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fabuser les fimples, il eft bon que vous faffiez part AN. 863. à tous vos confreres de ce que nous penfons fur ce fujet, & que vous en inftruifiez le peuple publiquement dans vos églifes. Quant au concile que vous proposez, nous ne pouvons en deliberer, qu'après que nos legats feront revenus & nous auront rapporté ce qu'ils ont fait.

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Epift. 28.

Le pape écrivit auffi par Odon à Hincmar, mêlant fes reproches de marque d'eftime, & le renvoyant à la lettre précedente: Vous deviez, dit-il, ayant examiné tant de fois Rothade, honorer la memoire de faint Pierre; en nous écrivant ; & attendre nôtre jugement, quand même Rothade, n'eût pas appellé. Et enfuite: Vous nous demandez la confirmation des privileges de vôtre église, & vous voulez affoiblir les nôtres, autant qu'il eft en vous. En effet cette même année 863. Hincmar obtint du pape la confirmation des prérogatives de fa metropole, & du concile de Soiffons, tenu le vingt- Tom. 8. cone. quatrième d'Avril 853. où fon ordination fut jugée canonique.

p. 488. Supl.

XLIX n. 8,

Le roi Charles & les évêques de fon confeil avoient été choquez de la lettre du pape en faveur de Baudouin, renduë par les legats à Soissons. Ils croyoient que le pape n'avoit pas dû l'abfoudre de leur excommunication, & trouvoient qu'il parloit au roi en termes trop imperieux. Le pape s'en excufa par la lettre dont il chargea Odon pour le roi. Nous n'avons point, dit-il, délié Baudouin de Epift. 381. l'anathême, & ne l'avons point reçû à nôtre communion. Nous avons détefté fon crime, & pris part à

AN. 863. vôtre jufte douleur : mais comme il s'étoit mis sous la protection de faint Pierre, nous n'avons pû lui refuser nôtre interceffion: ufant toutefois de prieres & non de commandemens. Il lui marque ce qu'il écrit aux évêques toûchant Rothade, le priant, & même lui enjoignant de l'envoïer à Rome, & ajoûtant encore des excufes des termes un peu durs dont il avoit ufé dans les lettres précedentes.

p. 33.

Nic. ep. 41. to. 8, conc. p. 796. C.

XXVIII, Concile de Mets

thaire.

An. Fuld. 863. Metenf. 865. Bertin. 863. Nic.epift. 58.

me,

Odon fut auffi chargé par le pape d'une lettre pour Rothade, où il le confole & l'exhorte à venir à Rofi-tôt qu'il en aura la liberté. Si on ne vous le permet pas, ajoute-il, ayez foin de nous le mander & ne ceffez de recourir au faint fiége. Cette lettre eft datté du vingt huitiéme d'Avril indiction onziéme qui eft l'an 863. par où l'on peut juger, que les autres dont Odon fut chargé, font de même datte. Il demeura deux mois à Rome, & étoit de retour en France le vingt troifiéme de Juillet, puisque Hincmar reçût ce jour là les lettres du pape.

Cependant les legats de Rodoalde & Jean fe rendifavorable à Lo- rent à Mets, & y tinrent le concile de la my-Juin, la même année 863. il ne s'y trouva aucun évêque de Germanie ni de Neuftrie; c'est-à-dire, des royaumes de Louis & de Charles ; mais feulement du royaume de Lothaire ; & ils s'y trouver tous, excepté Hungaire d'Utrect retenu par maladie. Tout y paffa fuivant la volonté du roi. Les legats gagnez par fes liberalitez, ne montrerent point les lettres du pape, & ne fuivirent point fes instructions. Lothaire leur dit, qu'il n'avoit fait qu'executer le jugement des évêques de fon royaume, assemblez en un concile

concile general, c'est-à-dire, au troifiéme d'Aix la sup. n. 23. Chapelle, tenu l'année précedente. Les évêques n'en difconvinrent pas ; ils apporterent quelques raifons apparentes, pour justifier leur conduite, & les redigerent par écrit dans un libelle, qui fut foufcrit de tout le concile. Un des évêques ajoûta à sa souscription, que cet acte n'auroit lieu que jufques à l'examen du pape: mais Gonthier prit un canif & gratta le parchemin, pour effacer ces mots, ne laiffant que le nom de l'évêque. Les legats, pour paroître avoir fait quelque chofe, confeillerent au roi d'envoyer à Rome avec ce libelle, Gonthier de Cologne & Theutgaud de Treves, qui avoient préfidé au concile, pour demander la confirmation du pape.

62.

A cette occafion, & aprés la tenue du concile dé Mets, l'évêque Adventius fit un memoire pour justi fier la conduite du roi Lothaire & la fienne, où il difoit : L'empereur Lothaire avoit refolu de marier Ap. Bar. an. fon fils Lothaire encore enfant, à une fille noble nommée Valdrade, & lui avoit donné cent familles de ferfs en faveur de ce mariage. Tant que le pere vécut, le jeune Lothaire demeura avec Valdrade, comme avec fon épouse legitime:au vû & au fû de fes gouverneurs, des prelats & des feigneurs. Mais incontinent aprés la mort de l'empereur Lothaire, dans le tems même du deuil, Hubert amena fa Tour Thietberge au jeune Roi, & la lui fit époufer par fes artifices, le menaçant, s'il ne le faifoit, de mettre fa couronne en danger. Lothaire épousa" donc, mais malgré lui, comme il le témoigna. Elfuite le bruit fe répandit de l'ihcefte commis par Thietberge

Tome XI.

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AN. 863.

XXIX.

Hilduin intrus à Cambray.

avec fon frere : elle le confeffa, fut condamnée & s'enfuit. Le roi Lothaire en informa le pape Nicolas qui envoya fes legats; & le concile fut tenu à Mets en prefence du roi, qui expliqua ce qui vient d'être dit de fon mariage avec Valdrade, contracté par l'autorité de l'empereur fon pere. Puis donc que l'on en parle diversement, je veux declarer ce que j'en penfe, & à qu'elle intention je m'en fuis mêlé. Quand l'empereur donna Valdrade à fon fils, je n'étois pas encore évêque,& je n'y fus pas prefent. Je n'ai appris non plus que par oui dire le fecond mariage avec Thietberge. Mais étant évêque, j'ai ainfi jugé de ces mariages: Un empereur très-chrétien a donné à fon fils une jeune fille, fuivant les regles de la religion, ce n'est donc pas une conjonction illicite ; & ç'a été un adultere de la quitter, pour en époufer une autre. Quant à Thietberge, elle a volontairement confeflé le crime commis avec fon frere, comme l'ont témoigné des perfonnes dignes de foi. Voilà ce qui m'a déterminé.ontoh tov: i.LS

Entre les lettres du pape Nicolas, qu'Odon évê, que de Beauvais apporta en France, il y en avoit trois touchant l'affaire d'Hilduin, à qui le roi Lothaire avoit donné l'évêché de Cambrai, vaquant par le décés de Thierri. Hilduin étoit frere de Gonthier archevêque de Cologne, & allié du fameux Hilduin abbé de S. Denis. Hincmar métropolitain de Cambrai, quoique disciple de l'abbé Hilduin, refusa Sup... d'ordonner celui-ci, prétendant qu'il étoit indigne de l'épifcopat felon les canons: mais Lothaire ne voulut point permettre qu'il en ordonnât d'autre, & mit

2.28

A N. 863.

Hilduin en poffeffion du temporel de l'églife de Cambray. Hincmarc dreffa un libelle d'accufation contre Hilduin, contenant les caufes de fon refus; &le presenta à Lothaire dans une affemblée des rois, furquoi les trois métropolitains du royaume de Lothaire, Theutgaud de Treves, Gonthier de Cologne Epift.com. 8. & Arduic de Befançon, fommerent Hincmar, ap conc.p 762. paremment en Février 863. de comparoître au concile qui fe devoit tenir à Mets, pour y foûtenir fon accusation, sous peine d'être declaré calomniateur. Mais Hincmar n'alla point à ce concile, non plus que les autres évêques du royaume de Charles, & porta fes plaintes au pape.

ep. 63. 64. 65.

Le pape écrivit donc fur ce fujet aux évêques du roïaume de Lothaire, à Lothaire lui-même & à Hilduin. Il fe plaint que l'églife de Cambrai demeure vacante depuis dix mois, contre les canons: que le roi autorife Hilduin à en piller les biens, & empêche la liberté de l'élection & le droit du métropolitain. Il enjoint à Hilduin de fe retirer de Cambrai, fous peine d'excommunication. Hincmar ne manqua pas de faire tenir ces trois lettres, & d'en folliciter la réponse; mais il ne fut pas fi diligent à rendre celles qui concernoient l'affaire de Rothade: il les garda environ quatre mois, fans les laiffer voir p. 796.c. à perfonne.

init.

Hine. opufc. 17.

Nic. ep. 41.

XXX. Concile de Ver

Ann. Bertin. 863,

Il ne les montra apparemment qu'au tems du concile de Verberie, que le roi Charles fit tenir le vingt- berie. cinquiéme d'Octobre, la même année 863. Car ce fut en ce concile, que le roi refolut d'envoyer Rothade à Rome suivant l'ordre du pape. Là-même le

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