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ce, fans placer des Quartiers en deçà du Rhin.

Je dis un Ennemi entiérement fupérieur, & comme il peut fort bien arriver des tems où il le fera fur les Frontieres, c'eft alors que ce Pofte entre leurs mains feroit très dangereux pour nous.

Je crois que le projet de la Campagne prochaine doit déterminer à le rafer; & quand on prend ce parti-là, il faut non feulement détruire les Fortifications, mais même toutes les habitations qui s'y trouvent, & cela fi parfaitement, que les Allemands ne puiffent jamais être tentés de le relever, pour y trouver le commen, cement d'aucun Etabliffement, enfor e qu'on puiffe les inquiéter par Brifack & par Huningue, dès le premier jour qu'ils vou, dront commencer à y travailler.

Je me réserve à parler fur ce qu'il faudra faire dans l'Ile, qui eft entre cette Pla ce & l'Alface, quand j'aurai été fur les lieux.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à. Ausbourg, le 4 Janvier 1704.

Depuis ma Lettre écrite, Monfieur, j'en ai reçu une de Mr. de Pery, Brigadier

Commandant à Bibrack, du 2 de ce mois, par laquelle il me marque qu'ayant commandé Mr. de Ravignan, pour enlever un Quartier de Huffards qui étoient dans l'Abbaye de Schuffenried, il y avoit réuffi, & qu'excepté ceux qu'on leur avoit tués fur la place, le refte avoit été amené à Bibrack, Hommes & Chevaux & tous les Officiers. Mr. de Pery s'y eft conduit fort bien, & Mr. de Ravignan, qui commandoit ce Détachement, s'y eft comporté avec toute la fageffe, & toute la capacité que l'on pouvoit défirer. J'ai l'honneur de vous envoyer le Mémoire de Mr. le Comte du Bourg, touchant l'état & les befoins de la Cavalerie. Tout ce qu'il vous marque, Monfieur, eft vrai & de concert avec moi; & je n'ai rien à y ajouter, ni à en diminuer.

J'ai pris la liberté, ces jours paffés, de donner quelques Lettres de Change, fur le Tréforier de l'extraordinaire des Guerres, fous votre bon plaifir, dont un Marchand de Munich s'eft accommodé, pour entreprendre l'habillement de tous les Régimens de Cavalerie qui en ont befoin, fans quoi il ne s'y feroit pas enga gé, & c'est une néceffité indispensable. Comme vous ne pouvez pas nous faire te nir de l'argent préfentement, j'ai cru que

vous ne trouveriez pas mauvais que j'en ufaffe ainfi: ce que je ne fais que pour le bien du Service, & pour diligenter autant qu'il eft en moi la réparation des Troupes. Je vous prie de me mander fi vous trouvez bon que je continue d'en user ainfi: ce que je ne ferai qu'avec difcrétion, & feulement pour les réparations des Troupes; c'est-à-dire pour mettre en état de fervir le nombre qui eft refté: car il ne faut pas fonger que l'on puiffe faire des Recrues en ce Pays-ci. Il eft de la derniere importance d'y fonger très férieufement, & de n'y perdre pas un moment: car fans le fecours que vous nous avez promis au printems, nous ne pourrions nous mettre en Campagne; & pour ne fe point tromper, il faut compter que pour amener ce fecours il faut une Armée, & avant cela être maître de Philisbourg ou de Fribourg. Il me paroît d'ici, que la Bataille que Mr. le Maréchal de Tallard a gagnée, en facilite bien les moyens, & c'eft une entreprise à ne pas manquer au mois de Mars, lorfque les Ennemis font le moins en état de fe raffembler. Cela. eft très férieux: car les Ennemis feront leurs derniers efforts, pour empêcher la Jonction des Recrues, & de toutes les chofes dont cette Armée a beföin pour la Campagne..

Mr. de BLAINVILLE à Mr. de CHAMILLART, à Ulm, le 4 Janvier 1704.

Monfeigneur, Mr. l'Intendant mande

à Mr. d'Artenil Commiffaire ici, de faire des Recrues exactement tous les mois ; cependant comme vous m'avez fait l'honneur de me mander, lorfque j'étois à Ausbourg, que vous ne vouliez plus que l'on en fît, parce que cela n'étoit bon qu'à faire connoître à nos Ennemis le fond de nos Régimens, & que vous feriez payer les Troupes fur les Etats des Directeurs, étant d'ailleurs paffées completes, j'avois dit au Sr. d'Artenil de n'en plus faire. Ayez la bonté, Monfeigneur, de me mander fi vous avez changé d'avis, & fi c'eft par votre ordre que Mr. Beaudouin donne celui-là, afin que l'on puiffe fe confor mer ici à vos intentions. J'ai l'honneur,

P. S. Les Réglemens du Roi portant. que les Troupes ne doivent être payées que fur les Revues des Commiffaires des Guerres, les Tréforiers ne peuvent avoir autrement des décharges fuffifantes, à la Chambre des Comptes, qui ne les recevroit pas fans Revue des Commiffaires. C'est une formalité indifpenfable par cha

que mois d'hiver; mais Mr. le Maréchal peut ordonner le payement des Surnuméraires, jufqu'au Compte, par une Ordonnance particuliere, comme d'une dépenfe extraordinaire. L'on peut faire des. Revues fous la cheminée; mais elles font indifpenfables de façon ou d'autre.

Mr. de BLAINVILLE à Mr. de MARSIN, à Ulm, le 5 Janvier 1704.

Les Commis des Vivres, & Receveurs des Magafins de cette Ville fe plaignent, Monfeigneur, que les impofitions de Mr. l'Intendant y entrent bien lentement, il n'y a pas encore plus de 2000 Sacs de Grains dans les Magafins; au lieu que fi l'impofition avoit été exécutée, il devroit y en avoir ici 42000 Sacs.

Ils propofent même de faire des Marchés ici pour en acheter, & ils m'ont dit qu'ils avoient en main des Marchands qui en feroient venir une grande quantité fi on vouloit ; mais je crois, Monfeigneur, que votre intention fera plutôt de garder l'argent que vous avez, pour les befoins des Troupes, que de l'employer en marchandifes dont vous pourrez faire provis

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