Images de page
PDF
ePub

eft de raffembler toutes leurs Troupes, pour couvrir ce Pays qui femble être devenu préfentement le principal objet de leur attention.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Huffingen, le 15 Mai 1704. Nous fommes venus camper aujourd'hui ici, Monfieur, comme au lieu le plus convenable pour le Rendez-vous, que vous nous avez marqué; nous avons Donnefching à notre droite, dont nous fommes féparés par le Ruiffeau de Willingen, qui y tombe dans le Danube. Brelingen eft au bout de notre gauche, la petite Riviere de Breg coulant entre la gauche de notre Camp & ce petit Bourg, Nous avons derriere notre droite la petite Ville de Huffingen, où Mr. l'Electeur de Baviere, a pris fon Quartier. Je vous informe de notre fituation, parce que nous y refterons en attendant de vos nouvel les. Les dernieres que nous avons des Ennemis, nous apprennent qu'ils font à Rottwil avec un Corps affez foible, furtout en Infanterie, & qu'ils attendent un renfort des Troupes de Brandebourg,

de Wirtemberg & autres. Je vous deman→ de un mot de réponse par le retour du porteur de cette Lettre, qui m'inftruira précisément du lieu où vous êtes, & de votre Route que j'ignore. Nous favons feulement que votre véritable Marche & vos Diverfions ont mis l'épouvante dans les Montagnes, que tous les Payfans qui étoient commandés pour y travailler aux Lignes, ou pour les garder, reviennent en foule. J'ai l'honneur, &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de TALLARD, à Huffingen, le 16 Mai 1704. à midi.

Je

e vous ai dépêché, Monfieur, la nuit derniere un Exprès à pied, lequel s'eft chargé d'aller jufqu'au Torner

Vous

porter un billet que je me fuis donné l'honneur de vous écrire, pour vous informer que nous vinmes camper hier ici;

il

y a apparence que les Ennemis, qui ne doivent pas être forts en Infanterie, n'oferont pas s'avancer du côté des Montagnes; fi cependant ils s'en avifoient, vous feriez fervi comme vous l'ordonnez; car S. A. E. eft déterminée à marcher droit fur eux en ce cas, & nous fom

[ocr errors]

mes en forces pour le faire, ainsi que vous me marquez le fouhaiter, par votre Lettre du 14 de ce mois au matin, du Camp de St. George près Fribourg, que je viens de recevoir tout préfentement, avec une de Mr. le Comte de Monafterol pour S. A. E. qui a envoyé dès aujourd'hui un Parti fur Fifcher pour tâcher de favoir de vos nouvelles, Monfieur, & y en enverra un demain matin, bien plus confidérable, fous les ordres de Mr. le Comte de Lannion, qu'Elle fuivra de près pour aller à votre rencontre.

MEMOIRE

Sur les affaires de la Haute- Allemagne., fait à Verfailles, le 18 Mai 17.04. La remife des Recrues de l'Armée de Mr. le Maréchal de Marfin étant heureufement faite, je crois que le Roi ne sauroit rien faire de plus utile pour fon fervice, ni de plus propre à avancer la paix. que de laiffer l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard fur le Haut-Rhin', pour y agir de concert avec Mr. l'Electeur de Baviere contre les Cercles de Franconie & de Suabe, qui forment préfentement la principale puiflance de l'Empereur en

Allemagne, & pour les obliger à quitter le parti de ce Prince, & à s'accommoder avec S. M. & fes Alliés.

Si cette affaire eft bien conduite, comme il ne faut pas douter qu'elle ne le foit, fuppofé que le Roi prenne le parti fusdit, je fuis perfuadé que l'on donnera pendant cette Campagne une grande atteinte à la Guerre d'Allemagne, & qu'on difpofera fort les efprits à la paix.

Pour bien faire, avant d'agir, il faudroit publier une espece de Manifefte, par lequel l'on déclareroit qu'on ne fonge à fai re aucunes conquêtes dans l'Empire, & qu'on n'a d'autres vues que d'y établir une bonne & folide paix;

[ocr errors]

Qu'on convie particuliérement les Cer-cles de Franconie & de Suabe, qui ont plus d'intérêt dans cette affaire qu'aucun autre Etat de l'Empire, parce que leur pays fert de Théatre à la Guerre, à mettre bas les armes & à s'accommoder; & que s'ils ne le font pas, on les ruineras entiérement.

,

[ocr errors]

Cette Déclaration faite par des puiffances qui font en état d'exécuter leurs menaces fera vraisemblablement l'effet qu'on fe propofe fur lesdits Cercles, qui paroiffent fatigués de longue main, du poids de la Guerre, & préfentement fort

mal difpofés pour l'Empereur; & il y a lieu d'efpérer qu'on les détachera du parti de ce Prince.

Si cette Déclaration ne produit pas l'effet que l'on doit raifonnablement en attendre, il faut leur faire durement la Guerre, & efpérer que la force opérera ce que la douceur & la voie d'infinuation n'auront pu produire.

Je fais bien qu'on dira qu'en faifant repaffer l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard dans la vallée du Rhin, le Roi pourra l'employer à prendre des Places très importantes, & particuliérement Fribourg, qui eft fi néceffaire pour l'établif fement de la Communication avec Mr. l'Electeur de Baviere, & que ce parti fera plus fage, plus folide, & vaudra mieux que celui de faire refter l'Armée fur le Haut-Necker.

Je répliquerai à cette objection, que, fuivant la conftitution & la qualité de la préfente Guerre, il ne s'agit pas de faire des conquêtes fur le Rhin, où à portée de ce fleuve, qu'auffi bien on ne gardeToit pas lorfqu'on feroit la paix; inais qu'il s'agit de procurer au plutôt le rétabliffement de la paix, & que pour y par venir, il faut attaquer vivement dans leur propre pays, les puiffances qui con

« PrécédentContinuer »