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AN. 865. voyez combien il eft ridicule de vous nommer empereur des Romains, dont vous ne fçavez pas la langue : baniffez-là donc, & de vôtre palais & de vos églifes. Car on dit qu'à C. P. dans les stations, on lit l'épître & l'évangile en Latin, avant que de les lire en Grec.

Nabun I

Vous dites que quand vous avez envoyé vers nous, ce n'étoit pas pour faire juger Ignace une feconde fois; l'évenement prouve le contraire, puifque vous l'avez fait juger. Nous n'avions envoyé nos legats, que pour informer de fon affaire. S'il étoit déja jugé, comme vous dites, pourquoi l'avez-vous fait juger une feconde fois, contre la défenfe de l'écriture? Mais on voit bien, que connoiffant les défauts de ce premier jugement, vous avez voulu le reparer par la prefence & l'autorité de nos legats. Il s'étend enfuite fur les nullitez du dernier jugement porté contre Ignace; en ce que les juges étoient les uns fufpects, ou même ennemis déclarez, les autres excommuniez ou dépofez, les autres fes inferieurs. Il prouve que ces fortes de perfonnes ne peuvent pas même acccuser un évêque par le fixiéme canon du fecond concile œcumenique, tenu à C. P. en 381. mais il ne manque pas d'obferver, que l'église Romaine n. 3. p. 309. D. n'a pas reçû les canons de ce concile. Il foûtient qu'à peine fe trouvera-t-il quelque évêque de C. P. qui ait été dépofé fans le confentement du pape, & en rapporte plusieurs exemples.

Tom. 2. conc. p.

947.

Sup. liv. xvIII.

P. 301. B.

Où avez-vous lû, ajoûte-t-il, que les empereurs vos prédeceffeurs ayent affifté aux conciles, fi ce n'eft quand on traite de la foi, qui eft commune à tous

les chrétiens, clercs ou laïques ? Vous ne vous êtes pas contentez d'affifter à ce concile assemblé pour juger un évêque, vous y avez ramaffé des milliers de perfonnes feculieres, pour être fpectateurs de fon opprobre. On a tiré l'accusateur de vôtre palais, on a donné des juges fufpects & mercenaires. On a soûmis le fuperieur au jugement de fes inferieurs: quoique le jugement de l'évêque feul ne fuffife pas dans la caufe des moindres clercs contre les évêques. Car il faut un concile, fuivant le canon de Calcedoine. Et enfuite nous avons eu envie de rire, de voir que pour autorifer ce concile contre Ignace, vous dites qu'il étoit égal en nombre au concile de Nicée. Nommez-le donc auffi le septiéme ou le huitiéme concile general, mais la multitude ne fait rien fans la pieté & la justice. Et enfuite.

A N. 865.

Can. 9 up. live

V. 29.

Voilà ce que nous avons répondu au commence- p. 313. C. ment de vôtre lettre, mais nous n'avons pû répondre au reste, parce que Dieu nous a affligé d'une maladie qui ne nous a pas permis de le faire, & vôtre envoyé a été fi impatient, qu'il eft forti de Rome fans prendre congé, craignant les approches de l'hiver, & à peine avons-nous pû obtenir, qu'il attendit à Oftie que cette lettre fut écrite. Comme l'empereur temoignoit un grand mépris du fiége de Ro- p. 314. B. me, le pape en releve les privileges, & dit : Si vous vous élevez contre, prenez garde qu'il ne fe tourne contre vous-même. Car fi vous ne nous écoutez pas, nous vous regarderons comme N. Seigneur a ordonné de regarder ceux qui n'écoute pas l'é- ́ glise, c'est-à-dire qu'il l'excommuniera. Ces privi

Mat. XVIII. 17

AN. 865. leges, continue-t-il, font établis de la propre bou che de J. C. Ce ne font pas les conciles qui les ont accordez, ils les ont feulement honorez & confervez. Ces privileges font perpetuels, on peut les attaquer, mais non pas les abolir; ils ont été avant vôtre regne & subsisteront aprés vous, tant que le nom Chrétien durera. Saint Pierre & faint Paul n'ont pas été apportez chez nous aprés leur mort, par l'autorité des princes, comme l'on a fait chez vous, où l'on a enlevé aux autres églifes, leurs protecteurs, pour enrichir C. P. de leurs dépouilles. Saint Pierre & faint Paul ont prêché l'évangile à Rome, & l'ont confacré par leur fang. Ils ont acquis l'églife d'Alexandrie par faint Marc un de leurs enfans, comme faint Pierre par fa presence avoit déja acquis l'église d'Antioche. C'eft par ces trois principales églises, faint Pierre & faint Paul gouvernerent toutes. les autres. Et enfuite:

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que

Vous nous avez écrit de vous envoyer Theognof te, que vôtre frere Ignace a fait exarque des monafteres de quelques provinces: vous demandez aussi d'autres moines, comme vous ayant offenfé. Nous favons bien que vous ne les demandez que pour les maltraiter: quoique vous ne les ayez peut-être jamais vûs, & ne connoiffiez pas leur conduite. Quelques-uns d'eux ont fervi Dieu à Rome dés leur jeuneffe, & Theognofte ne nous a jamais dit que du bien de vous. Il a trouvé ici quelque repos, comme. une infinité d'autres. Car il vient tous les jours tant de milliers d'hommes fe mettre fous la protection de faint Pierre, & finir ici leurs jours, que l'on voit

à Rome toutes les nations raffemblées à propor- AN. 865. tion comme dans l'église univerfelle. Croyez-vous donc jufte, que nous en livrions quelqu'un aux princes, dont ils ont méprifé les graces, ou éprouvé l'indignation? Les payens mêmes ne le feroient pas. Outre que nous avons droit d'appeller à nous, non feulement des moines, mais des clercs de tous les diocéfes, pour l'utilité de l'églife. Que fi vous croïez que Theognofte nous dise du mal dePhotius & nous recommande Ignace, fachez qu'il ne nous a dit de l'un ni de l'autre, que ce que tout le monde en dit, & ce que nous en avons appris d'une infinité de perfonnes, qui venoient à Rome d'Alexandrie, de Jerufalem, de C. P. du mont Olympe, enfin par vos envoïez & vos propres lettres.

Vous femblez vouloir nous épouvanter, en nous menaçant de ruiner nôtre ville & nôtre païs. Mais nous nous confions en la protection de Dieu, & tant que nous fubfiifterons, nous ferons nôtre devoir. Quel mal vous avons-nous fait ? Nous n'avons pas ravagé la Sicile, ni conquis une infinité de pro- p. 31% vinces foûmises aux Grecs: nous n'avons point brûlé les fauxbourgs de C. P. On ne fe vange point des infideles, qui ont commis tous ces excès, & on nous menace, nous qui, graces à Dieu, fommes Chrétiens. C'est imiter les Juifs, qui délivroient Barrabas, & mettoient à mort J. C.

Il poursuit en demandant, qu'Ignace & Photius viennent à Rome, s'ils ne peuvent venir en per- P320. D. fonne, qu'ils en difent la raison par lettres, & qu'ils envoyent des députez: de la part d'Ignace, les ar

AN. 865. chevêques Antoine de Cyzique, Bafile de Theffalonique, Conftantin de Larille, Theodore de Syracufe, Metrophane de Smyrne, & Paul évêque d'Heraclée de Pont. Les abbez Nicetas de Chryfopolis, Nicolas de Stude, Dofithée d'Ofidium & Lazare prêtre & moine furnommé Cazare. Si vous ne les envoyez, ajoûte le pape, vous vousrendrez suspect, parce que ce font ceux qui peuvent nous faire connoître la verité. Photius & Gregoire de Syracuse peuvent envoyer qui il leur plaira, & vôtre majesté 1.321. D. deux perfonnes de fa cour. Nous vous prions aussi de nous renvoyer les lettres originales que nous envoyâmes par Rodoalde & Zacarie, afin que nous voyons fi on les a alterées. Envoyez-nous auffi les originaux des actes de la premiere déposition prétenduë d'Ignace, & de ceux qui nous ont été apportez par le fecretaire Leon.

324- B. Il conclut, en exhortant l'empereur à ne point entreprendre fur les droits de l'églife, comme l'église n'entreprend point fur ceux de l'empire. Avant J. C. dit-il, il y avoit des rois qui étoient aussi prêtres, comme Melchifedec. Le diable l'a imité en la perfonne des empereurs payens qui étoient fouverains pontifes: mais aprés la venue de celui qui eft veritablement roi & pontife: l'empereur ne s'eft plus attribué les droits du pontife, ni le pontife les droits de l'empereur. J. C. a feparé les deux puissances, enforte que les empereurs chrétiens eussent befoin des pontifes, pour la vie éternelle, & que les pontifes fe ferviffent des loix des empereurs pour les affaires temporelles.

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