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Baviere n'en a reçu aucune de Mr. de Monafterol. Il s'en échape quelquefois quelques unes pour des particuliers; mais celles qui font pour lui, ou pour moi, font prefque toutes arrêtées, comme vous en pouvez juger par les miennes, fi elles vont jufqu'à vous, par lesquelles je vous accufe régulièrement la réception de toutes les vôtres.

J'apprends par les dernieres Nouvelles que je reçois de la Franconie, que la marche du Corps des Troupes de Brandebourg, qui y devoit venir, & devoit être affez confidérable, eft retardée & peut-être rompue tout-à-fait, ce Cercle ayant fait difficulté de payer à cet Electeur ce qu'il demandoit, pour les frais de ce fecours. Il y a lieu de croire que c'eft par l'ap préhenfion qu'ils ont de fa puiffance dans ce Pays-là; qu'ils le craignent, particuliérement la Ville de Nuremberg, fur laquelle il a d'anciens droits en qualité de Burgrave, qu'il tenteroit peut-être de renouveller. Comme je fais auffi d'ailleurs que ce Prince eft mécontent de la Cour de Vienne, ne feroit-ce point peutêtre une occafion favorable de lier quelque Négociation avec lui, qui le détache roit des Ennemis, ce qui pourroit n'être

pas difficile , par la paffion demefurée que je fais qu'il a d'être reconnu Roi, par la France & l'Espagne; ce feroit un Ennemi puiffant de moins, & une perte confidérable pour le parti contraire.

J'ai avis auffi que les Troupes de Saxe qui étoient en Franconie, ont eu ordre. d'aller en Pologne, au fecours de leur Maître qui en a grand befoin; & j'apprends effectivement du Commandant d'un de nos Poftes plus avancés, qu'il y a quelques jours qu'ils ont remarché vers Nuremberg, qui eft leur chemin. Mr. l'Electeur de Baviere a reçu les mêmes avis de Dresde. Il court ici un bruit d'une promotion d'Officiers Généraux, que le Roi doit avoir faite depuis peu, qui tient fort allertes ceux de cette Armée, qui y peuvent être intéreffés.

Je vous fupplie au nom de Dieu, Monfieur, de faire enforte auprès de S. M. qu'Elle ait la bonté de fe fouvenir de ceux qui ont pu mériter cette grace d'Elle, par l'ancienneté ou la qualité de leurs fervices, qui fervent en ce Pays, où cette confolation eft plus néceffaire qu'ailleurs, parce que toutes les autres y manquent, n'ayant nulle Communication avec fon Pays, nulles Nouvelles de fes affaires, ni

de fa Famille, & nul fecours de chez foi, & manquant, la plupart du tems, non feulement des commodités, mais bien fouvent des chofes néceffaires. J'ai l'honneur d'être, &c.

EXTRAIT

D'une Lettre de Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, des 7 & 9 Mars, envoyé par un Officier des Troupes de Baviere (*).

Peu de tems après notre arrivée en cette Ville, j'ai ordonné que les Bourgeois portaffent leurs Armes à l'Arcenal; mais comme l'on n'obéit à ces fortes d'ordres qu'avec répugnance, & par conféquent peu réguliérement, j'ai eu avis depuis peu de jours, qu'il y en avoit de cachées dans les Couvens; j'en ferai faire inceffamment la vifite, & je m'en rendrai maître fans aucune violence. Mais c'eft une foible reffource, & cela ne peut être fuffifant que pour troquer nos plus mauvaises, y ayant une partie de celles que

(*) Comme on a vu la Lettre du 7, ci-dessus P. 95, nous ne mettons ici que l'Extrait de celle du 9, pour éviter les répétitions.

j'ai fait diftribuer de l'Arcenal de cette Ville, qui ne valent rien ou guere mieux.

Nous travaillons actuellement à la démolition des Fortifications de cette Ville, qui eft trop grande pour la pouvoir garder fans un nombre fuffifant de Troupes pendant le cours de la Campagne ; mais auffi pour ne la pas abandonner & en refter maîtres, nous travaillons en même tems à la conftruction d'un Fort, qui fera affez bon pour y laiffer 6 à 700 hommes des Troupes du Roi; l'Electeur a bien voulu, à ma priere, en accorder le Commandement au Sr. de Salere Lieutenant Colonel du Régiment Infanterie de Condé, qui eft un Officier de mérite & très honnête-homme.

Je dois encore ajouter à cet Article, que Mrs. les Maréchaux d'Uxelles & de Tallard ont des Cartes à la main très bonnes & très exactes des Pays par lefquels. on peut efpérer de faire paffer les Recrues, & qu'ils en ont une très grande connoiffance par eux-mêmes; fur toutes chofes, le fecret eft abfolument néceffaire, pour le fuccès de la Jonction des dites Recrues, puifqu'il n'y a point de dou. te que les Ennemis, l'appréhendant extrêmement, ne faffent tous leurs efforts pour l'empêcher. J'ai l'honneur, &c.

C

MEMOIRE

Envoyé à la Cour par Mr. le Maréchal de MARSIN.

Quoique ce Mémoire foit l'extrait des deux que j'ai envoyés ci-devant, l'un les 7 & 9 Février par le Sr. Jean Conrard Fricz, Marchand Suiffe de Zurich, touchant l'ouverture de la Campagne, & l'autre les 7 & 9 du préfent mois de Mars, par un Officier des Troupes de Baviere; comme il y a quelques Articles ajoutés & changes; je prie très inftamment Mr. de Chamillart de ne pas laiffer de le faire déchiffrer, & de vouloir bien se donner la peine de le lire encore.

Il eft inutile de parler davantage de la néceffité indifpenfable du paffage des Recrues, qui eft affez connue du Roi ; il fuffit d'y ajouter qu'il faut qu'elles foient accompagnées de beaucoup d'argent tant pour l'Electeur, que pour la fubfi. ftance de l'Armée; les Troupes n'en ayant point touché du Roi, depuis le commencement du Quartier d'hiver, & tout celui qu'on peut tirer du Pays, étant employe aux réparations & à la fubfiftance journaliere des dites Troupes. Il faut auffi

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