Les Juftes de la Loi, ces hommes de desirs, Les tems étoient venus, où régnant dans les cœurs Mortels qui jufqu'ici répandiez tant de pleurs, Les tems étoient venus, Reliquit priùs Deus hominem in libertate arbitrii, in lege naturali, ut fic vires natura fue cognofceret: ubi cùm deficeret, legem accepit, quá data morbus invaluit, non legis fed nature vitio ; ut ita cognità fud infirmitate, clamaret ad medicum, & gratia quareret auxilium. S. Thomas 3. P. q. 1. Article 5. Dieu d'abord abandonna l'homme à fon libre arbitre, fous la loi de nature; afin qu'en cet état, il fît comme l'effai de fes forces. L'homme s'étant trouvé trop foible, reçut la Loi: alors fa maladie augmenta, non par la faute de la Loi, mais par la corruption de la nature humaine : & par une trifte expérience de fa foiblefie il apprit à recourir au Medecin, & à chercher le fecours de la Grace. Du fang de Jefus-Christ l'Eglise vient de naître CHANT II. VOUS que la vérité remplit la vérité remplit d'un chaste amour, N'efperez point encor dans ce trifte féjour, Paifibles poffeffeurs la goûter fans allarmes : Prit naiffance à la Croix, & vit dans les combats.] Le fer brilla d'abord : inutiles fureurs ! En vain on la déchire, en vain le fang l'inonde: De ce fang humectée elle en devient féconde. L'Empereur à la Croix foûmit fon front payen, L'Eglise dans son sein voyoit naître la paix, guerre. Au céleste pouvoir il prétend nous fouftraire. Mais que fert qu'en public la vertu nous honore, Si le ver de l'orgueil en fecret nous dévore? Pelage fe démafque à l'Univers furpris, Pelage de la Grace. Pelage né en Angleterre étoit Moine: il vint à Rome fur la fin du quatriéme fiécle, & y cut long-tems la réputation d'un homme de vertu & de piété. Il commença en 400 à débiter fes erreurs, qui confiftent en trois points principaux. 1. Qu'il n'y a point de péché originel. 2. Que l'homme fe peut porter au bien fans le fecours de la Grace, qui eft donnée à proportion qu'on la mérite. 3. Que l'homme peut parvenir à un état de perfection dans lequel il n'eft plus fujet aux pallions, ni au péché. Par une. profeffion de foi captieufe il furprit le Pape Zofime, qui depuis reconnut qu'il avoit été trompé, & condamna Pelage. Et vient à Rome même infecter les efprits, Le Docteur pénitent. S. Jerôme, fameux par fa vaste érudition, & par sa vie auftere, écrivit contre Pelage, & mourut peu de tems après. De ce grand défenfeur. L'Eglife a eu toujours une finguliere vénération pour S. Auguftin, qu'elle a regardé comme le Docteur de la Grace. Les Conciles & les Papes fe font fouvent fervis de fes termes pour former leurs décisions. Profper s'unit à lui. S. Profper qui felon toutes les apparences n'a jamais été que fimple Laïque, étoit d'Aquitaine. Il s'eft acquis une grande réputation par fon Poëme contre les Ingrats, c'est-à-dire, contre les ennemis de la Grace. "On s'étonne que ce Saint ait pu accorder la beauté de la verification ,, avec les épines de fa matiere, & que l'exactitude pour les Dogmes de la Foi y foit fi régulierement obfervée, malgré la contrainte des Vers & la liberté de l'efprit poëtique. Les vérités font représentées avec les orne,, mens naturels de la Poëfie, c'eft-à-dire, avec une hardieffe également agréable & ingénieufe. Cet éloge du Poëme de S. Profper eft dans le Jugement des Savans, par M. Baillet. |