L'homme à la femme uni met au jour des coupables, D'un pere malheureux héritiers déplorables.. Aux folides avis l'enfant toujours rétif, Son crime fut le nôtre, & le pere infidelle Rendit toute fa race à jamais criminelle. Ainfi le tronc qui meurt voit mourir ses rameaux, L'homme depuis ce jour n'apporte à fa naissance Adam', le foible Adam. Corruit, & cuncti fimul in genitore cadente Peccati ebrietas. Adam notre premier pere eft tombé, & nous a tous entraînés dans l'abîme où il s'eft précipité : car depuis fa chûte, le venin du péché & de la concupif cence fe communique à tous les hommes. S. Profp. 3. Part, c. 17. Dans fon funefte fort." Cet état malheureux de l'aine affervie fous la pefan,, teur du corps a fait penfer aux Philofophes, que nos ames étoient atta. Achées à ce corps comme à un cadavre, & ils ne pouvoient concevoir qu'un Qu'il ignore le poids du fardeau qui l'accable; Malgré l'épaiffe nuit fur l'homme répandue, tel fupplice fe pût trouver dans un monde gouverné par un Dieu juste. fans quelque péché précedent. De dures expériences firent connoître à ces Philofophes le joug pefant des enfans d'Adam ; fans en favoir la cause, en fentoient les effets. M. Boffuet, Elev. ils C'eft du haut de fon Throne. L'homme eft fi grand, dit M. Pascal, que fa grandeur paroît mieux en ce qu'il fe connoît miférable. Ce font miféres de grand Seigneur, mifères d'un Roi dépoffedé. ་ Il n'eft jamais enfin qu'un éternel defir. D'où lui vient fa grandeur ? d'où lui vient sa bassesse? Et pourquoi tant de force avec tant de foibleffe? Réveillez-vous, mortels, dans la nuit absorbés, Et connoiffez du moins d'où vous êtes tombés. Non, je ne fuis point fait pour poffeder la terre. Quand' ne ferai-je plus avec moi-même en guerre ? Qui me délivrera de ce corps de péché? Qui brisera la chaîne où je fuis attaché ? Mon cœur toujours rebelle, & contraire à lui-même, Mon cœur toujours rehelle. Non enim quod volo bonum hoc facio, fed quod nolo malum hoc ago... infelix ego home, quis me liberabit de corpore mortis bujus ? S. Paul aux Rom. c. VII. Y. 19. 24. Je ne fais pas le bien que je veux : & je fais au contraire le mal que je ne veux pas.... malheureux que je fuis! Qui me délivrera de ce corps de mort? Mais par ce guide seul autrefois éclairés, Et tout fut, hors Dieu feul, comme Dieu réveré. Cependant, direz-vous, la Grece eut des Platons : Decius fe dévoue au bien de fa patrie. Victime du serment aux ennemis juré, Regulus va chercher un fupplice affuré. Rougis, lâche Chrétien : dans un fiécle prophane Plus Plus vertueux que toi le Payen te condamne. Ah ! du nom de Vertu gardons-nous d'honorer Plus vertueux que toi. L'action d'un Payen, quoique bonne en foi, ne pou voit être agréable à Dieu, puifque n'ayant pas Dieu pour fin elle étoit gâtée dans fon origine. Un mauvais arbre ne peut produire de bons fruits. Non poteft arbor mala bonos fructus facere. S. Math. vii. 18. Ah! du nom de vertu. Les actions même qui font bonnes de leur nature, fielles ne naiffent pas de la femence d'une foi véritable, font des péchés qui rendent coupables ceux qui les font. Omne etenim probitatis opus, nifi femine ver& S. Profper. Part. II. c. 16. S. Auguftin dit que les Romains, pour récompenfe de leurs actions vertueufes, reçurent leur grandeur humaine, l'empire du monde : Receperunt mercedem vani vanam. Les deux motifs des actions d'un Romain étoient, fuivant Virgile, l'a mour de la Patrie,, & la paffion pour la gloire. ... amor Patria, laudumque immenfa cupido. Le P. Bourdalouë dans fon Sermon fur l'état du péché, prouve admirable ment, que quelque chofe que fafle l'homme en cet état, fon péché en détruit tout le mérite devant Dieu, qui rejette les plus belles actions quand elles font corrompues dans le motif. Elles n'ont point, dit-il, le germe de vie qui les rend méritoires. Dieu est la vie de l'ame: ainfi l'ame séparée de Dien. ne peut opérer que des actions de mort. C |