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il ne touche point en cette lettre au fonds de la doctrine. Ce qui n'a pas empêché depuis les Grecs fchifmatiques de prendre avantage de cette lettre, & de tout ce qui fut fait fur ce fujet, au concile de Photius, qu'ils tiennent pour le vrai huitiéme concile œcumenique, ne comptant pour rien celui de l'an 869.

AN. 880.

A la fuite du concile de Photius, on trouve trois Bever. p. 250. lettres écrites par lui à des évêques d'Italie, après le concile & la réunion des deux églifes. Savoir à Marin de Castello, à Gauderic de Veletri, & à Zacarie d'Anagnia. Il leur envoïe des prefens & leur demande la continuation de leur amitié alterée par fa difgrace.

XXV. Etat de l'Orient.

Ermac. 11.

C. 14.

p. 160.

Voïons maintenant l'état de l'Orient, pour mieux entendre ce qui a été dit des députez qui en vinrent sup. xx. m. 7. à ce concile. Le calife Moutaz aïant regné trois ans & demi dans la negligence & les plaifirs, comme fes prédeceffeurs, fut forcé à fe dépofer, puis enfermé dans un cachot, où on le faiffa mourir de faim. C'étoit l'an de l'hegire 255. de J. C. 869. Son c. 15. fucceffeur fut Mahomet fils du calife Vathec, que l'on nomma Mouthadi. Celui-ci avoit du merite & voulut rétablir l'ordre. Il défendit le vin, chaffa les chanteurs, les boufons & les devins: ôta les impôts & rendoit justice en perfonne deux fois la femaine l'alcoran à la main. Mais au bout d'onze mois, les Turcs mutinez le tuerent, après l'avoir traité indignement. Son fucceffeur fut Moutamid fils du ca- c. x6. life Moutevaquel. Il commença à regner 256. 870. & s'abandonna au plaifir : ce qui causa plusieurs re

AN. 880.

voltes sous prétexte de religion ; & toutefois il regna vingt-trois ans, jusques à l'an 279. 892. De fon tems Ahmed fils de Toulon gouverneur d'Egypte prit Antioche fur le calife, qu'il ner connoifloit plus; & comme Moüaffic frere du calife & gouvernant à La place, ne pouvoit reduire Ahmed par la force : il le fit excommunier comme rebelle dans toutes les mofquées de Bagdat, Car les Musulmans avoienť leurs cenfures à l'imitation des Chrétiens. Ce fut Sup. n. 15. l'an 265.879. qu'Ahmed prit Antioche; & c'eft lui fans doute, qui dans une lettre du patriarche Theodofe fe trouve nommé Ebintaëloum: mais il faut lire Ebin Touloun le fils de Touloun.

tom. 2.

Ce Theodofe ou Thadous patriarche Melquite d'Antioche avoit été ordonné la premiere année du Eutych. 471. calife Moutamid, que eft l'an 870. après Eftienne qui ne tint le fiége qu'un jour; mais Theodofe le remplit vingt-ans. Le patriarche Melquite de Jerufalem fe nommoit auffi Theodofe, & mourut la dixiéme année du même calife, c'est-à-dire,l'an 880. Il eut pour fucceffeur Elie, dont le pere Manzour avoit aidé aux Mufulmans à prendre Damas, & pour ce sujet avoit été excommunié par tout le monde. Elie tint ce fiége P. 272. praf vingt-neuf ans. Nous avons de lui une lettre de l'année 881. indiction quatorziéme, adreffée aux rois, à tous les évêques & les fideles de France: par laquelle il dit que le prince du païs s'étant fait Chrétien, a permis de rétablir les églifes, qui étoient prêtes à tomber. Mais ajoûte-t-il,n'aïant point d'argent pour faire cette dépenfe,& n'en trouvant point à emprunter; nous avons engagé les vignes & les plans d'o

Tom. 2. Spicil.

1. Sac. 6. A&. B. n. 8.

liviers

liviers appartenant à l'églife & jufques aux vales AN. 88c. facrez. Ce qui n'eft pas encore fuffifant; & cependant nous n'avons point dequoi fournir au luminaire des églifes, à la nourriture des pauvres & des moines, & à la redemption des captifs. C'est pourquoi nous avons recours à votre charité. On ne voit point qui pouvoit être ce prince converti; mais je ne sai fi ces Orientaux étoient scrupuleux de feindre ce qui pouvoit leur attirer des aumônes. Cette lettre fut envoïée par deux moines, Gifpert & Rainard, donė les noms font bien voir qu'ils étoient Francs, & qu'ils s'étoient retirez à la terre fainte.

Le patriarche Melquite d'Alexandrie étoit Michel fils de Bacam, qui mourut l'an de l'hegire 256. 870. de J. C. & deux ans après l'an 258. on mit à fa place un autre Michel, qui tint le fiége trente-qua- chr. Orient. på tre ans. Mais le patriarche Jacobite d'Alexandrie.... étoit Ofanius ou Sanut, qui tint le fiége onze ans, jusques en 877. Son fucceffeur fut Michel, pendant vingt-cinq ans. Achmed fils de Touloun le fit beau- Elmac. p. 176 coup fouffrir, & le chargea de fi grandes taxes, qu'il fut obligé de vendre aux Juifs la quatrième partie des églifes d'Alexandrie, & d'impofer à chaque Chrétien une capitation. Il vendit auffi les biens des moines; & encore ne pût-il païer que la moitié de sa taxe, qui étoit de vingt mille dinars ou fous d'or.

C'est ce que je trouve des églifes d'Orient. La fervitude où ces patriarches vivoient, rend moins étonnante leur facilité à envoïer des legats, pour ou contre Photius : felon que ceux qui les demandoient étoient plus puiffans, & leur donnoient plus d'auTome XI,

Rrr

AN. 88. mônes. Le lecteur jugera quel fonds il doit faire fur des témoins, qui fe dédifoient fi facilement.

L'empereur Bafile envoïa du fecours en Italie comme il avoit promis au pape, fous la conduite de Gregoire fpathaire, Theophylacte turmarque, & Diogene comte. Le pape aïant appris qu'ils étoient Ep. 20 arrivez à Naples, & qu'ils y avoient défait une multitude de Sarrafins, leur écrivit pour les en feliciter, & leur mander de venir à Rome avec quelques galeres, pour la défendre contre les mêmes ennemis. En même tems il écrivit à Athanafe archevêque de Naples, & au peuple d'Amalfi, pour les preffer de rompre leur alliance avec ces infideles.

Ep. 241. 242.

XXVI.

Fin de faint

Sclaves

E ft. 194.

Epift. 247.

pape

Methodius archevêque des Moraves, étoit venu Methodius des à Rome, fuivant l'ordre qu'il en avoit reçu du l'année précedente. Le pape aïant eu de lui les éclairciffemens qu'il defiroit, fur fa foi & fur fa conduite: le renvoïa avec une lettre au comte Suentopoule prince des Sclaves établis en Moravie; où après avoir loué ce prince de fa devotion à saint Pierre, & au faint fiége, il dit: Nous avons interrogé votre archevêque Methodius, en prefence de nos freres les évêques, s'il croïoit le symbole de la foi & le chantoit à la meffe, comme le tient l'églife Romaine, & comme il a été reçû dans les fix conciles univerfels. Il a déclaré qu'il le tenoit & le chantoit fuivant la tradition de l'églife Romaine. Ainfi l'aïant trouvé orthodoxe dans fa doctrine, & capable de fervir l'églife, nous vous le renvoïons pour gouverner celle qui lui a été confiée; & vous ordonnons de le recevoir avec l'honneur convena

ble. Car nous lui avons confirmé le privilege d'ar- AN. 880. chevêque en forte que felon les canons, c'est à lui à regler toutes les affaires ecclefiaftiques.

:

Nous avons auffi confacré évêque de Nitrie, le prêtre Vichin, que vous nous avez envoïé; nous voulons qu'il obéïsse en tout à fon archevêque, fuivant les canons, & que dans le tems convenable, vous nous envoïez un autre prêtre ou diacre du confentement de l'archevêque, afin que nous l'ordonnions de même, pour quelque autre églife où vous jugerez neceffaire d'ériger un fiége épifcopal; & qu'avec ces deux évêques, votre archevêque puiffe en ordonner d'autres, dans les lieux où ils pourront refider avec honneur. L'évêché de Nitrie fubfifte encore dans la haute Hongrie, fous l'archevêque de Gran, & peut faire juger jufques où s'étendoit la domination de Suentopoulc. Le pape continuë: Nous voulons que les prêtres, les diacres & les autres clercs, foit Sclaves, foit d'autre nation, qui font dans les terres de votre obéiffance, se soûmettent en tout à votre archevêque; & s'il s'en trouve de défobéissans, & de fchifmatiques: qu'après une feconde admonition, ils foient chaffez de vos terres.

Enfin, nous approuvons les lettres fclavones inventées par le philofophe Conftantin, & nous ordonnons de publier en la même langue les actions & les louanges de J. C. puisque saint Paul dit, que toute langue doit confeffer qu'il eft dans la gloire de Dieu le pere. Car il n'eft point contraire à la foi d'emploïer la même langue fclavone, pour celebrer la meffe, lire l'évangile & les autres écritures de l'an

Phil. II. 11,

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