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Mr. de Thungen, & le refte de leurs Généraux pour se joindre à celles du Duc de Wirtemberg, & aux autres qui étoient dans la Franconie; de forte que fi votre paffage, Monfieur, eft auffi heureux que le nôtre, notre Jonction n'est plus douteufe.

Comme nous avons fait une diligence extraordinaire, & que notre Convoi & même une partie de nos Troupes n'a pu arriver ici aujourd'hui, nous fommes obligés d'y féjourner demain & après demain, & nous en partirons Mercredi 14 de ce préfent mois, pour nous rendre le 15 ou le 16 à Donnefching. Je vous envoie le Mémoire des Poftes que les ennemis occupent dans les Montagnes, qui doit être véritable, étant un extrait de la Lettre qu'un Major d'un de leurs Régimens écrite à fon Colonel, que nous avons interceptée aujourd'hui. Etant arrivés à Donnefching, nous vous y attendrons, Monfieur, ou de vos nouvelles que je vous prie de me donner tout au plutôt, & que je recevrai par le retour de l'Exprès qui porte cette Lettre à Schaffoufe, où il a ordre d'y apporter votre réponse, pour me la rapporter à Donnefching. Comme je n'ai point le plaifir d'écrire ce foir à Mr. de Chamillart, pour

ne pas retarder le départ du dit Exprès,. je vous prie de lui envoyer en toute diligence cette Lettre ou la copie, étant perfuadé que le Roi fera bien aise d'apprendre au plutôt que nous ayons paffé fans difficulté les Retranchemens que les. Ennemis avoient tirés du Lac de Conftance au Danube, & qu'ils ayent été obligés de les abandonner par la diligence de notre Marche, leurs Troupes étant encore Léparées. Je n'ai plus que le tems de vous affurer de l'attachement, &c.

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Mr. d'Usson à Mr. de CHAMILLART, au Camp prés Duttlingen, le 11 Mai 1704, Monfeigneur, j'ai l'honneur de vous faire part que les Ennemis ont achevé d'abandonner leurs Retranchemens ce matin. La plus grande partie de leurs Troupes qui peuvent aller tout au plus à 10 ou 11000 hommes, commencerent à paffer hier le Danube à Friedlingen, & le bruit eft qu'ils fe mettront derriere le Necker, près de Rottweil, pour attendre le Comte de Styrum, qui affemble un Corps d'environ 6000 hommes près de. Nordlingen, & qui marche à eux.

Mr. l'Electeur de Baviere & Mr. le Maréchal de Marfin, font allés camper à Duttlingen avec toute la Cavalerie, où j'arriverai demain avec toute l'Infante-. rie, vers les 6 heures du matin. Le Corps d'Armée que commande Mr. le Comte d'Arco, campera à deux lieues d'ici dans les derrieres on a laiffé prefque tous les gros Bagages à Moeskirck..

Il faut, Monfeigneur, être préfent å cette Marche pour la croire. Il y a 11 jours que la plus part des Troupes fonten mouvement, & 8 au moins celles qui étoient les plus proches du Danube, fans avoir féjourné qu'un jour, & fans que pas un Soldat quitte fes rangs, marchant avec gayeté, qui feroit d'un favorable. augure pour une Bataille, s'il étoit queftion d'en donner une; mais je n'y vois. aucune apparence, non plus que de difficulté à la Jonction de Mr. le Maréchal de Tallard, dont la Marche ne peut-être. troublée que par des Corps trop foibles, pour s'arrêter dans les Gorges de Montagnes. s'il avoit des Vivres avec lui, & que nous puiffions en trouver; ce feroit un beau retour pour cette Armée, de la ramener par Phorsheim, & qu'elle fe fit un paffage elle-même au Fort- Louis.

Mr. le Maréchal de Marfin a pris tou

tes les mesures imaginables pour avoir du pain. Il a ramaffé près de 30000 Chariots de Payfans, à fix Chevaux cha cun; on ne peut exprimer fon attention fur toutes chofes, & il a fi fort gagné le cœur des Troupes, qu'il en tirera un merveilleux ufage pour le fervice du Roi. Le beau tems qu'il fait, favorife beaucoup cette grande Entreprise; car s'il eût plu on n'auroit jamais pu mener le tiers de nos Vivres , parce que c'eft un Pays très marécageux; mais d'ailleurs fi bon, que la Plaine St. Denis n'eft pas plus abondante. Auffi la Cavalerie ne fouffre point du tout, & les Troupes n'auroient pas fait cette grande diligence fi néceffaire, fi les Ennemis avoient pris des mefures pour fe bien retrancher: car ce qu'ils avoient fait pendant l'hiver, n'étoit autre chofe, que ce que j'ai eu l'honneur de vous écrire, Monfeigneur, c'eft à dire beaucoup d'abattis, & remué un peu de terre dans les endroits où il n'y avoit point de bois, plutôt pour empêcher un petit Parti de paffer à Schaffoufe, que pour arrêter une Armée; cependant ce travail est prodigieux, il commence au Lac de Conftance, & finit au Danube à Hochftett, pendant huit lieues.

Depuis les avantages que les Troupes Impériales ont remportés fur les Mécontens qui font confidérables, quoiqu'ils ne foient pas fi grands que les Gazettes l'ont publié, j'ai eu des Nouvelles du Prince de Ragotski, qui m'affure que rien ne fera capable de lui faire faire un Accommodement avec l'Empereur, que de concert avec le Roi. Il me marque même qu'il va raffembler toutes fes Troupes du côté de Pest, & je ne manque pas de lui écrire tout ce qui peut le fortifier dans ces bonnes difpofitions.

Le Corps des Troupes Saxonnes, qui étoit ici, arriva le 30 du mois paffé, à Roxbourg en Saxe. Notre marche m'empêche de favoir (par le retardement de mes Lettres), où font précisément les Troupes de Brandebourg, & quels mouvemens Mr. le Prince Louis de Bade fait faire à celles qui étoient fur le BasNecker & du côté de Mayence, dont partie font destinées pour s'oppofer à nous. Je n'épargnerai rien, Monfeigneur, pour avoir de bons avis, dont je rends un compte fort exact à Mr. le Maréchal de Marfin, qui, comme j'ai eu l'honneur de vous l'écrire, m'a voulu faire rembourfer de mes avances; mais je ne recevrai

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