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finitions & les axiomes, & non pas les démonftrations. Ils l'admirerent, & lui demanderent combien il y avoit à C. P. d'hommes aussi savans que lui. Il repondit qu'il n'étoit qu'au rang des difciples; leur parla de fon maître, & leur décrivit fa vie pau

vre & retirée. .⠀

Almamon renvoya auffi-tôt le captif avec une lettre pour le philofophe Leon, où il l'invitoit à le venir trouver, promettant de le combler d'honneurs & de richesses: mais Leon craignant de fe rendre fufpect, fi l'on favoit qu'il eût reçu une lettre de l'ennemi de l'empire; la donna au logothete Theoctiste, qui en parla à l'empereur. C'étoit Theophile qui regnoit alors, & qui ayant ainfi connu le merite de Leon, le fit venir, l'enrichit, & le logea prés de l'églife des quarante martyrs, pour enfeigner publiquement. Le calife Almamon voyant qu'il ne pouvoit le tirer de fon païs, lui propofa par lettres plufieurs queftions de geometrie & d'aftronomie; & fut fi fatisfait de fes réponfes, qu'il écrivit à l'empereur Theophile, le priant de le lui envoyer pour un peu tems; & offrant pour cet effet cent centenaires, c'eft-à-dire dix mille livres d'or ; & une paix perpetuelle. Theophile ne Cang. gloff. Gv jugea pas à propos d'envoyer Leon: au contraire il le fit ordonner archevêque de Theffalonique, par le patriarche Jean Lecanomante.

Leon fe fit aimer de fon peuple, particulierement à l'occafion d'une grande famine, dont ils crurent qu'il les avoit délivrez, en leur marquant le temps auquel ils devoient femer, qu'il preten

Centen.

n. 28,

Cedre p. 548.

29. doit connoître par les aftres. Ayant occupé trois ans le fiege de Theffalonique, il fut déposé avec les autres Iconoclaftes & revint à C. P. où Bardas lui donna l'école de philofophie au palais de Magnaure. Theodore fon difciple enfeigna la geometrie, Theodege l'aftronomie, & Cometas la grammaire. Bardas s'appliquoit lui-même en la jurisprudence, & affiftoit continuellement aux jugemens qui se rendoient à l'hipodrome.

#.30.

AN. 858.

I I.

Saint Ignace

shaffé.

Ign. to. 8.

conc.p.1191.

C.

pour

Mais ces mœurs ne répondoient pas à fon amour les fciences. Outre fon ambition fans bornes,. il etoit débauché, jufques à entretenir publiquement sa bru, aprés avoir chatfé fa femme legitime.. Le patriarche Ignace ne pût fouffrir ce fcandale.. Nicet vita Il avertit Bardas & l'exhorta d'avoir pitié de fon ame: mais le cefar fans l'écouter, se presenta dans l'églife pour participer aux faints myfteres le jour de l'Epiphanie fixiéme de Janvier l'an 858. Alors le. patriarche le retrancha de la communion ; & Bar-das en furie le menaça de lui paffer fon épée au travers du corps. Mais Ignace de fon côte le me-naça de la colere de Dieu. Depuis ce tems-là. Bardas ne chercha qu'à rendre Ignace fufpect &. odieux à l'empereur Michel; & enfin le vingt-troifiéme de Novembre il le fit chaffer du palais patriar-cal & le releguer dans l'isle Terebinte.

2. 1193. D.

A peine y avoit il été trois jours qu'on lui envoya les évêques estimez les plus confiderables, pour lui perfuader de cederau tems & de donner un acte de. renonciation à son siege. Et toutefois ces mêmes. évêques avoient promis par écrit.& avec ferment

fur la fainte Trinité, de ne jamais dépofer le patriar- A N. 858. che Ignace, fans condamnation canonique. Auffi leur voyage fut inutile. Mais ils revinrent quelques jours aprés, avec des patrices & les plus confiderables d'entre les juges; & firent tous leurs efforts, par promeffes, & par menaces, pour obliger Ignace donner fa renonciation par écrit.Il demeura inébranlable. Cependant plufieurs évêques fe plaignoient de l'injustice qu'on lui faifoit, & menaçoient de ne point reconnoître pour patriarche le fucceffeur qu'on pretendoit lui donner; ce qui cauferoit un fchif me. Pour l'éviter, Bardas les prit en particulier; & promit à chacun d'eux le fiége de C. P. s'ils vouloient abandonner Ignace. Ils y confentirent à ce prix; & Bardas leur dit que l'empereur leur tiendroit parole, mais que quand il les envoyercit querir pour leur. offrir le fiege de C. P. ils devoient par modeftie faire femblant de le refufer. Ils en convinrent: l'empereur. les manda chacun à part, leur fit offre, ils refurent: mais ils furent pris au mot, & firent inutilement. cette baffeffe.

'I'II. Photius patriar

che

Poft. Th. n. 22.

Celui que la cour choifit pour patriarche de C. P. fut l'eunuque Photius. Il étoit de grande naissance, petit neveu du patriarche Taraife, & fils d'Irene Nicet. p. 1198. four d'Arfaber patrice & maître des offices,qui avoit époufé Calomaire fœur de l'imperatrice Theodora, & du cefar Bardas. Le genie de Photius étoit encore au dessus de sa naissance : il avoit l'efprit grand & cultivé avec un grand foin. Ses richeffes lui faifoient trouver facilement toutes fortes de livres ; & fa paffon pour la gloire alloit jufques à paffer les nuits à la

A N. 858.

lecture. Auffi devint-il le plus favant homme, non feulement de fon fiecle, mais des precedens. Il fçavoit la grammaire, la poëtique, la retorique, la philofophie, la medecine & toutes les fciences profanes: mais il n'avoit pas négligé la science ecclefiaftique; & quand il fe vit en place il s'y rendit trés favant. Il étoit pur laïque, & avoit deux grandes charges à la cour, étant protofpataire & protafecretis, c'est-à-dire, premier écuyer & premier fecretaire. Nicet. p. 1199. D'ailleurs il étoit fchifmatique, attaché au parti de Gregoire Asbestas évêque de Syracuse en Sicile, déposé pour fes crimes.

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Dés le tems que S. Ignace fut élevé au siege de C. P. il connoiffoit fi bien Gregoire qu'il ne voulut point qu'il affiftât à son ordination: refusant de communiquer avec lui, jufques à ce qu'il eût examiné fa caufe à loifir.Cette conduite ne fut pas approuvée de tout le monde ; & Gregoire en fut tellement irrité, qu'il jetta les cierges qu'il tenoit à fes mains pour la ceremonie de l'ordination d'Ignace, & commença à le charger publiquement d'injures, & à dire que c'étoit un loup & non un pasteur, qui entroit dans l'églife. Pierre évêque de Sardis, Eulampius d'Apamée & quelques uns du clergé de C. P. prirent le parti de Gregoire & firent fchifme contre Ignace: qui effaya pendant les onze ans de fon pontificat de mener Gregoire, n'épargnant ni les paroles ni les bienfaits mais ce fut inutilement.

Gregoire alloit dans toutes les maisons des grands médire d'Ignace, jufques à l'accufer de n'être pas Chrétien.Il étoit principalement eftimé de Photius &

1

Nicol. ep. 9. p.

Stylliani ep. tom.

8.

Conc. p. 1400.

de fes parens, qui le regardoient comme un grand AN. 858. homme de Dieu. Enfin Ignace le jugea dans un concile tenu au plus tard l'an 854. & le dépofa de l'épifcopat. Gregoire & ceux de fon parti envoyerent à 338. D. Rome porter leur plainte au pape Leon IV. qui écrivit à Ignace,le priant d'envoyer quelqu'un pour l'inftruire de cette affaire. Ignace y envoya le moine Lazare confeffeur fous les Iconoclaftes; qui connoiffoit parfaitement ce qui concernoit Gregoire. Toutefois Leon differa de le condamner; & Benoît III. fon fucceffeur en ufa de même ; quoique Gregoire eût encore envoyé à Rome de fon tems. Ce n'eft Nic. ep. 12. p. 3733 pas que le pape Benoist ne trouvât Gregoire fuffifam- Nic. ep. 10.p. 359. ment convaincu; mais il fe contenta de le déclarer fufpens, & il n'y eut point à Rome de jugement définitif contre lui. Tel étoit Gregoire Asbestas.

ep. 11. p. 391.

8. Conc. p. 1385!

D.

Comme Photius n'avoit point été élû pour remplir le fiége de C.P. par les évêques felon les canons, mais Metroph. ep. to. par la feule autorité de Bardas; tous les évêques le rejetterent d'abord,& en élurent trois autres d'un commun consentement. Ils perfifterent plusieurs jours dans cette refolution: enfin on les gagna tous petit à petit, excepté cinq, entre lefquels étoit Métrophane métropolitain de Smyrne. Encore ces cinq voyant que la multitude des évêques avoit cedé, se rendirent auffi, à condition que Photius donneroit un écrit de fa main, par lequel renonçant au fchifme, il embrafferoit la communion d'Ignace : le reconnoiffant pour patriarche legitime, & promettant de ne jamais lui rien reprocher, ni recevoir ceux qui voudroient l'accufer: au contraire de l'ho

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