; nous allons la résumer rapidement :

4° L'oxygène à l'état d'atomes isolés est plus actif que l'ozone. L'ozone peut exister à la température ordinaire en présence de l'hydrogène sans l'oxyder; mais si l'on élève la température, l'oxydation a lieu au moment où l'ozone se détruit en produisant 4° de l'oxygène ordinaire; 2° de l'oxygène atomique. Ce dernier serait l'oxygène vraiment actif.

2o L'oxydation de l'azote, que l'on attribue à l'ozone, doit aussi être rapportée à l'oxygène atomique.

3o L'altération des électrodes en platine ou en platine allié à de l'iridium, qui a été constatée par Soret, doit être attri

buée surtout à l'oxygène atomique provenant de l'électrolyse de l'eau.

4° L'oxygène atomique se combine avec l'eau pour produire l'eau oxygénée, tandis que l'ozone est sans action sur l'eau.

5° L'oxygène atomique est très-instable. Mis en présence de l'ozone, il reconstitue de l'oxygène ordinaire.

Il existe donc, d'après M. Bellucci, trois états particuliers sous lesquels l'oxygène peut agir. Ce sont :

1° L'oxygène ordinaire, dont la molécule est composée de deux atomes cet oxygène jouit d'un pouvoir oxydant assez faible;

2o L'ozone, dont la molécule contient trois atomes d'oxygène condensés, de manière à représenter deux volumes : cet oxygène jouit de propriétés oxydantes plus énergiques que l'oxygène ordinaire ;

3o Enfin, l'oxygène à l'état d'atomes isolés, qui est le plus actif de tous.

Nous avons résumé aussi clairement que nous avons pu le faire l'ouvrage de M. Bellucci. Cet ouvrage constitue une monographie complète de l'oxygène, et une monographie d'autant plus remarquable, que l'auteur, au lieu de se contenter de rapporter les travaux des savants qui se sont occupés de ce sujet, les discute avec beaucoup de soin, et fait preuve dans la discussion de connaissances très-étendues et très-variées.

Enfin, M. Bellucci propose une manière de voir toute nouvelle qui lui permet d'expliquer les phénomènes d'oxydation plus simplement qu'on ne pourrait le faire à l'aide des théories généralement adoptées.

Les vues de M. Bellucci sont ingénieuses, et si elles ne reposent pas sur un ensemble d'expériences assez décisives pour ne donner aucune prise au doute, il faut reconnaître que leur exactitude n'est pas dépourvue de probabilité.

Votre Commission a l'honneur de vous proposer d'accorder à M. Bellucci le titre de membre correspondant.

NOTE SUR DES CONSTRUCTIONS ANCIENNES

RÉCEMMENT MISES A DÉCOUVERT DANS LA VILLE DE TOULOUSE (1);

Par M. ESQUIÉ.

Alors que le prolongement en ligne droite de la grande rue du faubourg Saint-Cyprien était la direction naturelle de la voie magistrale à ouvrir dans notre cité, le défaut de sens et de goût artistique vient de faire réunir en ce point des rues obliques, de largeur inégale, aboutissant à d'informes carrefours et venant se heurter à l'un des angles du marché couvert, sorte de barricade destinée, en apparence, à borner la vue et à arrêter la circulation.

Ce tracé ridicule, s'il a été pour la ville un aberration ruineuse a été, pour l'histoire locale, un service inattendu. Il a, en effet, mis à découvert des fragments de constructions qui jettent un jour nouveau sur le passé de la vieille Toulouse.

Appelé par la nature de mes travaux à examiner la plupart des démolitions opérées dans la rue du Pont, j'ai pu relever ainsi les plans des substructions que j'ai découvertes, et je dois à l'obligeance de mes collègues les dessins de celles qui se trouvent sous les maisons qu'ils ont reconstruites, entre la place du Pont et la rue de la Bourse. Ce sont toutes ces substructions, aujourd'hui en partie détruites, en partie enfouies dans le sol que j'ai indiquées sur les dessins ci-joints, afin d'en conserver le tracé dans les Archives et les Mémoires de l'Académie, source de renseignements pour l'archéologue, et base de direction pour des observations nouvelles.

(1) Lu dans la séance du 30 mars 1871.

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En faisant construire la maison qu'il possède à l'angle formé par le côté nord de la rue transversale avec le côté ouest de la Bourse, M. Lambrigot a mis à découvert, en 1869, dans l'intérieur de sa propriété, et presque sous le mur de face projeté sur la rue de la Bourse, un égout juxtaposé audit mur, et dont le radier est à 10m70 en contre-bas du trottoir établi en ce point.

Cet égout a une largeur de 0,90 et une hauteur de 1TM,50, mesurés dans œuvre. Il est recouvert par une voûte en plein cintre. Les piédroits, le radier et la voûte ont une épaisseur uniforme de 0,24 environ. Les piédroits sont verticaux et entièrement construits en petits moellons de pierre irréguliers et non appareillés par assises (1). La voûte est bâtie en briques et en fragments de moellons (semblables à ceux des piédroits) alternés mais non placés symétriquement. Le radier est formé d'une assise de briques établies sur une maçonnerie faite avec des débris de moellons de pierre.

La pente de cet égout est de 0,01 par mètre environ, et, comme les eaux de la Garonne, se dirige du sud au nord. Lors de sa découverte il a pu être vérifié sur une longueur de 25 mètres environ, et on a pu constater qu'il était, en grande partie, rempli de décombres et d'une terre noirâtre humide.

L'égout qui vient d'ètre découvert, rue de la Bourse, sous la maison de M. Lambrigot, fait-il partie de celui qui a été retrouvé en 1857 par M. Guibal dans les rues Saint-Remésy et JoutxAigues? Il n'est pas permis de l'affirmer, bien que ces égouts ne soient qu'à 185 mètres de distance, qu'ils semblent avoir la même direction et qu'ils soient établis dans des rues en prolongement l'une de l'autre. En effet, en comparant ces deux égouts, on voit que celui qui existe dans les rues Saint-Remésy

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