LARAIS A RAISON dans mes vers conduit l'homme à la Fot C'eft elle, qui portant fon flambeau devant moi, M'encourage à chercher mon appui véritable, M'apprend à le connoître, & me le rend aimable. Indociles Mortels, fufpendez vos mépris: Cette même Raison, dont vous êtes épris, Au joug que vous bravez, vous invite à vous rendre à Vous qui l'eftimez tant, daignez du moins l'entendre. Et vous qui de la Foi connoiffez tout le prix, C'eft encore pour vous que ces vers font écrits. B Celui que la grandeur remplit de fon yvresse, L'hommage t'en eft dû, je te l'offre, ô GRAND ROT L'objet de mes travaux les rend dignes de toi. Quand de l'Impiété poursuivant l'insolence, De la Religion j'embrasse la défense; Oferois-je tenter ces chemins non frayés, Si tu n'étois l'appui de mes pas effrayés ? Ton nom, Roi très-chrétien, fils aîné d'une mere Dont les droits, la beauté, la gloirè t'est si chere; Ton nom feul me raffure, & mieux que tous mes vers, Confond les ennemis du Maître que tu fers. Et Toi, de tous les cœurs la certaine efpérance, Et du bonheur public la feconde affurance, CHER PRINCE, en qui le Ciel fait croître chaque jour OUI, c'est un Dieu caché que le Dieu qu'il faut croire, Mais tout caché qu'il eft, pour révéler sa gloire, Quels témoins éclatans devant moi raffemblés ! Répondez, Cieux & Mers; & vous, Terre, parlez. Quel bras peut vous fufpendre, innombrables étoiles? Nuit brillante, dis-nous qui t'a donné tes voiles O cieux, que de grandeur, & quelle majesté! J'y reconnois un Maître à qui rien n'a couté. Dans vos vastes déferts il féme la lumiere, Ainfi que dans nos champs il féme la pouffiére. Toi qu'annonce l'Aurore, admirable flambeau, Aftre toujours le même, Aftre toujours nouveau, en Quel bras, &c. Les Anciens qui croyoient voir toutes les étoiles, croyoient auffi pouvoir fixer le nombre: mais depuis que le Télefcope nous en a tant fait connoître, que nos yeux feuls ne peuvent découvrir, les Aftro nomes avouent que les étoiles font innombrables. Afre toujours, &c. La grandeur des corps celeftes nous paroît inconoeva 1 Par quel ordre, ô Soleil, viens-tu du sein de l'onde Et toi dont le courroux veut engloutir lá térre, Sur ton perfide sein va chercher fon fupplice. ble. Saturno eft quatre mille fois plus Et toi dont le courroux, &c. Quelque grande idée que les aftres nous donnent de la puiffance de Dieu, nous devons encore dire avec l'Auteur du Pf. 92. Mirabiles elationes maris, mirabilis in altis Dominus. Ces flots qui dans leur colere menacent fi souvent la terre d'un nouveau déluge, viennent fe brifer à un grain de fable; & quelque furieufe que foit la mer en approchant de fes bords, elle s'en retire avec refpect, & courbe fes flots pour adorer cet ordre qu'elle y trouve écrit: Ufque buc venies,& non procedes amplius. Job. 38. Hommage que toujours rend un cœur effrayé La voix de l'Univers à ce Dieu me rappelle. La terre le publie. Eft-ce moi, me dit-elle, Eft-ce moi qui produis mes riches ornemens ? C'est celui dont la main pofa mes fondemens. Si je fers tes befoins, c'est lui qui me l'ordonne: Les préfens qu'il me fait, c'est à toi qu'il les donne, Je me pare des fleurs qui tombent de fa main Il ne fait que l'ouvrir, & m'en remplit le fein. Pour confoler l'espoir du laboureur avide, C'est lui qui dans l'Egypte, où je fais trop aride, A de moindres objets tu peux le reconnoître : Hommage que toujours, &c. Quand homme. Tunc Deos, tunc hominem esse se P'homme voit de près la mort, dit meminit. Plus d'un, efprit fort a chanPline le jeune, c'eft alors qu'il fe fou- gé de langage dans ce moment, & a vient qu'il y a des Dieux, & qu'il eft fait dire de lui, Oculis errantibus, alto ingemuitque repertâ. Quæfivit cœlo lucem Je me pare des fleurs, &c. Dans la moindre fleur, la moindre feuille, la moindre plume, Dieu dit faint Auguftin, n'a point negligé le jufte rapport des parties entr'elles. Nec avis pennulam, nec herba flofculum, nec arboris folium, fine partium fuarum convenientia reliquit. |