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poffible. Mais il faut compter fur 14 ou 15 jours de Marche fans les féjours, pour gagner d'ici Willingen, qui eft le lieu où la Jonction fe doit faire. Enfuite de quoi il faut revenir fur fes pas, foit pour entrer dans la Suabe, ou dans la Franconie, felon qu'on le trouvera le plus convenable alors pour le bien des affaires; mais la Marche d'ici à Willingen, étant auffi longue qu'il eft marqué ci-devant, & ne fe pouvant faire fans de grands préparatifs, à caufe du nombre confidérable de Chariots de Payfans qu'il faut affembler, pour porter la quantité de vivres néceffaires, il eft bien difficile que cela ne donne le loifir aux Ennemis, de s'affembler au moins pendant le tems de notre Jonction; deforte que vraisembla blement on ne doit pas compter de les trouver difperfés, comme le Mémoire paroît le fuppofer, quand nous reviendrons en état d'agir après la Jonction.

Quant au paffage des Montagnes qui fans contredit, n'eft pas une médiocre difficulté, j'ai déjà marqué dans mes Lettres précédentes que Mrs. les Maréchaux d'Uxelles & de Tallard ont des Cartes à la main très exactes, & une très grande connoiffance par eux-mêmes de ces Pays, & j'ai mandé en même tems par plufieurs

Duplicata, dont Mr. de Chamillart m'a accufé la réception, que peut-être le meilleur chemin, parce que l'on s'y doit moins attendre, feroit de paffer le Rhin Huningue, & de-là paffant par Friedelingue, aller à la Maifon Rouge, où l'on dit qu'il n'y a qu'un petit Fort, affez mauvais, & qui vraisemblablement ne feroit pas difficile à prendre, par un Corps tel que celui qui doit nous joindre, & qui apparemment ne marchera pas fans Canon; il feroit bon qu'il eût auffi, s'il est poffible, une couple de Mortiers, qui pourroient être utiles pour cette petite Expédition.

J'ai marqué pareillement que, pendant le paffage des dites Troupes, qui nous doivent venir joindre, le refte de l'Armée destinée à refter fur le Rhin, pourroit couvrir leur Marche en s'avançant par Offembourg, ou par Walkirck jufqu'à Horneberg; je répete encore que je foumets cette propofition, ainfi que je l'ai déjà dit, aux lumieres de ceux qui peuvent avoir une connoiffance que je ne puis avoir de ce Pays, où je n'ai jamais paffé.

Tout ce que je puis dire, c'est que pour faciliter le paffage des dites Troupes Mr. l'Electeur de Baviere & moi nous a

vancerons jufqu'à Willingen, ou à la hau teur de cette Place, ainfi qu'il est marqué par le Mémoire, felon qu'il conviendra pour les recevoir avec un Corps de 29 à 30000 hommes effectifs, tant des Troupes du Roi que des fiennes, favoir 20 ou 21000 hommes d'Infanterie, & 9000 Chevaux, le tout effectif & très bon, accompagné du Convoi néceffaire pour la fubfiftance du Corps qui nous doit joindre & le nôtre, bien entendu qu'indépendamment de ce nombre, Mr. de Baviere laiffera fon Pays raisonnablement. gardé par fes Troupes, pendant le tems de fon éloignement. Le tout dépend d'ê tre informé bien précisement du tems, & du lieu du Rendez-vous, où il ne convient, ni aux uns, ni aux autres de refter fans mouvement.

Je fuis perfuadé que le Sr. du Bois Capi taine dans Forfac, dont la bonne volonté l'a porté à fe charger de cette dépêche, eft plus propre qu'aucun autre à en rap porter fûrement la réponse. Il n'eft pas je crois impoffible de trouver, pour de l'argent, en France & en Suiffe, des gens qui fe chargeront d'en apporter des Duplicata: car les voies ordinaires du Commerce des Marchands par la poste, font fujetes à de très grands retardemens, ou

à manquer même entiérement, comme il est arrivé au Mémoire du 11 Janvier.

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Quant à la propofition de forcer en peu de tems, les Cercles de Suabe & de Franconie à défarmer licentier leurs Troupes, & donner des Places de fûreté, ou au moins des ôtages, elle pourroit être fans difficulté, fi ces Pays n'étoient foutenus que de leurs propres for. ces; mais ils font actuellement occupés par les mêmes Troupes de l'Empereur, & de fes Alliés, qui ont compofé l'Armée des Ennemis, & qui ont fait la Campagne derniere en ce Pays-ci; & comme je l'ai déjà remarqué au commencement de ce Mémoire, les prépararifs & le tems qu'il nous faut pour aller à la rencontre de notre Renfort, leur peut donner le loifir de les trouver raffemblés à notre retour.

Pour ce qui eft des Places qu'ils pour roient nous donner pour fûreté, nous en fommes maîtres, & de la plus grande partie de celles de Suabe, dont les plus confidérables font Ulm Bibrack Memmingen, Kempten & Ausbourg, que nous occupons, & tous les lieux fermés qui font entre l'Iller & le Lech.

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Quant à celles de la Franconie, il eft queftion de les prendre & fur-tout Nu

remberg, s'il eft poffible, qui eft la principale; mais c'eft de quoi l'on ne peut répondre de fi loin, & pour ce qui eft de prendre des ôtages, on en a affez éprouvé l'inutilité, par ceux que la Ville d'Ausbourg avoit donnés à Mr. l'Electeur de Baviere, avant que Mr le Prince de Ba de y fût introduit. Le fait eft de fe rendre maître de la Campagne, & c'est ce qu'on a lieu d'efpérer avec une bonne & groffe Armée.

Pour répondre à la propofition du Mémoire qui marque qu'auffitôt après la Jonction, il faut fur-tout être entiérement déterminé à combattre tout ce qui ofera paroître à portée, en quelqu'endroit que ce puiffe être, je dirai qu'une Armée composée d'auffi bonnes Troupes que celles-ci, remplie d'une fi bonne volonté auffi généralement répandue, & commandée par un Prince auffi vaillant & auffi bien intentionné, que Mr. l'Electeur de Baviere, n'a pas befoin d'être excitée à combattre; mais que l'on n'a que trop d'expérience dans la Guerre derniere, & même dans celle-ci que, malgré le defir ardent qu'ont eu les Généraux des Armées du Roi de combattre, il s'eft rencontré des occafions où il leur a été impoffible d'y parvenir.

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