arrivant ici, qui vous informera des Poftes qu'ils occupent dans les Montagnes.

Auffitôt après notre arrivée ici avanthier au foir, j'écrivis à Mr. le Maréchal de Tallard par un Exprès, que je lui dépêchai pour lui donner avis de notre fituation, & lui marquer le jour précifément que nous nous rendrions auprès de Donnesching qui eft le lieu qu'il m'a marqué. Comme il étoit fort tard, je ne pus avoir l'honneur de vous écrire, Monfieur , pour ne point retarder fon départ; je priai donc Mr. le Maréchal de Tallard de vous envoyer auffitôt la copie de ma Lettre, pour vous informer de ce que je lui mandois. J'attends avec impatience de fes Nouvelles, & j'efpere avoir le plaifir de vous apprendre en quelques jours celle de la Jonction du fecours qui nous vient dont Mr. l'Electeur de Baviere eft difpofé à faire enfuite le meilleur ufage qu'il fera poffible, après que nous aurons concerté avec Mr. le Maréchal de Tallard, ce qui fe pourra faire. Je ne puis encore, Monfieur, vous mander rien de pofitif fur ce fujet, les démarches que nous aurons à faire, dépendant de celles que les Ennemis feront, &

des forces qu'ils affembleront. Je puis vous dire feulement en attendant, que je crois entrevoir une Campagne avantageufe en ce Pays-ci, & pour y réuffir, nous n'oublierons rien de ce qui fe peut faire avec une parfaite intelligence entre Mr. l'Electeur & moi, pour le bien du fervice. J'ai l'honneur, &c.

Journal de la Marche de Mr. le Maréchal de MARSIN.

Mr. l'Electeur de Baviere, ayant donné fes ordres pour l'ouverture de la Cam pagne au Maréchal de Marfin, fur la fin du mois d'Avril à Munich, S. A. E. en partit enfuite pour aller au Château de Lichtemberg, où Elle refta quelques jours; ayant ordonné avant fon départ de Munich, à Mr. le Comte d'Arco, Général de fes Troupes, de paffer le Danube à Donnawert, comme il a fait le I du présent mois de Mai, avec un Corps de 18000 hommes, & en même tems à toutes les Troupes Francoifes, qui avoient hiverné entre le Danube, le Lech & l'Iller, de fe

mettre en mouvement.

Le 1 Mai Mr. l'Electeur partit du Châ

teau de Lichtemberg, fuivi de quelques Efcadrons des Troupes de fa Maison, & prit fon Quartier Général à Mickhaufen. Le même jour le Maréchal de Marfin, partit d'Ausbourg avec toute la Garnifon & alla camper à Riedt; le 2 à Krumbach où S. A. E. joignit les Troupes qu'Elle avoit ordonné d'y affembler; le 3 à Weiffenborn, le 4 à l'Abbaye de Wilbing audelà de l'Iller, où Elle féjourna le 5.

Dans cette Marche Mr. l'Electeur vit les Troupes Francoifes de la Garnifon d'Ulm, qui s'étoient mifes en Bataille fur fon paffage, il en fut fort content & les trouva parfaitement bien rétablies. Le même jour S. A. E. dîna à Ulm, & fit enfuite la Revue de fes Troupes campées de l'autre côté du Danube, dont la beauté & la force furent admirées de tout le monde.

Le 6, Mr. l'Electeur de Baviere à la tête de la partie de l'Armée Francoife destinée à marcher de ce côté ci du Danube, avec quelques Efcadrons des Troupes de fa Maifon, après avoir fait prendre du pain pour 15 jours, alla camper à Riftiffen, & ordonna que les Caiffons & Chariots de Payfans, au nombre d'environ 4000 chargés de Vivres, fuivroient pendant quatre jours le Corps commandé par le

Comte d'Arco; les chemins étant plus praticables de l'autre côté du Danube, que de celui-ci.

Le 7, S. A. E. alla camper entre Smerckingen; le 8 à Neufra; le 9 à Krauchenwitz, quoiqu'il eût été réfolu de camper à Mengen, où S. A. E. ayant appris qu'un Corps des Ennemis étoit campé à Moeskirch , prit le parti de prolonger cette Marche avec toute la droite de l'Armée, pour être plus à portée de les attaquer, & laiffa la gauche à Mengen. Les Ennemis avertis de la diligence de cette Marche, abandonnerent promptement le Pofte de Moeskirch, d'où ils partirent la nuit du 9 au 10.

Le 10 S. A. E, campa à Moeskirch avec toute l'Armée, ayant laiffé fes ordres à Mr. le Comte d'Arco, qui avoit repaffé le Danube à Riedlingen, de le fuivre d'af fez près, pour être toujours à portée de le joindre inceffamment.

Le 11 au matin, Mr. l'Electeur qui comptoit venir camper à vue des Retranchemens des Ennemis, pour fe disposer à les attaquer, apprit par un Parti qu'il avoit envoyé devant lui, à la Guerre, qu'ils avoient abandonné avec précipita tion leurs Lignes, tirées depuis le Lac de Conftance jufqu'au Danube, & qu'ils paf

paffoient ce fleuve à Muhlen & à Duttlingen, prenant leur route du côté de Rottwil, ce qui obligea S. A. E. de pouffer fa Marche avec la Cavalerie & les Dragons, jufqu'au dit lieu de Duttlingen, quoiqu'il eût été réfolu de féjourner à Moeskirch, par rapport au befoin que les Troupes avoient de repos, à caufe de la Marche précipitée que l'on avoit été obligé de faire jufqu'ici, pour prévenir les Ennemis, & leur ôter les moyens de s'affembler.

Les Partis que S. A. E. avoit envoyés le même jour en avant, prirent douze Chariots des Ennemis chargés de Bagages, & firent quelques Prifonniers; leur Retraite a été fi précipitée, qu'ils ont abandonné des Poudres & des Bombes deux pieces de Canon, du Bifcuit, des Grains, & même quelques habillemens de leurs Troupes.

S. A. E. féjourna à Duttlingen le 12 & le 13, pendant lefquels les Chariots chargés de Vivres, qui étoient restés à Moes kirck fe raffemblerent au dit Duttlingen, pour continuer à fuivre la Marche de l'Armée.

Les Ennemis fe font retirés à Schemberg, fur le chemin de Ballingen dans le Wirtemberg, où il paroît que leur deffein Tome I. I