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Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Ausbourg, le 15 Avril 1704.

Je

e me fers de la voie de deux Exprès que je dépêche à Mr. le Maréchal de Tallard, pour vous envoyer le Duplicata de la Lettre que je lui écris, pour vous informer de tout ce qui peut regarder la Jonction du Renfort, que le Roi nous envoye; de forte qu'il eft inutile, de vous répéter les mêmes chofes dans celle-ci. Je vous ai accufé par tant de voies différentes, la réception du projet du 11 Janvier qu'il eft inutile de vous en parler davantage; j'y ai répondu par trois Exprès que je crois gens fürs, l'un parti le 2 de ce mois, l'autre le 4, & le troifieme le 6. Je compte toujours fur le premier des trois, qui eft le Sr. du Bois, Capitaine de Cavalerie dans le Régiment de Forfac. Il faut vous avertir, Monfieur, que la copie que je vous envoie ci-joint de ma Lettre à Mr. le Maréchal de Tallard, eft chiffrée du même Chiffre que celle-ci, ce que je vous marque peutêtre par furérogation; mais c'est parce que j'en ai un autre avec lui. J'ai reçu les Lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, Monfieur, les 25 Mars

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& 2 Avril, dont la derniere vient de m'être rendue, dans ce moment, contenant la Lifte des Officiers- Généraux, que le Roi a faits dans cette Armée; je ne puis que vous remercier.

On eft actuellement affemblé à l'Abbaye de Mirfchrot, pour traiter du Cartel; Mr. le Marquis d'Uffon de la part du Roi & de l'Electeur qui n'eft nommé que fous le titre d'Allié de S. M. Mr. le Comte de la Tour de la part de l'Empereur & de fes Alliés, mais j'entrevois que cela n'aura pas d'exécution, le Comte de la Tour ne voulant admettre que les mêmes mots, dont on s'eft fervi dans celui · qui fut fait en Italie, il y a deux ans, que tous Prifonniers qui font & feroient faits de part & d'autre, de quelque Nation & Condition qu'ils puiffent être, fans aucune réserve dans la préfente Guerre, feront échangés, &c. & l'Electeur voulant abfolument que l'on fe ferve des mêmes termes exprimés dans la Lettre que vous me faites l'honneur de m'écrire fur ce fujet, le 12 Janvier qui porte ces termes exprès; Tous Prifonniers fans exception, foit de l'Empire, ou de la Maifon d'Autriche, &c. Il me marque qu'il ne peut refufer cette attention à la Famille du Comte d'Arco, & fur-tout à fa perfonne, dont il a lieu d'é

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tre fort content, & pour lequel il eft bien aise de prendre toutes les précautions néceffaires, parce que l'Empereur lui a déjà fait faire fon procès, Mr. l'E lecteur ajoutant dans la même Lettre, que je viens de recevoir de lui fur ce fujet, qu'il fe méfie des fubtilités & des violences de la Cour de Vienne.

Comme le Roi n'eft point, ou du moins très peu intéreffé au Cartel, les Ennemis n'ayant que fort peu de Prisonniers des Troupes de S. M. entre lefquels. il n'y a point d'Officiers, au moins de confidération, pendant que nous en avons beaucoup des leurs; je n'ai pas cru devoir m'oppofer au fentiment de Mr. l'Electeur de Baviere, qui y a plus d'intérêt à cause de plufieurs de fes Officiers, & entre autres du Comte d'Arco, fachant d'ailleurs les égards que le Roi veut que l'on ait pour S. A. E. qui les mérite bien.

Je vous prie de m'accufer au plutôt la réception de cette Lettre, & d'adref fer votre réponse à Mr. de la Houffaye, en lui mandant de me la faire paffer par Mr. de Miville Banquier à Strasbourg, qui me l'enverra fous l'enveloppe de Mr. Ebligny Marchand ici: cette adreffe réuffit affez fouvent. J'ai l'honneur &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de TALLARD à Ausbourg, le 15 Avril 1704. J'ai déjà eu l'honneur de vous mander, Monfieur, par la pofte & par différentes voies, que j'ai reçu le 10 de ce mois, votre Lettre du 29 Mars, dont je vous accufai la réception dans le moment même, avant d'avoir le loifir de la faire déchiffrer. J'y ai répondu depuis ce tems-là l'ordinaire fuivant par mes Lettres datées d'hier, & comme il eft de la derniere importance qu'elles arrivent jufqu'à vous, Monfieur, je vous répete les mêmes chofes qu'elles contiennent, par la voie de deux Exprès, que je vous dépêche pour la plus grande fûreté.

Je n'ai reçu le projet du ri Janvier, que le 26 Mars au foir, & j'allai auffitôt à Munich le communiquer à Mr. l'Electeur de Baviere: j'y répondis à mon retour le 31; & S. A. E. ayant défiré que j'attendiffe fa Dépêche, que je ne reçus que le premier Avril à minuit; je fis partir le 2 un Exprès avec fes Lettres & les miennes, qui a été fuivi de deux autres, que je crois tous trois gens fûrs; Mr. l'Electeur & moi nous irons.jufqu'à

la hauteur de Willingen, & nous nous mettrons en Marche pour cela le premier de Mai, ne l'ayant pu plutôt, à caufe que les Troupes de Mr. l'Electeur, qui doivent joindre celles du Roi pour cette Marche, n'arriveront à Donnawert que le 29 de ce mois, & ne fubfifteront qu'avec beaucoup de peine pendant ce tems; le Pays par lequel nous devons paffer, étant entiérement ruiné. Mr. l'Electeur compte que nous nous rendrons à la hauteur de Willingen en 15 ou 16 jours, & de peur de me tromper, je compte fur un ou deux de plus, à caufe des accidens & des retardemens qui peuvent arriver. Notre Armée pour aller à votre rencontre, Monfieur, fera de -28 à 29000 hommes, bons & effectifs. Je vous répete encore que nous nous mettrons en Marche le premier de Mai, & que vous ne fauriez vous tromper que d'un jour ou deux, fur le tems de notre arrivée à la hauteur de Willingen, puifqu'il eft certain qu'il faut tout au moins 15 ou 16 jours pour nous y rendre, avec l'Armée & le Convoi que nous traînons après nous, quelque diligence que l'on puiffe faire, & que je crois ne me pas abufer en comptant fur un jour ou deux de plus pour les accidens. &c.

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