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Et vous,

5. Oa.

nous ne favons pas les noms. Il étoit chargé d'une AN. 869. lettre de l'empereur, qui parloit des Iconoclaftes, & faifoit mention à la fin de l'expulsion d'Ignace, demandant que le pape envoyât des legats à C. P. Il envoya Rodoalde & Zacarie qui vinrent ici, & tinrent un concile de brigandage contre Ignace, qu'ils prétendirent dépofer. Ils retournerent à Rome avec le fecretaire Leon, chargé des lettres de l'empereur & de Photius, & des actes du concile. Alors pape Nicolas étant éclairci, assembla un concile de tous les évêques d'Occident, avec le clergé & le fenat de Rome, condamna ce faux concile, & dépofa fes legats. C'est ainsi qu'il a condamné Photius. Bahanes fit la même question aux legats d'Orient. dit-il, qui avez demeuré fi long-tems ici attendant les legats de Rome, & qui aviez Photius fi proche, comment ne l'avez vous point cherché, pour le voir avant de le condamner? Elie legat de Jerusalem, se leva & dit: Le faint Esprit a établi les patriarches pour retrancher les fcandales qui s'élevent dans l'église. Donc Photius n'ayant été reçû ni par le premier fiége, qui eft celui de l'ancienne Rome, ni par les trois fiéges d'Orient, fçavoir, d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem; il n'étoit pas neceffaire de l'appeller pour l'examiner & le juger de nouveau; fa condamnation étoit manifefte. Nous n'avons jamais connu d'autre patriarche de C. P. qu'Ignace, quand à nôtre arrivée même il eût été encore dans fon exil, nous n'en eussions point reconnu d'autre. Mais graces à Dieu nous l'avons trouvé dans fon fiége, & nous avons communiqué, servi à Tome XI.

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A N. 869. l'églife & mangé avec lui, comme ayant toûjours été dans fa communion, & l'ayant toûjours declaré dés nôtre arrivée.

XXIX.

2. feff. Penitens reçûs.

Or quoique nous n'ayons point parlé à Photius, nous n'avons pas laiffé d'apprendre fes défenfes frivoles, par les entretiens frequens que nous avons eu avec ceux de fon parti. Ils difent qu'Ignace déposé & exilé, a donné fa demission; mais ni Rome, ni nous ne la recevons, parce qu'elle eft contre les canons. Et fi l'on dit que ceux qui ont eu part à l'ordination de Photius, ou communiqué avec lui, meritent la même peine que lui, on ne dit pas vrai. La foibleffe de la nature nous fait quelquefois faire par la crainte de la mort, ce que nous ne voudrions pas. Ainfi ceux qui aïant été ordonnez par Methodius & par Ignace, ont cedé à la violence,& fe font promptement relevez, font dignes d'indulgence. Voilà donc pourquoi nous n'avons pas appellé Photius, pour le juger de nouveau: Il a lui-même envoïé un officier de l'empereur au métropolitain de Tyr, pour savoir si le fiége d'Antioche l'avoit reconnu, & le métropolitain a déclaré nettement, que jamais on ne l'avoit reconnu à Antioche. Le fenat témoigna être fatisfait de cet éclairciffement. Enfuite comme il étoit tard, on termina la feffion par plufieurs acclamations, qui furent prononcées par le diacre Eftienne, à la louange de l'empereur, de l'imperatrice Eudoxia, du pape Nicolas, du pape Adrien, du patriarche Ignace, des patriarches d'Orient, du fenat & du concile.

La feconde session fut tenuë deux jours aprés

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favoir le feptiéme d'Octobre 869. & les mêmes perfonnes y affifterent. L'action fut ouverte par Paul garde-chartes de l'église de C. P. que Photius avoit ordonné archevêque. Il avoit été dépofé comme les autres; mais Ignace le jugeant utile au fervice de l'église, lui donna cette dignité,, fuivant l'intention du pape, qui avoit écrit de lui donner telle place que l'on voudroit, hors le facerdoce. Le garde-chartes ou cartophylax étoit à C. P. ce que le bibliothecaire étoit à Rome. Il portoit les mêmes ornemens que les miniftres ecclefiaftiques, & en faifoit les fonctions; c'étoit lui qui prefentoit au patriarche tous les évêques ou les clercs étrangers, toutes les lettres, tous ceux qui devoient être pourvûs d'é-. vêchez, d'abbayes, ou promûs aux ordres, tous devoient avoir fon approbation. Paul s'étant donc prefenté au milieu du concile, dit; que ceux qui étoient tombez fous Photius, demandoient à entrer. On fit premierement entrer les évêques, & ils se profternerent devant le concile, tenant un libelle à leurs mains. Les legats du pape leur dirent : Qui êtes-vous, & qui vous a confacrez? Theodore métropolitain de Carie dit: Le trés-faint patriarche Ignace, & le bienheureux Methodius. Les legats demanderent combien ils étoient; Theodore répondit, nous ne favons. Que voulez-vous ? dirent les legats. Les évêques répondirent: Nous nous prosternons devant le faint concile univerfel, en demandant penitence. Les legats ajoûterent: Que tenez-vous là ? C'est le libelle de confeffion de la faute que nous avons commise contre nôtre trés-faint patriarche

AN. 869.

5. Oct. Nota Anaft. 998. 1190.

AN. 869. 7. Oct.

Ignace. Confeffez-vous que vous avez peché en cette rencontre ? Nous le confeffons. Votre libelle est-il conforme à ce que vous dites de bouche? Qu'on le life, & vous ferez éclaircis de ce qui nous regarde. Les legats du pape ayant demandé l'avis aux legats d'Orient & au concile, il fut lû du confentement de tous par le diacre Eftienne.

Il ne s'adreffoit qu'aux legats du pape, & portoit en substance: Si les maux que Photius a faits à P. 999. 1290. l'église étoient inconnus à Rome, nous aurions befoin d'un grand discours; mais vous êtes témoins de ce qu'il a fait contre le pape Nicolas, cet homme incomparable, contre lequel il a tant inventé de calomnies, fans l'avoir jamis vû ni connu. Il a fait venir d'Orient de faux legats de tous les patriarches, pour condamer ce grand homme avec de faux témoins. Car il n'a jamais eu fon femblable dans l'art de mentir & de tromper. Il a traité de même nôtre patriarche Ignace : Il l'avoit attaqué étant laïque puis il nous fit tous promettre par écrit, de le reconnoître toûjours pour patriarche: mais le lendemain il commença à le charger de calomnies, & le fit enfuite tourmenter cruellement, pour avoir fa renonciation, lui faisant fouffrir l'exil, les prisons, les chaînes, les coups, la fin & la foif. S'il traitoit ainfi ce prélat fi venerable fils & petit fils d'empereur, qui avoit paffé fa vie dans les faints exercices de la vie monastique ; vous jugez bien comment il nous a traitez. Plufieurs ont été enfermez avec des payens dans la prifon du pretoire, où ils ont fouffert la faim & la foif: d'autres condamnez à fier des marbres, &

7. Oct.

frappez, non pas à coups de bâton, mais à coups AN. 869. d'épée; car les coups de pieds dans le ventre n'étoient comptez pour rien. On nous chargeoit de chaînes & de carcans de fer ; & aprés plufieurs jours, on nous donnoit du foin pour nourriture. Combien en ont-ils enfermé dans des prisons obfcures & infectes? combien en ont-ils bani dans les extrémitez du monde & chez les infideles? Nous avons cedé à tant de cruautez, que nous fouffrions & que nous voyons fouffrir aux autres; nous nous fommes laissez feduire,bien qu'à regret & en gemissant. C'est pourquoi nous avons recours à vôtre mifericorde, nous venons à vous avec un cœur contrit & humilié, nous proteftons de rejetter Photius & fes adherans, jufques à ce qu'ils fe convertiffent; & nous nous foûmettons volontiers à la penitence qu'il plaira à nôtre patriarche de nous impofer.

Aprés cette lecture, les legats du pape dirent: p. 1602. D. Nous vous recevons fuivant l'ordre du pape Adrien, à cause de vôtre confeffion. Puis ils ajoûterent: Nous avons ordre de vous faire foufcrire le libelle que vous nous apportez de Rome. Le voulez-vous faire? Nous le voulons, dirent les évêques, & nous fommes prêts à le foufcrire. Les legats le firent encore lire, eomme il l'avoit été à la premiere session; & les évêques penitens l'écrivirent: favoir, Theodore de Carie, Euthymius de Catane, Photius de Nacolie, Eftienne de Chypre, Eftienne de Cylire, Theodore de Sinope, Eustache d'Acmonie, Xenophon de Milaffe, Leon de Daphnufie, Paul de Melé, dix en tout. Alors le patriarche Ignace, du

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