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de Marfin, qu'il croyoit qu'on pourroit figner le Cartel, fans y ajouter le mot de Domination, & que Mr. le Comte d'Arce y auroit également trouvé fa fûreté.

Les Ennemis font tous defcendus des environs du Lac de Conftance, & fe font affemblés depuis Laukerk jusqu'à Ravensbourg, pour être en état de s'opposer aux mouvemens, qu'ils ne doutent pas que nous ne faffions bientôt.

L'Armée s'affemblera près d'Ulm, le jour du 5 ou 6: je tâcherai de fervir cette Campagne mieux que je n'ai fait l'autre. Je ne vous parlerai plus du trifte état de mes affaires, & de celles de ma Femme, remettant ma fortune entre vos mains; je ne vous dirai rien non plus de la dépenfe que j'ai faite à l'occafion du Cartel, ni de tout l'argent que j'ai donné à plufieurs Meffagers chargés de Lettres pour vous, Monfeigneur; je continuerai cependant d'avoir l'honneur de vous rendre compte de tout ce qui viendra à ma connoiffance. Jamais les Troupes du Roi n'ont été fi belles, ni fi bien rétablies qu'elles le font; auffi Mrs. d'Aubuffon, de Biffy, d'Hautefort, du Bourdet, & Montboiffier y ont eu une application extrême; la Garnifon de Kempten n'eft pas en moins bon état, & par les bons ordres qu'a donnés Mr. le Tom. I. H

Maréchal de Marfin, & fon défintéresse ment, il ne fera prefque rien du aux Troupes de leurs Quartiers-d'Hiver; quoique dans mon département partie des Ennemis y ayent pris les leurs. Je ne crois pas exagérer quand je vous dirai, Monfeigneur, que dans vingt lieues de Pays, dont les Troupes du Roi n'en oc cupoient que quatorze, on a tiré plus de dix millions, quoique les deux Armées y ayent paffé la Campagne derniere.

Čela vous prouvera, Monfeigneur, ce que j'ai eu l'honneur de vous écrire de Wolfembuttel, qu'il n'y pas de Pays dans le monde fi bon à faire la Guerre que l'Allemagne, & on le verra bientôt quand on paffera en Franconie & en Autriche; car c'est là, Monfeigneur, qu'il faut éta blir le centre de la Guerre, fuivant mes petites lumieres, pour obliger l'Empereur à faire la paix. La Guerre que l'on a fait ici la Campagne derniere, n'attaque point vivement l'Empereur, ni fes Miniftres. Il faut leur faire craindre pour leurs Jardins, & furtout dans la concurrence des Affaires de Hongrie, où les Mécontens remportent tous les jours des avantages.

Puifque vous m'ordonnez, Monfeigneur, par la Lettre dont vous m'avez

honoré le 12 Février, que je n'ai reçu qu'avant-hier, par l'Exprès que le Sr. du Bois m'a adreffé, d'auprès de St. Gall, pour faire paffer ces Lettres à Mr. le Ma réchal de Marfin, de rectifier les nouvelles des Marchands: je vous dirai que, ces grands avantages que les dernieres Gazettes difent que les Ennemis ont remportés fur les Troupes du Roi, consistent en la prise de Mr. Dittier, Lieutenant-Colonel au Régiment de Montmain, & 11 Cavaliers de celui de Mr. le Prince Charles de Lorraine, qui l'efcortoient revenant d'Ausbourg, plus près de cette Vilie que d'ici. Il est vrai que les Huffards fe promenant beaucoup dans mes derrieres, paffant l'Iller à la nage en plein hiver, je leur ai rendu ces courfes fouvent avec quelques fuccès; mais furtout pour les avoir obligés à renforcer leur Quartier, où ils ont été fi mal que très fouvent la Cavale rie manquoit de pain.

Mr. le Maréchal de Marfin laiffe pour Commandant dans la Viile de Memmingen, le Sr. Desgarmont, qui commande le fecond Bataillon du Régiment de Nettancourt; c'eft un Officier d'un mérite diftingué, & qui en a donné des preuves à la Défenfe de Landaw, où il entra pendant le Blocus. J'ai l'honneur, &c.

MOIS DE MAI.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Weiffenhorn, le 4 Mai 1704.

Je n'ai l'honneur de vous écrire, Mon

fieur, que pour vous accufer la réception de votre Lettre du 16 Avril, que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, par le retour du Sr. du Bois, & de fon Duplicata que j'ai reçu l'un & l'autre les 27 & 28 Avril. J'ai fait part à S. A. E. des chofes, dont il convenoit qu'Elle fût préfentement informée, me réfervant de lui rendre compte du refte en tems & lieu, comme vous me l'ordonnez. J'ai reçu dans le même tems la réponse de Mr. le Maréchal de Tallard, à la Lettre que je lui avois écrite par le dit Sr. du Bois; & depuis il m'en eft venu encore d'autres de lui, qui répondent aux miennes du 15 Avril, que je lui ai envoyées par deux Exprès. Je vois qu'il fouhaiteroit que je lui mandaffe le jour précifément, que Mr. l'Electeur arrivera à Willingen avec l'Armée, ce que je ne puis lui marquer qu'à deux jours près, par les

obftacles que les Ennemis peuvent très facilement oppofer à notre Marche, qui pourroient bien caufer au moins ce petit retardement. Comme nous verrons plus clairement le parti qu'ils auront pris, à mefure que nous nous porterons en avant, je pourrai peut-être dans peu l'informer plus précisément, du jour fixe du Rendezvous; & pour cet effet je tâche de me pourvoir ici de quelque Exprès fûr, que je puiffe lui dépêcher, que j'efpere trouver. Mais après tout, comme cela ne roule vraisemblablement que du 16, au 17, ou 18 de ce mois, cela ne doit pas faire un grand embarras, lui ayant mandé que, comme nous marchions accompagnés de Vivres, & que je ne craignois. pas d'en manquer à quelques jours près, j'aimois mieux l'attendre deux jours au Rendez-vous, que de l'y laiffer attendre u ne heure. Mr. l'Electeur de Baviere s'eft mis en Marche avec l'Armée le premier de ce mois, & arrive aujourd'hui à portée d'ici, comme j'avois eu l'honneur de vous le marquer par mes précédentes, où il eft venu dîner, pour faire cet aprèsmidi la Revue de fes Troupes. J'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint une Lettre de S. A. E. pour le Roi, que je crois

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