fe porte. On en peut avoir quelques-unes dans le Pays; mais non dans la quantité dont on en auroit befoin, la plus part des Chevaux de Payfan ayant été pillés l'année derniere, ou la plus part de ceux qui leur font reftés, étant enterrés, ou morts de fatigues & de mifere; on ne laiffe pas de prendre toutes les mefures néceffaires, pour en affembler le plus qu'il fera poffible, afin de conduire à Willingen le Convoi que nous y menerons au Renfort que le Roi nous envoie. Les autres Articles du Mémoire, excepté le dernier, ne regardant que la fûreté des Frontieres du Roi, je n'ai rien à dire de fi loin fur ce fujet, fi non qu'elles demandent une très férieufe attention, & que je crois favoir que fi Mr. le Prince de Bade en avoit été cru, les Ennemis auroient toujours porté leurs vues du côté de la Mofelle. Il ne faut pas douter que les Ennemis ne fentant qu'un petit Corps de Troupes fur le Rhin, n'y laifferont que le néceffaire pour garder leurs Lignes & leurs Places, & porter apparemment toutes leurs forces de ce côté-ci, qui leur doit donner beaucoup d'inquiétude; mais pour ce qui eft de fe flatter d'établir une Correfpondance réglée, & une Communica tion libre de cette Armée-ci avec le Rhin, tant que le Roi ne fera point maître de Philisbourg, ou de Fribourg, il n'y faut pas compter fans fe vouloir tromper, ou préfupofer des miracles qui peuvent arriver mais fur lefquels on ne doit jamais faire fond. Il fuffit pour en juger, de voir les mefures qu'il faut prendre, pour faire la Jonction du Corps que le Roi nous envoie, qu'il ne faut pas manquer d'accompagner de beaucoup d'argent, à cause de l'extrême difficulté d'en faire paffer fouvent; Mr. l'Electeur de Baviere en a grand befoin, & les Troupes du Roi ne font pas accoutumées à fe paffer en Campagne d'aprêts ordinaires. Nous n'avons pas de quoi leur donner feulement ce premier mois, & ce n'a pas été fans peine que nous avons trouvé les moyens de faire fubfifter & réparer les Troupes pendant l'hiver dans ce pays ruiné. Il ne me reste plus rien à dire pour répondre au Mémoire du 11 Janvier; j'ajouterai feulement encore à celui-ci, que le point capital étant la Jonction des fecours, que le Roi nous envoie, il est de la derniere importance que nous foyons avertis précisément, & le plutôt qu'il fe Tome I. G pourra du tems, & du lieu du Rendezvous; Mr. l'Electeur de Baviere ne pou vant le mettre en mouvement fans le favoir. Il s'eft déterminé de la meilleure grace du monde, à venir lui-même, avec tout ce qu'il pourra mener de fes Troupes; après avoir pourvu le mieux qu'il fera poffible, à la fûreté de fon pays, qui eft d'une grande & difficile garde, faute de bonnes Places; de forte que le Roi peut compter, qu'étant informés du tems & du lieu du Rendez-vous, nous irons jufqu'à Willingen, ou jufqu'à la hauteur du dit lieu, avec un Corps de 29 à 30000 hommes effectifs, compofé tant des Troupes du Roi que de celles de Mr. 'Electeur, à la rencontre de celles que S. M. a la bonté d'envoyer, pour fortifier cette Armée, en menant avec nous le Convoi néceffaire, le plus fort que nous pourrons. J'ai omis de marquer dans ce Mémoi re, qu'une des chofes que j'appréhende qui nous manque dans la fuite, ce font des Boulets de 24. Meubles néceffaires à tous propos: nous n'en avons que peu; Mr. l'Electeur n'en a pas une grande provilion, & il ne peut fe fervir de fa principale Forge pour en faire, parce qu'elle eft à Amberg dans le Haut-Palatinat, dont les Ennemis fe rendirent maîtres la Campagne derniere. Des pieces de Canon, Mortiers, Bombes Carcaffes, Grenades & autres Munitions de Guerre, qui fe trouvent préfentement en Baviere. - 31800 • 4800 26898 53389 Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMI'LART, à Ausbourg, le 3 Avril 1704. J'ajoute, Monfieur, ce mot au Duplicata ci-joint de ma Dépêche d'hier, que je vous envoie encore par un Exprès, pour plus grande fûreté, quoique je ne doute point du tout que celle dont j'ai chargé le Sr. du Bois, parti d'hier, n'arrive à bon port, parce que je compte extrêmement für fon favoir-faire, & fur fa bonne volonté; comme le porteur de ce Duplicata ci-joint ne va que jufqu'à Schaffoufe, où il mettra le paquet, dont il eft changé, entre les mains du Sr. Groubbe, qui le fera paffer par un Exprès |