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tribuent le plus à foutenir la Guerre, & tâcher par tontes fortes de moyens de les réduire à la néceffité de demander la paix.

Si on conduifoit cette Guerre-cip ar les regles ordinaires, c'est à dire, en faifant des conquêtes, & des établiffemens de proche en proche, on la verroit durer long-tems: c'eft ce qu'il faut abfoJument éviter, parce qu'elle est trop à charge & trop ruineufe.

Heureusement le Roi a un Allié principal qui lui donne moyen de fortir de ces regles; il doit donc en profiter, & attaquer avec le plus de forces qu'il pour ra les principaux Ennemis, dans le cœur de leur Pays, afin de les mettre à la raifon, & de les obliger à quitter unPrince dont ils font le principal appui.

On dira encore que, fi le Roi fait demeurer Mr. le Maréchal de Tallard dans l'Empire, les Ennemis feront pendant ce tems-là, paffer une puiffante Armée en Alface, à laquelle le Corps d'Armée de Milord Marlborough, fuppofé qu'il en paffe un en Allemagne, pourra fe joindre, & feront enfemble le Siege de Landaw, ou ravageront l'Alface.

Je répondrai à cette objection, qu'il n'y a aucune apparence que les Ennemis

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quand ils verront le feu dans le cœur de l'Empire, au lieu de s'y porter pour l'éteindre, prennent le parti d'entrer en Alface pour y faire une Diverfion. Certainement fi la plus confidérable partie des forces de l'Empire étoit au milieu de la Champagne, je ne crois pas que le Roi fit paffer fes Armées en Allemagne pour y faire une Diverfion; il les feroit bien plutôt venir en Champagne, pour arrêter les progrès des Allemands, & pour tâcher de les chaffer de cette Province.

Que cependant fi contre toute raison, les Allemands prenoient le parti fusdit d'entrer avec une Armée confidérable en Alface, en ce cas Mr. le Maréchal de Tallard, repafferoit avec fon Armée dans cette Province, pour conjointement avec les Troupes qui y feroient déjà, empêcher les Ennemis d'y rien entreprendre.

Pour bien faire, il faudroit commencer par Mr. de Wirtemberg, & tâcher de l'obliger à s'accommoder; delà il ne feroit pas difficile de paffer à Mr. le Prince Louis de Bade, qui a la confervation de fon Pays fort à cœur.

Si on avoit retiré de ce parti ces deux Princes, qui jouent le principal rôle dans le Cercle de Suabe, il ne feroit peut-être pas difficile d'en retirer le dit Cercle; &

fon

fon exemple attireroit vraisemblablement le Cercle de Franconie.

Si le Roi prend le parti de laiffer Mr. le Maréchal de Tallard fur le Haut-Necker, àquoi le bruit qui court que Milord Marlborough fe difpofe à paffer inceffamment dans l'Empire, avec un Corps confidérable de Troupes, doit encore le convier pour fortifier davantage le parti de France dans ce Pays-là, il faudra qu'il renvoie un Corps de Troupes en Alface, pour foutenir & pour conferver cette Province.

Si Milord Marlborough marchoit feule. ment fur la Mofelle, les Troupes que Mr. le Maréchal de Villeroy y feroit paffer des Pays-Bas, pourroient l'arrêter & l'empê cher de faire de grands progrès le long de la dite Riviere, fur la navigation de laquelle les Ennemis cependant ne doivent pas faire un grand fond: car elle est ordinairement fort baffe pendant

l'été.

Si Milord Marlborough marchoit dans le Palatinat pour s'approcher de la BaffeAlface, & pour faire de ce côté-là une grande Diversion au Roi, les Troupes de Mr. le Maréchal de Villeroy pourroient fe porter jufqu'à Landaw, & étant jointes à celles d'Alface & à d'autres que le Maréchal de Tallard pourroit y envoyer,

s'il étoit néceffaire, elles feroient enfemble en état d'arrêter Milord Marlborough, & de rendre fes efforts & fa Diverfion inutiles.

Si Mr. le Maréchal de Tallard demeure fur le Haut-Necker, il faudra s'emparer de Willingen & de Rottwil, & du Château d'Horneberg, à la tête de la vallée de la Kinche. Par l'occupation de ce dernier Château, la Communication avec Offembourg ne fera pas établie ; mais peut-être que dans la fuite en occupant d'autres Poftes dans la dite Vallée comme Hazelach Hauzen &c. on trouvera le moyen de l'établir tant bien que mal.

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Tant que Fribourg fera aux Ennemis, il fera difficile d'établir la Communication par le Hollegraben, & par l'Abbaye de St. Pierre.

Quant à la fubfiftance pour l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard dans le pays de Wirtemberg, c'eft le pays le plus abondant & le plus fertile de l'Allema gne; ainfi il y a apparence que la dite Armée en pourra trouver fuffifam ment. Si elle marche en avant du côté de la Franconie, elle y en trouvera, ce pays n'étant pas moins abondant que le pays de Wirtemberg.

Enfin elle fubfiftera comme l'Armée de Mr. le Maréchal de Marfin a fait jufqu'à préfent; c'est à dire des Grains qu'elle a trouvés dans le Pays; Mr. le Maréchal de Tallard a fur cela toute l'industrie & tout le favoir-faire poffible; ainfi il faut n'en être point en peine & s'en repofer fur lui.

Pour ce qui eft des mouvemens & des opérations de Guerre, qui font à faire dans l'Empire, foit que Mr. le Maréchal de Tallard y refte, foit qu'il en forte, & encore mieux s'il y refte, je n'en ferai ici aucun détail particulier, me remettant fur cela à Mr. l'Electeur, & à Meffieurs les Maréchaux de Tallard & de Marfin, qui entendent mieux cette matiere que moi.

Je dirai feulement en général qu'il faut -attaquer vivement les Cercles de Franconie & de Suabe, en obfervant d'éloigner la Guerre du Lac de Conftance, & de la partie de la Sunbe, qui eft à la rive droite du Haut-Danube, parce que cela eft inutile n'y ayant ni progrès, ni profit à faire de ce côté-là, & parce que cela pourroit donner de la jaloufie aux Suiffes qui font fort délicats fur ce qui regarde

le dit Lac.

A propos des Suiffes, la réduction des Fanatiques du Languedoc, & le retour de

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