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AN. 869. Coup, & perdit la parole. Il mourut le lendemain lundi huitiéme d'Août, à la deuxième heure du jour, & quelque peu de fes gens qui étoient reftez de cette mortalité, l'enterrerent dans un petit monaftere prés de la ville. Il avoit regné prés de quatorze ans depuis la mort de fon pere.

Hadr. ep. 19.

epift. 20.

epift. 21. 22.

L'empereur Louis prévoyant bien que le roi Charles fon oncle feroit ses efforts pour s'emparer du royaume de Lothaire, fit écrire par le pape plufieurs lettres pour détourner ce coup. La premiere aux feigneurs du royaume de Lothaire, où ils les exhorte à être fideles à l'empereur Loüis, comme legitime heritier de fon frere, & à ne ceder aux promeffes, ni aux menaces de qui que ce foit, pour fe retirer de fon obéiffance, fous peine d'excommunication & d'anathême. La feconde lettre eft aux feigneurs du royaume de Charles, contenant les mêmes menaces, & relevant les services que l'empereur Loüis rend à l'église, en combattant les Sarafins, & la fainteté des fermens que les rois freres avoient faits, de conferver leurs partages entr'eux & leurs neveux. Le pape ajoûte : Si quelqu'un s'oppofe aux juftes prétentions de l'empereur, qu'il fache que le faint fiege eft pour ce prince, & que les armes que Dieu nous met en main font preparées pour fa défense. Ainfi le pape fe rendoit arbitre des couronnes.

Cette lettre étoit dattée du cinquiéme de Septembre 869. & portée par deux évêques Paul & Leon legats envoyez exprés. Ils étoient chargez de deux autres lettres de même date ; l'une à tous les êvêques du royaume de Charles, l'autre à Hincmar de Reims

en particulier. Le pape les exhorte à détourner le roi Charles de cette injufte entreprise; & donne pouvoir à Hincmar d'agir en cette occafion, comme délegué du faint fiége, repetant la même menace d'anathême. Mais l'affaire étoit cofommée avant que les legats du pape puffent arriver en France.

A N. 869.

XXV. Charles couronné

Car fi-tôt que le roi Charles eut appris la mort de Lothaire, il marcha en diligence vers fon Royaume; roi de Lorraine. plufieurs feigneurs & plufieurs évêques fe donnerent An Bert. 369. à lui: il arriva à Mets le cinquiéme de Septembre 869. & le vendredi neuviéme il fut couronné folemnellement en cette maniere.

215.

Les évêques prefens au nombre de fept, s'affem- Tom. 2. cap. p. blerent dans l'église cathedrale de faint Eftienne; Tom. 8. conc. p. favoir, Hincmar archevêque de Reims, Adventius Ap. Hine, tom. xi évêque de Mets, Hatton de Verdun, Arnoul de 601. Toul, Francon de Tongres, Hincmar de Laon, déja délivré de prison, & Odon de Beauvais. Le roi & les feigneurs y étant, & quantité de peuple, l'évêque Adventius prit la parole, & dit: Vous favez ce que nous avons fouffert fous le defunt roi nôtre maître, pour des caufes qui font affez connuës; & la douleur que nous avons fentie de fa malheureuse mort. Tout nôtre recours a été aux jeûnes & aux prieres, nous adreffant à celui qui fecoure les affligez, qui donne les bons confeils, & diftribue les royaumes, pour le prier de nous donner un roi selon fon cœur, & de nous réunir tous pour recevoir unanimement celui qu'il auroit choifi. Nous voyons fa volonté dans le confentement avec lequel nous nous fommes volontairement donnez au roi Charles

1

AN. 869.

ici prefent, legitime heritier de ce royaume. C'est pourquoi nous devons reconnoître qu'il nous eft donné de Dieu; & le prier qu'il nous le conferve longtems , pour la défense de l'église & nôtre repos. Mais il faut auparavant qu'il nous faffe, s'il lui plaît, entendre de fa bouche, ce qui convient à un roi trés-chrétien & à un peuple fidele.

Alors le roi Charles dit: Ce difcours fait au nom de tous les évêques & vos acclamations, montrent bien que je fuis venu ici par le choix de Dieu &pour vôtre falut. Sachez donc que je veux conferver fon honneur & fon service, & celui des églises; honorer & proteger chacun de vous felon fon rang, & lui rendre justice felon les loix ecclefiaftiques & civiles; à condition que chacun me rendra l'honneur, l'obéiffance & le fecours, comme vos predeceffeurs ont fait aux miens.

Ensuite, à la priere des quatre évêques de la province de Treves, l'archevêque Hincmar prit la parole, & dit: Afin que perfonne ne trouve étrange, que les évêques de nôtre province & moi, nous mêlions des affaires d'une autre province: il doit favoir que dans la Gaule Belgique, les églises de Reims & de Treves, paffent pour foeurs & de même province, & tiennent ensemble leurs conciles, où prefide celui des deux archevêques qui est le plus ancien d'ordination. De plus, nos confreres de cette province n'ayant point de metropolitain, m'ont invité, par la charité fraternelle, à faire pour eux comme pour nous. Est-il ainfi, mes freres ? les évêquee de la province de Treves répondirent, qu'oui. C'est que le

fiége de Treves étoit vacant, par la déposition & la mort de l'archevêque Theutgaud.

AN. 869.

2. 21.

L'archevêque Hincmar continua: Outre les témoignages de la volonté de Dieu, que l'évêque Adventius vous a reprefentez; confiderez que le pere de nôtre roi l'empereur Louis de fainte memoire, defcendoit par faint Arnoul de la race de Clovis, qui fut converti par faint Remi avec toute la nation des Francs, baptifé dans la métropole de Reims,& facré roi d'une huile envoyée du ciel, que nous avons encore. Le même Louis fut couronné Sup. liv. XLVI. empereur à Reims par le pape Etienne ; & aprés que quelques factieux lui eurent ôté l'empire, il lui fut Ibid. n. 43. rendu dans cette églife de Mets & devant cet autel de S. Etienne, où il fut couronné par les évêques. Nous y étions prefens. Et parce que nous lifons dans les histoires faintes, que les rois fe faifoient facrer pour chaque royaume qu'ils acqueroient ; ces évêques jugent à propos, fi vous en êtes d'accord, que ce prince foit couronné devant cet autel, pour ce royaume dont vous lui prêtez volontairement l'obéïflance. Declarez fi vous en êtes d'accord. Tous le témoignerent par leurs acclamations; & l'archevêque dit : Rendons-en graces à Dieu, en chantant, Te Deum. C'est la premiere fois que l'on ait avancé ces deux faits, que faint Arnoul descendît de Clovis, & que ce roi eût été facré d'une huile venue du ciel.

Ap. Hincm. 10

Enfuite les fix évêques prononcerent chacun une oraison fur le roi devant l'autel de faint Etienne; 744 & l'archevêque Hincmar ajoûta une benediction so

lemnelle, pendant laquelle, il fit au roi l'onction du AN. 869. faint chrême fur le front, depuis l'oreille droite, jusques à l'oreille gauche, & fur la tête. Et pendant qu'il prononçoit une autre benediction, les évêques mirent au roi la couronne, & lui donnerent la palMiff. Rom. me & le fceptre. Tout cela fe fit avant la messe, à laquelle on fit memoire de faint Gorgon martyr, que l'Eglife Romaine honore ce même jour neuviéme de Septembre, & on dit les oraifons pour le roi, telles que nous les difons encore.

C. P.

XXVI.

Tom. 8. conc. Vita Hadr. p. P. 1230. D.

889. vita Ignat.

p. 980,

Tandis que ceci fe paffoit en France, les legats Legats du pape à du pape Adrien arriverent en Grece. Ils étoient trois, Donat évêque d'Oftie, Eftienne évêque de Nepi, & Marin un des fept diacres de l'églife Romaine, qui fut depuis pape. Ils étoient chargez de deux lettres, l'une à l'empereur Bafile, l'autre au patriarche Ignace, pour répondre à celles qui avoient été adreffées au pape Nicolas. Dans la lettre à l'empereur le pape Adrien declare, que lui & toute l'églife d'Occident ont eu trés-agreable ce qu'il a fait à l'égard d'Ignace & de Photius. Quant aux fchifmatiques, dit-il, comme ils ont peché diverfement, ils doivent être diversement jugez; & nous en remettons la connoissance à nos legats avec nôtre frere Ignace. Vous pouvez compter que nous userons de clemence envers eux, excepté Photius, dont l'ordination doit abfolument être condamnée. Nous voulons que vous faffiez celebrer un concile nombreux, où prefident nos legats, & où l'on examine les differences des fautes & des perfonnes. Que dans ce concile on brûle publiquement tous les exemplaires

2.983.

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