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Les Archives du droit canon catholique ont exposé récemment, dans une série d'articles, la situation actuelle de l'Eglise en Suisse, en Autriche et en Allemagne. On doit remarquer surtout celui qui a pour titre Hostilités de Bismarck contre l'Eglise : 1o Les menaces et les raisons de M. de Bismarck; 2° Les auxiliaires; 3° Les attentats. C'est un tableau fort simple, mais fort éloquent de la campagne si audacieusement conduite par le gouvernement prussien contre le catholicisme.

J. DANGLARD.

1 Archiv für katholisches Kirchenrecht. 1872, 4 livraison, juillet-août. Bismarckische Feindseligkeiten gegen die katholische Kirche. Herausgegeben von Dr FRIEDRICH H. VERING.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

La Sainte Bible, avec commentaires théologiques, moraux, philologiques, historiques, etc., etc., rédigés d'après les meilleurs travaux anciens et contemporains, introduction spéciale pour chaque livre, par M. l'abbé DRACH, du clergé de Paris, docteur en théologie, texte latin de la Vulgate, traduction française en regard, par M. l'abbé BAYLE, docteur en théologie et professeur d'éloquence sacrée à la Faculté de théologie d'Aix.Tome VIII, 1 partie, Les Epitres de S. Paul. París, Lethielleux, 1870-71, gr. in-8° raisin de xc-806 p.

MM. Drach et Bayle ont achevé et publié intégralement la traduction et le commentaire des Epitres de saint Paul. C'est une œuvre érudite, qui aidera, je l'espère, au progrès des études bibliques en France. On pourrait s'étonner au premier abord que le traducteur et le commentateur ne se soient pas toujours mis d'accord sur le sens de certains passages des Epitres, mais M. Drach nous dit qu'il a laissé à dessein subsister entre la version et le commentaire des divergences peu importantes, peu nombreuses, qui permettent au lecteur de se décider et de choisir lui-même.

Un long commerce avec Massillon a donné au style de M. Bayle de la facilité et de l'élégance; M. Drach était préparé par ses études, par ses origines mêmes, à comprendre et à

interpréter saint Paul, si profondément israélite, si ardent à revendiquer, quand l'occasion s'en présentait, ses titres de fils d'Abraham et de disciple de Gamaliel, ennoblis et transfigurés par celui d'apôtre de Jésus-Christ. M. Drach est au courant de la critique et de l'exégèse modernes; c'est en parfaite connaissance de cause qu'il en expose et qu'il en juge les résultats acceptables ou les coupables témérités; toutefois, il sait qu'avant tout un commentateur de saint Paul doit s'inspirer de la tradition catholique et puiser aux larges sources de la théologie. Il ne s'en est pas fait faute, et c'est plaisir de le voir citer, confronter l'une avec l'autre les interprétations des plus illustres de ses devanciers, et reproduire d'admirables fragments patristiques dont plusieurs semblent avoir été écrits hier, tant ils sont la souveraine et irréfragable réponse du bon sens et du génie chrétiens à toutes les paradoxales hardiesses d'une science sans règle ou d'une ignorance sans frein! J'indiquerai, entre autres (p. 566567), un texte de saint Augustin faisant bonne justice d'une prétention des hypercritiques de son temps, aux yeux desquels les critères externes, la tradition publique, constante, universelle des Eglises, ne paraissaient

pas être une preuve suffisante de l'authenticité de nos livres saints. M. Drach s'est attaché avec un soin religieux à relever et à mettre en relief tous les textes dogmatiques de saint Paul, et surtout les textes qui proclament ou impliquent nécessairement la divinité de Notre-Seigneur. Je ne voudrais pas dire que toutes les notes exégétiques de M. Drach m'ont également contenté; mais il n'en est pas une seule qui ne s'appuie sur de sérieuses raisons; j'ai été très-frappé en particulier de la manière dont M. Drach explique le célèbre texte de saint Paul: Impossibile est enim, etc. (Hebr., vi, 4), dont l'hérésie novatienne avait tant abusé.

L'œuvre que nous annonçons est enrichie d'une introduction générale dans laquelle la vie et les travaux de saint Paul sont racontés avec une science toujours sûre d'elle-même; les assertions des rationalistes contemporains, de M. Renan surtout, y sont réduites à leur juste valeur. Il me semble que M. Drach, en contenant parfois davantage la légitime colère que lui inspirent tant d'audaces impies et tant de mensonges, eût frappé mieux encore ceux qui se les sont permises. Des préfaces spéciales, dont la plus remarquable est, à mon gré, celle de l'Epitre aux Hébreux, établis sent l'authenticité et la canonicité de chaque épître, en donnent l'analyse, en font connaître la destination, le but, la date, indiquent en un mot toutes les circonstances de sa composition. Une nomenclature des manuscrits des Epitres termine ce travail. Il a été déjà honoré de nombreuses approbations épiscopales, et M. Drach a reçu du Souverain Pontife un bref qui a dû être pour lui la plus douce des récompenses et le plus efficaces des encouragements.

AUGUSTIN LARGENT,

Prêtre de l'Oratoire.

sur

Lettres assyriologiques l'histoire et les antiquités de l'Asie antérieure (sur la monarchie des Mèdes, son origine et ses lois d'après les documents assyriens), par M. François LENORMANT, tome I. Montpellier, impr. lith. Donnadieu, 1871, in-4° de 112 p.

M. François Lenormant a terminé et publié, en 1871, un travail dont les événements de cette affreuse année n'ont guère laissé aux esprits les plus sérieux le loisir et le courage de s'occuper, mais qui doit prendre et garder sa place dans l'histoire de la science. C'est un volume commençant une série de Lettres assyriologiques et comprenant trois écrits d'intérêt divers, sinon inégal, mais qui tous contiennent des faits et des conclusions de haute importance pour l'histoire de l'ancien Orient. Je ne puis guère qu'indiquer le sujet de la troisième de ces lettres; elle n'est pas susceptible d'analyse et ne s'adresse qu'à un nombre de lecteurs extrêmement restreint. C'est un canon des rois d'Assyrie et de Babylone, contenant, non pas la discussion chronologique de leur succession, mais les variantes orthographiques de leurs noms en caractères cunéiformes et les différentes lectures auxquelles ils ont donné lieu par suite des tâtonnements de a science, en sorte qu'on puisse, à l'aide de cette table, savoir de quel personnage les assyriologues ont parlé sous tel ou tel nom, dans tel ou tel de leurs écrits. Ces variations d'ailleurs n'ont rien qui doive inquiéter pour les fondements de la science; elles résultent de la polyphonie bien constatée de l'écriture assyrienne et de l'usage fréquent d'écrire au moyen d'idéogrammes les noms propres significatifs. La lecture définitive ne peut donc être assurée que par des transcriptions étrangères, pour un petit nombre de cas, et par les variantes phonétiques qui rectifient, au moyen

de la décomposition des syllabes complexes, les erreurs provenant de la polyphonie.

La seconde lettre concerne l'Arménie; elle est consacrée à montrer par des textes cunéiformes, tant en langue assyrienne qu'en langue arméniaque : 10 Que la population aryenne, tige des Arméniens d'aujourd'hui, ne s'est établie dans cette contrée que trèspeu de temps avant les conquêtes de Cyrus; 20 Que la langue de ses prédécesseurs avait une affinité trèsmarquée avec le géorgien; 3o Que nous pouvons affirmer un certain nombre de faits appartenant tant à l'histoire politique qu'aux croyances religieuses de ces derniers. La langue arméniaque, ou, comme l'appelle M. Lenormant, alarodienne, est bien loin d'être reconstituée; mais, grâce à un certain nombre d'idéogrammes, déjà connus par l'écriture assyrienne, on peut saisir le sens général ou partiel de ces textes. Il n'en est pas moins vrai que les inscriptions assyriennes proprement dites sont l'élément essen. tiel de ce que nous connaissons touchant l'Arménie avant les Arméniens.

Mais la première de ces trois lettres est de beaucoup la plus intéressante pour le public savant. Elle contient, ou du moins résume tout ce que nous savons sur la Médie, jusques et y compris la fusion de ce peuple dans l'Empire des Perses, et sur l'influence qu'elle y exerça. M. Lenormant montre, par une savante et ingénieuse discussion, que la race aryenne de Médie, le peuple des Madaï, n'occupa, jusqu'au 1x siècle, que la partie orientale de cette contrée. Il étudie la géographie politique et l'histoire des régions occidentales, les seules qui pendant longtemps aient été en rapport avec l'empire assyrien; il y reconnaît une population tourânienne ou scythique, comme le constate l'idiome des troisièmes colonnes des

inscriptions trilingues, au temps de l'empire persan, puisque dans ce texte, aujourd'hui déchiffré, quoique imparfaitement compris, les variantes montrent qu'en le traçant à Béhistoun, à côté des langues officielles de la Perse et de Babylone, le graveur s'adressait aux habitants mêmes de la contrée. Puis l'auteur signale, à la date indiquée, un grand déplacement de populations, marche des Aryens vers l'Ouest, remous des Parthes à l'orient de ceux-ci, les rapports souvent hostiles désormais des Mèdes proprement dits avec l'empire d'Assyrie, leur soumission momentanée, leur prompte et complète revanche, la fondation de leur vaste empire, qui bientôt cède aux qualités belliqueuses des Perses. Il retrouve, dans une allusion d'un texte ninivite, le fait qu'Hérodote a mis en scène dans sa narration de l'avènement de Déjocès, comme il a constaté la supériorité d'investigations du Père de l'histoire grecque, en comparant sa liste des rois mèdes avec celle de Ctésias.

Enfin et surtout, M. Lenormant, à la suite des savants de nos jours, et spécialement de Spiegel, expose la différence profonde qui existait entre les doctrines religieuses de la Médie, dont la population fut toujours en grande partie tourânienne, et celles des Perses, le peuple le plus spiritualiste (avec les Gaulois) de toute l'antiquité classique. Il fait toucher au doigt, d'après des textes authentiques, l'opposition acharnée que les Mages, ou prêtres mèdes, firent d'abord au culte de Zoroastre maintenu par la dynastie perse; puis l'introduction subreptice du magisme dans la religion des Perses eux-mêmes, avec laquelle il a fini par se confondre aux yeux de la postérité.

Est-ce à dire pourtant que ce travail soit irréprochable? Mais, et d'abord, quelque talent que l'auteur

déploie pour soutenir sa thèse que le récit de Ctésias sur la première chute de Ninive est pleinement fabuleux, qu'il n'y a point d'interruption au Vine siècle dans la liste des éponymies assyriennes, et qu'ainsi l'indépendance de Ninive n'a point alors subi d'interruption, aura peine à la faire prévaloir contre les dates astronomiques et les synchronismes invoqués par M. Oppert, et à reporter au commencement ou au milieu du vine siècle les dernières éponymies antérieures au règne du Téglatphalasar de l'Écriture. D'autre part, on regrette la témérité avec laquelle l'auteur, catholique déclaré pourtant, range le livre de Judith au nombre des récits allégoriques. La synonymie, exceptionnelle il est vrai, des noms royaux est trop bien constatée pour qu'on doive s'effaroucher du nom babylonien donné au roi de Ninive qui triompha des Mèdes, surtout quand on sait qu'il régna sur Babylone; et quant au Ragau, voisin du Tigre et de l'Euphrate, où fut vaincu Phraorte, l'Arpaxad (le Mède occidental?) du livre de Judith. évidemment ce ne peut être l'antique Rhages, mais c'est l'Aracca de Ptolémée, située précisément auprès du confluent des deux fleuves Enfin, la logique abandonne encore M. Lenormant lorsque, de ce fait incontestable que la révolte de Nabopolassar remonte à 625, il conclut contre M. Oppert que la ville de Ninive n'a pu conserver, quinze ou vingt ans après la chute de sa domination, une existence indépendante.

Nous parlerons prochainement du tome II des Lettres assyriologiques, pu

blié récemment.

F. ROBIOU.

L'Apôtre saint Jean, par M. l'abbé BAUNARD, chanoine honoraire d'Orléans, etc. Deuxième édition, entièrement refondue. Paris, Poussielgue frères, 1872, in-12 de xx1-444 p. M. l'abbé Baunard avait publié, il y a quelques années, un ouvrage dans lequel il retraçait la vie et l'apostolat du disciple bien-aimé, de l'auteur du quatrième Evangile; aujourd'hui, il nous donne de cet ouvrage une nouvelle édition, entièrement refondue. « Refaire une œuvre plus surnaturelle dans son esprit, plus authentique dans son fond, plus forte dans sa doctrine, tels ont été, » dit M. Baunard, « le dessein et l'inspiration de ce second travail. » J'estime surtout la partie de l'ouvrage où M. Baunard, s'inspirant de l'étude de M. Le Hir sur Les trois témoins célestes, présente un tableau exact et animé des hérésies primitives auxquelles le quatrième Evangile allait répondre, et établit le caractère divin, l'incontestable authenticité de cet Evangile. M. Baunard n'a point négligé la peinture des lieux dans lesquels s'écoulèrent les diverses phases de la vie de l'Apôtre; il nous les montre tels qu'ils furent autrefois, aux jours de leur gloire, et tels qu'ils sont aujourd'hui ; ses descriptions, dont les documents les plus sûrs ont fourni les éléments, rendent plus intéressante et plus vivante encore la narration qu'elles encadrent. M. Baunard a élagué de la seconde édition de son livre (j'emprunte ses propres paroles) « certains récits qui confinent à la légende ; » je l'en félicite, mais j'eusse voulu le voir plus sévère encore qu'il ne l'a été. Il sait comme moi que le Transitus Mariæ n'est pas, ne peut pas être de S. Méliton de Sardes; pourquoi donc, en le citant, se borne-t-il à dire : << suivant le livre de Méliton, ou du moins attribué au saint évêque de Sardes? » Il est des faits sur lesquels je

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