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LARAIS

A RAISON dans mes vers conduit l'homme à la Fot C'eft elle, qui portant fon flambeau devant moi, M'encourage à chercher mon appui véritable, M'apprend à le connoître, & me le rend aimable.

Indociles Mortels, fufpendez vos mépris: Cette même Raison, dont vous êtes épris, Au joug que vous bravez, vous invite à vous rendre à Vous qui l'eftimez tant, daignez du moins l'entendre.

Et vous qui de la Foi connoiffez tout le prix, C'eft encore pour vous que ces vers font écrits.

B

Celui que la grandeur remplit de fon yvresse,
Relit avec plaifir ses titres de noblesse :
Ainfi le vrai Chrétien recueille avec ardeur
Les preuves de fa loi, titres de fa grandeur.
Lui-même il a befoin d'affermir fon courage;
Il n'eft point ici bas de clarté fans nuage:
La colonne qui luit dans ce défert affreux,
Tourne auffi quelquefois fon côté ténébreux.
Puiffent mes heureux chants confoler le Fidelle !
Et puiffent-ils auffi confondre le Rebelle!

L'hommage t'en eft dû, je te l'offre, ô GRAND ROT L'objet de mes travaux les rend dignes de toi. Quand de l'Impiété poursuivant l'insolence, De la Religion j'embrasse la défense; Oferois-je tenter ces chemins non frayés, Si tu n'étois l'appui de mes pas effrayés ? Ton nom, Roi très-chrétien, fils aîné d'une mere Dont les droits, la beauté, la gloirè t'est si chere;

Ton nom feul me raffure, & mieux que tous mes vers, Confond les ennemis du Maître

que tu fers.

Et Toi, de tous les cœurs la certaine efpérance,

Et du bonheur public la feconde affurance,

CHER PRINCE, en qui le Ciel fait croître chaque jour
Les graces & l'efprit, autant que notre amour,
Dans le hardi projet de mon pénible ouvrage
Daigne au moins d'un regard animer mon courage:
C'eft ta Foi que je chante ; & ceux dont tu la tiens,
En furent de tout tems les auguftes foutiens..

OUI, c'est un Dieu caché que le Dieu qu'il faut croire, Mais tout caché qu'il eft, pour révéler sa gloire, Quels témoins éclatans devant moi raffemblés ! Répondez, Cieux & Mers; & vous, Terre, parlez. Quel bras peut vous fufpendre, innombrables étoiles? Nuit brillante, dis-nous qui t'a donné tes voiles O cieux, que de grandeur, & quelle majesté! J'y reconnois un Maître à qui rien n'a couté. Dans vos vastes déferts il féme la lumiere, Ainfi que dans nos champs il féme la pouffiére. Toi qu'annonce l'Aurore, admirable flambeau, Aftre toujours le même, Aftre toujours nouveau,

en

Quel bras, &c. Les Anciens qui croyoient voir toutes les étoiles, croyoient auffi pouvoir fixer le nombre: mais depuis que le Télefcope nous en a tant fait connoître, que nos yeux

feuls ne peuvent découvrir, les Aftro nomes avouent que les étoiles font innombrables.

Afre toujours, &c. La grandeur des corps celeftes nous paroît inconoeva

1

Par quel ordre, ô Soleil, viens-tu du sein de l'onde
Nous rendre les rayons de ta clarté féconde?
Tous les jours je t'attens, tu reviens tous les jours:
Eft-ce moi qui t'appelle, & qui regle ton' cours?

Et toi dont le courroux veut engloutir lá térre,
Mer terrible, en ton lit quelle main te refferre?
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts;
La rage de tes flots expire fur tes bords.
Fai fentir ta vengeance à ceux dont l'avarice

Sur ton perfide sein va chercher fon fupplice.
Helas! prêts à périr, t'adressent-ils leurs vœux ?
Ils regardent le Ciel, fecours des malheureux.
La nature qui parle en ce péril extrême,
Leur fait lever les mains vers l'azyle fuprême:

ble. Saturno eft quatre mille fois plus
gros que la terre Jupiter huit mille
fois le Soleil un million de fois.
Notre imagination fe perd dans l'ef-
pace immenfe qui renferme tous ces
grands corps. C'est une fphere infinie
dit M. Pafcal, dont le centre est par-
tout la circonference nulle part. La pe-
titeffe des animaux que le Microscope
nous fait découvrir eft également in-
concevable; en forte que nous nous
trouvons placés entre deux infinis,
l'un en grandeur, l'autre en petiteffe,
& que notre imagination fe perd dans
tous les deux.

Et toi dont le courroux, &c. Quelque grande idée que les aftres nous donnent de la puiffance de Dieu, nous devons encore dire avec l'Auteur du Pf. 92. Mirabiles elationes maris, mirabilis in altis Dominus. Ces flots qui dans leur colere menacent fi souvent la terre d'un nouveau déluge, viennent fe brifer à un grain de fable; & quelque furieufe que foit la mer en approchant de fes bords, elle s'en retire avec refpect, & courbe fes flots pour adorer cet ordre qu'elle y trouve écrit: Ufque buc venies,& non procedes amplius. Job. 38.

Hommage que toujours rend un cœur effrayé
Au Dieu que jufqu'alors il avoit oublié,

La voix de l'Univers à ce Dieu me rappelle. La terre le publie. Eft-ce moi, me dit-elle, Eft-ce moi qui produis mes riches ornemens ? C'est celui dont la main pofa mes fondemens. Si je fers tes befoins, c'est lui qui me l'ordonne: Les préfens qu'il me fait, c'est à toi qu'il les donne, Je me pare des fleurs qui tombent de fa main Il ne fait que l'ouvrir, & m'en remplit le fein. Pour confoler l'espoir du laboureur avide,

C'est lui qui dans l'Egypte, où je fais trop aride,
Veut qu'au moment prefcrit, le Nil loin de fes bords
Répandu fur ma plaine y porte mes tréfors.

A de moindres objets tu peux le reconnoître :
Contemple feulement l'arbre que je fais croître.

Hommage que toujours, &c. Quand homme. Tunc Deos, tunc hominem esse se P'homme voit de près la mort, dit meminit. Plus d'un, efprit fort a chanPline le jeune, c'eft alors qu'il fe fou- gé de langage dans ce moment, & a vient qu'il y a des Dieux, & qu'il eft fait dire de lui, Oculis errantibus, alto ingemuitque repertâ.

Quæfivit cœlo lucem

Je me pare des fleurs, &c. Dans la moindre fleur, la moindre feuille, la moindre plume, Dieu dit faint Auguftin, n'a point negligé le jufte

rapport des parties entr'elles. Nec avis pennulam, nec herba flofculum, nec arboris folium, fine partium fuarum convenientia reliquit.

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