Images de page
PDF
ePub

événements auxquels Revel fut mêlé jusqu'en 1830.

elles-mêmes, termine cette utile publication diplomatique.

FR. DE F.

U. C.

Obituarium ecclesiæ Sancti Pauli Lugdunensis,ou Nécrologe des bienfaiteurs de l'église SaintPaul de Lyon du x1° au XIIe siècle, publié pour la première fois d'après le manuscrit original, avec notes et documents inédits, par M.-C. GUIGUE. Bourg-en-Bresse, Gromier, 1872, in-8° de vi-119 p.

Construite au milieu du vie siècle par l'évêque saint Sacerdos, réparée par Leydrade en 802 et par l'archevêque Hugues Ier en 1103, l'église de Saint-Paul de Lyon, d'abord abbaye bénédictine, fut la deuxième collégiale de la métropole jusqu'à la Révolution. Son chapitre, richement doté, avait des possessions nombreuses qui, sous le titre d'obédiences, s'étendaient dans le Lyonnais, le Forez, le Beaujolais, le Dauphiné, le Bugey, la Bresse et la Dombes. Les pieuses largesses auxquelles les chanoines en étaient redevables ne sont, pour la plupart, consignées que dans l'Obituaire ou Nécrologe, dont l'original est entré dans la bibliothèque de la ville de Lyon avec la collection Coste (no 2035, petit in-8° de 62 feuillets parchemin). On ne saurait trop remercier M. Guigue, à qui on doit déjà dans le même genre le Nécrologe de l'église métropolitaine de Lyon (1867, in-4o de xxvII-324 p.), d'avoir publié intégralement ce manuscrit et d'en avoir enrichi le texte de nombreuses notes historiques dont les archives du Rhône lui ont fourni, en grande partie. les éléments. On trouvera à la suite, sous forme d'appendice, vingt-cinq chartes inédites des xie et xe siècles (1147-1272) concernant le chapitre de Saint-Paul ou citées dans les notes. Une table générale des noms de personnes et de lieux, embrassant les annotations

Histoire du département de la Charente-Inférieure, par L. DELAYANT, officier de l'Instruction publique, bibliothécaire de la ville de La Rochelle, etc. La Rochelle, H. Petit, 1872, in-12 de 400 p.

Le département de la CharenteInférieure n'a pas d'histoire, puisque, comme tous les départements, il a été formé en haine de l'histoire, et qu'il date d'hier. M. L. Delayant a voulu dire Histoire de la Saintonge et de l'Aunis; ce serait là un titre exact. Mais il était déjà pris; et l'auteur n'a pas voulu qu'on confondit son volume avec les six volumes de Daniel Massiou: Histoire de la Saintonge et de l'Aunis. A dire vrai, cet ouvrage a sa physionomie propre; il n'est pas simplement une reproduction réduite de l'autre. M. Delayant a profité des études faites, des recherches heureuses, postérieures à son devancier, et il en a orné son livre.

M. Delayant est un érudit comme en possède la province; il est sérieux, travailleur, ne se contentant pas d'à peu près. Que d'autres, ayant à composer une histoire de la Saintonge, se seraient bornés à une compilation plus ou moins exacte! Lui a contrôlé les faits, examiné les opinions, remonté aux sources. Nous voyons disparaître la fable du poignard de Guiton; et si l'on remarque que l'auteur est Rochelois, on comprendra quel mérite il a comme historien, ayant osé préférer la vérité à la vanité du patriotisme. Son livre est un excellent résumé au point de vue des événements; il fera connaître l'histoire locale, qu'on ignore à peu près. Le Conseil général de la Charente-Inférieure a créé un cours d'histoire locale à l'école normale des instituteurs. M. Delayant sera le guide

des maîtres et le professeur des élèves. Le format et la forme du livre le feront admettre dans toutes les écoles, car l'auteur a fait le sacrifice de tout appareil d'érudition; il n'y a pas une note, pas un renvoi.

:

Son livre est-il sans défaut? Il y a bien çà et là quelques expressions que j'aurais mieux aimé n'y pas voir. Puis, le récit manque d'air faits sur faits, détails sur détails; il y a accumulation. A force d'être complet, l'auteur est confus. Les événements, petits ou grands, sont narrés du même ton; les uns ont autant de place que les autres et tous les personnages sont au premier plan. C'est le défaut du genre. Qu'il est difficile de grouper des milliers d'incidents autour d'un événement! Il me semble en outre que M. Delayant a fait la part du lion à La Rochelle. Il connaît fort minutieusement l'histoire de sa ville, un peu moins celle de Rochefort, de Saintes, ou de Saint-Jean-d'Angély. Il résulte que l'histoire du département de la Charente-Inférieure est beaucoup l'histoire de son chef-lieu. Paris n'est pas la France, et si La Rochelle est l'Aunis, elle n'est pas la Saintonge. Ainsi, de grandes réunions ont lieu en 1788 à Saintes pour réclamer des Etats provinciaux, l'administration du pays par le pays, le vote et la répartition des impôts par l'assemblée, qui abolit les priviléges, admet l'égalité des charges, l'égale représentation du tiers, le voie par tête; les trois ordres confondus s'embrassent en s'écriant: « Nous voilà tous amis et frères!» Nuit du 4 août longtemps avant la Constituante; révolution opérée, accomplie avant les immortels principes et la terreur. M. Delayant n'y a vu que le refus de l'Aunis d'être annexé à la Saintonge et son désir de former un Etat provincial à Jui seul. En effet, La Rochelle s'abstint d'envoyer des députés aux

réunions de Saintes et de Saint-Jean. Il est vrai que Massiou fait mieux encore. Il n'en parle pas, ni M. L. de Lavergne qui a fait sur les assemblées provinciales un ouvrage spécial.

Quelques erreurs se sont glissées dans ce travail considérable, et cela ne surprendra personne; j'en relève une M. Delayant donne pour députés aux États généraux, à Saint-Jean-d'Angély, huit députés, tandis que La Rochelle n'en a que quatre. Il nomme : «MM. de Beauchamp, de Grandfief et d'Allarde pour la noblesse ; Landreau et Lespinasse pour le clergé ; de Bonnegens des Hermitans, Viaud, Picard de la Pointe et Regnaud pour le tiers-état. » Or, Saint-Jean n'a eu que quatre députés. Comment M. Delayant lui en attribue-t-il huit, en ajoutant à ceux de Saint-Jean ceux de Saint-Pierre-le-Moûtier en Nivernais? Je sais bien que Massiou avait commis la faute avant lui, et qu'il renvoie pour ces huit députés au Journal de Saintonge et d'Angoumois p. 115) où il n'y en a que quatre. Mais M. Delayant aurait dû être averti par les noms eux-mêmes qui, sauf Viaud, ne sont pas saintongeois, Picard de la Pointe, baron d'Allarde, et par Massiou lui-même qui donne pour députés à la sénéchaussée, «Viaud, lieutenant général au baillage, » et « Lespinasse, prieur titulaire de Saint-Pierre-deMoustier. » Il faut toujours vérifier Massiou.

Après sa grande Histoire des Rochelois en 2 vol. in-8°. M. Delayant a bien fait de nous donner l'Histoire de la Saintonge en un vol. in-12. On lui saura gré de ce nouveau service rendu à l'histoire et à son pays.

L. A.

Notice sur la ville de Mar

mande, par M. Ph. TAMIZEY DE LARROQUE. Villeneuve-sur-Lot, impr. Duteis, 1872, gr. in-8o de 136 p. (Préfecture de Lot-et-Garonne, monographies historiques publiées sous les auspices du Conseil général de Lot-et-Garonne.)

La Notice de M. Tamizey de Larroque serait mieux intitulée : Tablettes historiques de Marmande. Ce n'est point, en effet, une notice complète, un récit suivi que nous donne l'habile et persévérant chercheur, mais plutôt un recueil de faits, de citations et surtout de documents. Il a réuni tous les renseignements que lui ont fourni ses laborieuses recherches et nous les offre dans l'ordre chronologique, apportant ainsi un contingent utile et précieux à l'histoire de la ville et de la province, plutôt qu'il ne l'expose et ne l'élucide. Quoi qu'il en soit, nous nous plaisons à reconnaître que, tel qu'il l'a conçu, son nouvel opuscule présente un sérieux intérêt historique et sera fort utilement consulté par tous ceux qui veulent recourir aux documents et ne se contentent point d'ouvrages de seconde ou troisième main. Si chaque ville de France avait une monographie comme celle que nous annonçons, l'histoire générale y gagnerait une précision chronologique et une exactitude qui font absolument défaut chez la plupart de nos historiens.

G. DE B.

Glanes historiques normandes à travers les xve, xvie, XVII et XVIIe siècles. Documents inédits, par M. E. GOSSELIN. Rouen, impr. Cagniard (s. d.) (1872), gr. in-8o de 175 p. (Ext. de la Revue de la Normandie, 1869.)

M. Gosselin nous donne, en un fascicule séparé, les divers articles publiés par lui dans la Revue de la Normandie, l'une des revues provinciales que les événements de 1870 ont fait

disparaître, et dont il faut le plus regretter l'interruption, momentanée nous l'espérons. Il a puisé dans les Registres des meubles de l'ancien Tabellionage de Rouen des renseignements sur toutes sortes de matières. Sans se laisser rebuter ni par la longueur de la tâche ni par les déceptions que lui faisaient éprouver de trop nombreuses lacunes, il a dépouillé ce qui reste de registres et qui s'étend de 1525 à 1648. Il a trouvé là des informations sur l'importance du commerce rouennais et de l'industrie, sur les artistes, sur l'imprimerie, la céramique, les fontaines, les fonderies, la marine, etc. Les registres du Parlement de Rouen ont aussi été mis par lui à contribution, et donneront lieu à de nouvelles Glanes.

notons

Celles que nous avons sous les yeux traitent de la Bouille et du bateau de Bouille, duxive à la fin du XVIIIe siècle (p. 3-27); des poliers, briquetiers, tuiliers et émailleurs en terre de Rouen, aux xve et xvie siècles (p. 28-50); de la présence de Molière à Rouen en 1643, d'après un acte authentique reçu au tabellionage de Rouen le 3 novembre 1643 (p. 51-52); ici que, dans un discours de réception à l'Académie de Rouen, M. Gosselin est revenu sur ce sujet, et s'est occupé d'une manière plus détaillée du fait en question (Molière à Rouen en 1643, in-8" de 22 p. avec fac-simile); des imprimeurs et libraires rouennais, du xve au XVIIe siècle (p. 53-175), partie la plus importante de cet opuscule, et qui est une très-curieuse page d'histoire littéraire.

Nous désirons vivement que M. Gosselin poursuive la publication de ses Glanes. et fasse profiter le public des abondants matériaux si patiemment recueillis par ses soins.

L. C.

Découvertes et Établissements

de Cavelier de la Salle, de Rouen, dans l'Amérique du Nord, par M. Gabriel GRAVIER. Paris, Maisonneuve, 1870, gr. in-8° de 412 p., avec carte et planche.

Cet ouvrage se recommande, à plus d'un titre, aux sympathies du public français. En nous retraçant l'histoire et les aventures de l'un des plus hardis explorateurs du Nouveau Monde, il évoque de glorieux souvenirs pour notre pays. Nul roman n'est plus propre à piquer la curiosité du lecteur et, d'un autre côté, il peut donner lieu à de bien sérieuses réflexions. Les sévères enseignements de l'histoire s'y trouvent enfermés, pour ainsi dire, à chaque pas. On y voit quel avenir était réservé à nos compatriotes dans les solitudes américaines, si les erreurs, les fautes de notre politique ne nous avaient contraints à renoncer à ce rôle de grande puissance colonisatrice que l'Angleterre sut remplir avec tant de succès. Le gouvernement de Louis XIV fut, de tous ceux qui se succédèrent dans notre pays, presque le seul qui comprit, à cet égard, les vrais intérêts de la France. L'appui qu'il accorda aux tentatives de Cavelier de la Salle en serait, au besoin, une preuve suffisante. Malheureusement ses guerres continuelles avec les puissances voisines ne lui laissèrent pas toujours le loisir de s'occuper avec assez de suite de la question coloniale. Sous ses successeurs, celle-ci se trouve tranchée, sans doute, mais à notre détriment. Qu'il suffise de citer l'abandon de notre Empire dans les Indes et celui du Canada, dus à l'incurie de son successeur; la Louisiane, dernier débris de nos établissements dans l'Amérique du Nord, cédée pour une somme dérisoire aux États-Unis par Napoléon Ier. A coup sûr, cette façon d'agir fut également désastreuse et pour notre pays, et pour la religion

catholique, et pour les nations mêmes chez lesquelles nos colons s'étaient établis. Nullement inférieurs pour la bravoure guerrière, le courage à supporter les privations, aux conquitadores dont ils n'avaient cependant ni l'impitoyable orgueil, ni la férocité, nos compatriotes l'emportaient également sur les colons de race anglosaxoune par leur facilité à se plier aux mœurs, au genre de vie des PeauxRouges, et ce que l'on pouvait parfois leur reprocher justement, c'était de devenir eux-mêmes trop volontiers sauvages avec les sauvages. Quoi qu'il en soit, cette disposition d'esprit avait de bons résultats. Des unions légitimes avec les filles indiennes préparaient la fusion des deux races, que les ordres religieux cimentaient de leur côté par une prédication généralement couronnée de succès. Le système anglais a, on le sait bien, été tout autre, et il ne sut introduire de civilisation de l'autre côté du Pacifique qu'en faisant le vide autour de lui et en détruisant les tribus indigènes.

Nous devons avouer, à ce sujet, que les préventions de l'auteur contre le clergé régulier, spécialement contre les RR. PP. Jésuites, nous semblent une des taches qui déparent le plus son livre. Il nous les représente exclusivement occupés d'intrigues politiques, et entravant, dans un intérêt égoïste, les tentatives de découverte. Mais s'il en avait été ainsi, où eussentils trouvé le temps nécessaire pour évangéliser tant de peuplades qu'ils rendaient, il est vrai, amies de la France en les rendant chrétiennes ? M. Gravier va jusqu'à reprocher aux Jésuites d'avoir converti la belliqueuse nation des Hurons. Par là, nous dit-il, ils lui enlevaient son éner gie native, et la préparaient à devenir la proie de ses voisins, les Iroquois. Cette appréciation mérite d'être citée un exemple frappant des

comme

énormités que peuvent faire débiter la prévention et l'esprit de système. L'auteur prend encore occasion du rappel de M. de Frontenac, gouverneur du Canada, et adversaire de la Compagnie de Jésus, pour exhaler sa mauvaise humeur contre cette dernière, mais il avoue lui-même que M. de Frontenac avait déplorablement géré sa fortune, qu'il était ruiné. Quelques qualités personnelles qu'il possédat d'ailleurs, l'on peut douter qu'il fût bien l'homme nécessaire pour régir une colonie naissante. Sans entrer dans de plus longs développements, bornons-nous à dire que presque toutes les allégations de l'auteur, relativement au rôle joué par nos missionnaires, semblent beaucoup plus tenir du roman historique que de l'histoire proprement dite.

Nous pensons qu'il en est de même de ses appréciations concernant la véracité du P. Hennepin, qu'il appelle, à l'exemple d'un narrateur anglais, le R. P. Menteur. Ce religieux n'étant pas Jésuite, et simplement Récollet, semblait avoir droit à un peu plus d'indulgence, mais il avait eu le tort de découvrir le cours du Mississipi avant Cavelier de la Salle, chose dont M. Gravier ne veut convenir à aucun prix. A ses yeux, en effet, ce serait diminuer le mérite de son héros. N'at-il pas cependant un peu oublié ici l'adage bien connu: Amicus Plato, sed magis amica veritas?

Pour nous résumer, nous dirons que l'ouvrage de M. Gravier, inspiré par un sentiment patriotique des plus honorables, d'une lecture vraiment attachante, ne nous paraît pas exempt de graves défauts. L'auteur se laisse bien souvent aller à juger les choses de parti pris, et ce ne serait pas trop, sans doute, d'un nouveau volume pour rectifier les erreurs dans lesquelles il a pu tomber. Volontiers, nous serions plus porté à l'indulgence

pour les défauts de style. Il nous paru plus d'une fois lâche, diffus même négligé, et néanmoins le sujet offre par lui-même tant d'intérêt, que le lecteur a quelque peine à s'en apercevoir. H. DE CHARENCEY.

Les Français en Amérique pendant la guerre de l'indépendance des Etats-Unis, 1777-1783, par Thomas BALCH. Paris, Sauton, 1872, in-8° de vш-237 p. avec carte. M. Balch est un Américain qui a longtemps séjourné en France et qui nous fait l'honneur d'écrire dans notre langue le récit des exploits de nos pères en Amérique. Son ouvrage formera deux parties: l'une, que nous avons sous les yeux, est consacrée au récit des événements de la guerre de l'indépendance et spécialement à ce qui concerne le corps français aux ordres du comte de Rochambeau, jusqu'en 1783; l'autre contiendra des notices historiques sur les régiments français en Amérique et des notices biographiques sur les volontaires français et les principaux officiers qui se signalèrent pendant la guerre.

La première partie a été terminée le 18 août 1870, et il est regrettable que le délai apporté par les événements à la publication n'ait pu permettre d'utiliser certains travaux tels que: Discovery of the Great West de M. Parkman, Historical collections of Louisiana and Florida (New Series, 1870), et Life of John Kalb, par le docteur Friedrich Kapp. L'auteur aurait pu, par là, se mettre au courant de certains points et rectifier quelques erreurs de détail. Tel qu'il est, il présente cependant un ensemble de renseignements intéressants et puisés aux meilleures sources. Nous possédons désormais une histoire exacte et circonstanciée de l'intervention française en Amérique, écrite d'après les

« PrécédentContinuer »